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GENRE : Turkish delish

REALISATEUR : Cem Kaja

ANNEE : 2014

PAYS : Allemagne/Turquie

BUDGET : ?


Cem Kaja aura mis 12 ans pour réaliser son film (il a visionné plus de 1 500 films !) qui se construit autour de multiples interviews de réalisateurs, producteurs et d'acteurs ayant œuvré à cette époque. Dans les années 50 et 60, le cinéma turc était foisonnant, axé surtout sur les drames et les histoires d'amour. Parce que cette forme de cinéma commençait à péricliter, les producteurs ont eu l'idée de regarder ce qui se faisait ailleurs. Toute une série de remake, de rip-opp naîtront alors, notamment en provenance d'Hollywood pour engendrer un nouvel âge d'or où les films coulaient à flot. Des relectures faites avec peu de moyens mais avec détermination et débrouillardise.

Le documentaire montre comment, grâce à une loi turque ne protégeant pas les Copyright, les producteurs ont pu sans vergogne (mais avec aménité) refaire scène pour scène les plus succès du moment comme L'Exorciste, Rambo ou Star Wars. D'autres formes de cinéma ont éclos comme les parodies de super-héros (Superman porte son costume avec le symbole de Batman à la ceinture) ou des productions locales qui étaient le produit de l'agencement de plusieurs films, bénéficiant également des musiques les plus connus. A l'image de celle du Parrain ou d'Opération Dragon suivant le type de scènes à tourner, comme si elles avaient été libres de droit. Le documentaire est illustré par des extraits de films souvent très drôles aboutissant à des mélanges improbables de plusieurs genres et de scénarios. Sans moyen et avec seulement 3 scénaristes pour les centaines de films produits chaque année, les producteurs étaient dans l'obligation de recycler à l'infini les mêmes scènes, les mêmes dialogues (même les pellicules et les couleurs pouvaient être distinctes).

En remontant le temps, le documentaire s'attache à faire un bilan de ce cinéma. Son évolution fut entravée par les Gouvernements successifs. Censure et propagande furent le lot quotidien des acteurs de cet art populaire (le public était essentiellement rural) jusqu'à fermer et détruire d'anciens cinémas (il est amusant de voir la même situation conflictuelle qu'en France pour le cinéma pornographique). Aujourd'hui, le cinéma turc a été supplanté par la télévision qui, dans le même esprit, continue à produire des remake de séries occidentales du moment.

Au final, le documentaire est passionnant car il ressuscite une époque révolue de tout un pan de l'histoire du cinéma turc qui continue à vivre sous un format vidéo en Allemagne où la communauté turque devient le garant de cette mémoire.


Note : 4 / 6

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