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Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
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Vendredi 18 janvier 2020

Soirée perles rares Vampiriques

 

Cette soirée de veille du week-end aurait pu également être sous-titrée "les vies de Dracula", tant le tombeur de ces dames aux canines longues et acérées était à l’affiche de ce double programme. Dans le premier film, il est pourtant fort peu présent à l’écran et vite remplacé par sa fille dans Dracula’s daughter de Lambert Hillyer (1936). Il a, en revanche, le dentier ultra-bright dans le japonais Le lac de Dracula de Michio Yamamoto daté de 1971. Deux raretés qui valaient bien une soirée spéciale.

 

 

Dracula's daughter – Etats-Unis – 1936 - Lambert Hillyer

 

Pitch : Une jeune femme tente d'échapper, grâce à la psychanalyse, à l'emprise de son père défunt, le comte Dracula.

 

Avec cette suite directe du Dracula de Tod Browning de 1931, la Universal a pris cinq années afin de poursuivre l'aventure de l'horreur gothique à l'instar des succédanés de Frankenstein. En 1936, Lambert Hillyer (crédité de 167 films au compteur sur imdb !) reprend la barre en débutant le film sur les cadavres allongés dans un cercueil du célèbre Comte et de son fidèle assistant Renfield sous le regard de leur bourreau, le Professeur Van Helsing. Ce dernier est finalement arrêté par la police (deux inspecteurs pas très finauds qui entretiennent l'aspect comique du film) après avoir avoué son crime.

Le long-métrage ne prendra pas le chemin de la résurrection. C'est la fille de Dracula, la Comtesse Zaleska (Gloria Holden, La vie d'Emile Zola) qui récupère le corps du paternel pour le brûler dans la campagne nocturne et embrumée lors d'une belle séquence rituelle. En psychanalyse, on dirait qu'elle a tué le père pour s'émanciper. Dans les faits, la majestueuse Comtesse drapée dans sa cape noire de jais cherche à se débarrasser par tous les moyens de la malédiction chevillée à son râtelier, l'obligeant à accumuler de nombreuses conquêtes pour se nourrir. Elle choisit ainsi le psychiatre Jeffrey Garth (Otto Kruger, Quand le clairon sonnera) pour l'aider à redevenir une simple femme, débarrassée de ses dents rayant le parquet.

Aucune denture proéminente n'apparaît néanmoins à l'écran, seules les deux cicatrices des canines dans le cou des malheureux sont visibles, et les agressions sont toujours présentées hors champs. Comme si le vampirisme en tant que tel intéressait finalement peu le réalisateur, au point d'être rangé dans la catégorie des maladies mentales dignes d'être traitées par la médecine, notamment par le biais de l'hypnose. Même la fille de Dracula envoûte ses victimes en utilisant le magnétisme de sa bague éblouissante pour les capturer dans la toile de son désir sanguin. Le film navigue également dans une atmosphère très érotique entre la Comtesse et Janet (Marguerite Churchill, La piste des géants), la jolie assistante amoureuse de Garth. Le Doc n’est d’ailleurs pas insensible aux charmes de la belle Comtesse ténébreuse, accompagné du gimmick explicite sur son petit nœud, incapable de le nouer et nécessitant la participation de la gent féminine.

Dans cette ambiance gothique tournée en studio, Dracula's daughter reste classique dans son déroulé entre humour pince sans rire de la bonne société londonienne, le double-jeu des protagonistes, avec au centre une police dépassée par les événements. Le rapport aux femmes reste d’époque (vilipendées et considérées comme des faire-valoir) et le serviteur de la vampire, dénommé Sandor (Irvin Pichel, Destination Lune) fait le lien avec les assistants humains des goules et autres monstres. Sa voix caverneuse et son allure austère apportent le côté horrifique à ce petit film sympathique qui se détourne quelque peu de l'approche habituelle du vampirisme, le recours à la psychanalyse avec le personnage de la Comtesse tentant d’échapper au don d'immortalité fait par son père.

 

Le Lac de Dracula – Japon – 1971 – Michio Yamamoto

Pitch : Un médecin, qui enquête sur des meurtres dont on retrouve les victimes près d'un lac, a toutes les raisons de penser que le coupable est un vampire.

 

Le lac de Dracula fait partie d'un triptyque japonais sur le vampirisme fortement influencé par les succès au cinéma du suceur Transylvanien. Après The vampire doll (1970) et avant Evil of Dracula en 1974, Michio Yamamoto réalise ce Lac de Dracula (seul titre sorti en France) et met en lumière le célèbre vampire sous la houlette de la non moins connue firme Toho. A l'image des Sept vampires d’or, l'hybridation des mythes européens avec la culture nipponne se poursuit et notre ami Dracu prend les traits, et le faciès bien pâle, de Shin Kishida (Antartica) arrivé par camion comme une livraison Darty dans un cercueil tout blanc devant la maison d'un loueur de bateaux près du lac.

Bref, la cohérence avec qui vous savez s’avère folklorique et ce segment vaut surtout pour le travail sur la photographie, les éclairages et les ombres des visages ainsi que les paysages rouge sang en arrière-plan. Le film se pare pourtant d'une histoire liée à un traumatisme enfantin où Akiko (Midori Fujita) rencontre Dracula à l'âge de 5 ans en essayant de récupérer son petit chien Léo, attiré par la demeure perdue dans la forêt de l'homme aux longues dents. Devenue adulte, Akiko et sa sœur Natsuko (Sanae Emi) sont harcelées par le vampire revenu aspirer le sang du voisinage. Aidé par le Docteur Saeki (Chôei Takahashi), Akiko essaie de résister aux avances de la créature de la nuit et de comprendre l'origine de ses cauchemars récurrents.

Si le film possède une ambiance assez anachronique avec ce vampire d'un autre continent serti dans un Japon moderne aux prémisses de la société de consommation du début des années 70, Le lac de Dracula donne le change et ce malgré des dialogues très naïfs et des situations par moments un peu grotesques. L'attitude des personnages n'est pas toujours compréhensible, simplement mû pour soutenir un script quelque peu passe-partout et aligner les séquences incontournables d'errances en chemise de nuit dans la forêt ou de gros plans sur la gueule sanglante de Dracula qui a le don d’emberlificoter les jeunes filles avec ses yeux dorés et brillants.

Bon an mal an, Le lac de Dracula se laisse regarder même si son scénario ne révolutionne rien et s'avère même très appuyé pour nous mettre sous le nez des preuves que seul l’ensemble du casting ne semble pas distinguer, escorté de séquences à l'humour involontaire mais réel. La dernière bobine vaut pourtant d'avoir attendu avec un climax situé dans le manoir initial aux effluves hammeriennes. Un ultime affrontement à la chorégraphie toute relative permet l’introduction de quelques plans gore bienvenus avant la mort de Dracula d'une manière pas forcément originale mais terriblement longue et rigolote, nous renvoyant à la mémorable prestation de Dame Cotillard dans The dark knight rises.

 

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