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LA REGION SALVAGE

 

GENRE :

REALISATEUR : Amat Escalante

ANNEE : 2016

PAYS : Mexique/Danemark

BUDGET : ?

ACTEURS PRINCIPAUX : Ruth Ramos, Simone Buccio, Jesus Meza...

 

Pitch : Jeune mère au foyer, Alejandra élève ses deux garçons avec son mari Angel. Fabian, son frère, est infirmier dans un hôpital local. Leurs vies provinciales vont être bouleversées par l'arrivée de la mystérieuse Veronica...

 

Le cinéma du mexicain Amat Escalante est âpre et sans concession, à l'image de ces précédents films comme Los Bastardos ou Heli. Des œuvres où tournaient déjà l’obsession du sexe et de la mort. Des thématiques que l'on retrouve ici sous un angle inattendu et fantastique.

Le ton est donné dès la première avec une femme, Veronica, nue qui semble prendre du plaisir avec une créature dont on ne voit que l'appendice tentaculaire. Blessée au côté, la jeune femme s'enfuit tant bien que mal dans la campagne mexicaine en laissant derrière elle une cohorte de questions. Il faudra attendre un bon moment avant de revenir dans ce lieu étrange pour laisser le temps à Amat Escalante de dépeindre une société mexicaine entre frustration sexuelle et tabou homosexuel.

A l'instar d'un Carlos Reygadas, le réalisateur montre des personnages en quête de plaisir et de jouissance sans aucune pudeur et avec une crudité du quotidien, notamment dans les rapports sexuels mécaniques qui ne semblent satisfaire personne. Dans cet amas de frustration, on suit plusieurs personnages comme Alejandra qui est confrontée à l'adultère de son mari Angel avec son propre frère Fabian. Le drame passionnel entre tous les protagonistes devient le cœur de l'intrigue entre scandale et amours interdites.

Si le film est relativement contemplatif et lent par instants, il dégage une force irrépressible à l'image des personnages qui sont inexorablement attirés par cette maison perdue au milieu de rien, où une espèce de couple de hippies semblent protéger et donner en pâture, à la créature qu'ils ont recueillies, des hommes et des femmes dans un état d'esprit brumeux et en désir de sensation forte. Un peu finalement comme le ferait une secte. Veronica est ainsi celle qui pervertit les humains qu'elle rencontre en les envoyant abreuver en chair fraîche et en sexe le monstre inconnu.

La region salvage est à la fois un drame intimiste et social où les couples se déchirent pour la garde des enfants, les histoires d'amour implosent et les cadavres nus s'empilent dans les ruisseaux alentours. Parce qu'il n'y a pas d'amour sans mort, la rencontre avec la créature peut être fatale comme une signature avec le diable contre un orgasme impossible. Dérangeant dans ses images en pénétrant au cœur de l'intimité des personnages, le film s'avère fascinant quand il se love dans le récit fantastique et horrifique entre Eros et Thanatos.

Grâce à une mise en scène toute en retenue et jouissive, Amat Escalante amène le spectateur vers les contrées de l'interdit sublime notamment avec les séquences de sexe entre les humains et la créature, toute droite sortie d'un bestiaire de Cthulhu, qui les pénètre avec ses tentacules phalliques. Des images magnifiques qui nous rappellent le hentaï Urotsukidoji et le Possession de Zulawski et impriment l'image d'un lyrisme démoniaque.

Il faudra certes s'habituer au rythme un peu du film, lardé de violents coups de sexe frontal et d'imageries horrifiques, mais le jeu en vaut la chandelle tant La region salvaje réussit à nous embarquer dans son imaginaire à la fois outrancier et pervers, comme une caisse de résonance de nos désirs les plus enfouis.

 

4/6

 

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