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LES RESCAPES

 

GENRE : Dressés pour tuer

REALISATEUR : Adrian Panek

ANNEE : 2018

PAYS : Pologne/Pays-Bas/Allemagne

BUDGET : ?

ACTEURS PRINCIPAUX : Nicolas Przygoda, Sonia Mietielica, Danuta Stenka…

 

RESUME : Au printemps 1945, 8 enfants, rescapés d'anciens camps Nazis trouvent refuge dans un manoir abandonné, au cœur de la forêt. Pour survivre ils doivent surmonter la faim et la soif et affronter les féroces bergers allemands échappés des camps démantelés.

 

MON HUMBLE AVIS

Avec son titre original Wilkolak qui signifie "loup-garou" en polonais et son affiche explicite, le spectateur un peu dilettante aurait pu penser visionner un film d’horreur de lycanthrope en pénétrant dans la salle de cinéma. Or, la traduction française Les Rescapés est bien plus proche de l’essence du film naviguant dans les eaux nauséabondes de la deuxième guerre mondiale, et en particulier des camps de la mort d’où s’échappent des enfants juifs orphelins. Dans la débandade de la fin des atrocités d’un camp Nazi libéré par les Russes, les gamins se planquent dans un vieux château à l’abandon. Sauf qu’ils ont été suivis par leurs gardiens à quatre pattes, des chiens les empêchant de sortir de leur nouvelle prison.

Adrian Panek construit un film étrange, hybride dans son déroulé embrassant à la fois le drame historique avec une entame dévoilant les exactions des Nazis avant la fuite, la chronique adolescente de personnages traumatisés et la série B horrifique grâce à la présence d’une meute de bergers allemands eux aussi déboussolés, sortes de cerbères aux dents acérés et à la bave apparente. Difficile pari de jongler avec la Shoah et l’horreur graphique, mais le réalisateur ne bascule jamais dans la nazispoitation gratuite, il donne de l’épaisseur à ses petits protagonistes au point de les insérer dans un univers de conte de fées. La nature et la forêt revêtent ainsi un caractère surnaturel au milieu de corps tailladés par des chiens affamés.

Si la recherche d’eau et de nourriture s’avère une quête difficile, la lutte contre ces bergers allemands dressés pour surveiller les prisonniers grâce à leurs uniformes - on pense évidemment à Dressé pour tuer (White Dog) de Samuel Fuller -, Les Rescapés se pare d’un manteau chamarré aux frontières du fantastique et du survival au milieu de ces agresseurs poilus les obligeant à rester enfermés, comme si leur malheur ne s’arrêtait jamais. Dans ce dédale de pièces, ils recréent un monde d’enfants entre mutisme traumatique et relations conflictuelles sous une atmosphère pesante tandis que la menaçante est à leur porte. Panek convoque les fantômes d’une horreur bien réelle et celle plus fantasmagorique d’un ennemi représenté par une animalité se confondant avec des décors et une photographie sublimes.

Le mélange des genres octroie au film un goût très bizarre, avec un ventre mou en son centre, comme si le scénario ne savait pas vers quel chemin se diriger, Sa Majesté des Mouches ou un B movie sanglant rappelant les saillies du film d’attaques animales. La situation crée des tensions entre les enfants capables de s’unir pour se défendre ou de se trahir par jalousie. Bref, Les Rescapés alterne les tonalités avec une certaine dextérité et la volonté de créer un malaise à l’écran tout en explorant la question de l’après, de celles et ceux qui ont été libérés des camps de la mort. La métaphore du film d’horreur afin d’expliciter l’infamie est à double tranchant et parfois lourde à porter. A mon sens, Les Rescapés s’étiole sur la longueur, ne sachant plus à quel saint se vouer, et n’a pas les épaules assez solides malgré sa bonne volonté.

 

3,5/6

 

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