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6e jour à l'Etrange festival

Jeudi 14 septembre 2023

 

Journée spéciale Bert I. Gordon avec deux de ses œuvres parmi les plus connues. La Révolte des Poupées daté de 1958 et Le Village des Géants (1965). Où comment celui qu’on surnommait Mr B.I.G (a priori uniquement pour la taille de ses personnages) réduisait ses personnages avant de leur donner une taille démesurée à l’écran.

 

 

LA REVOLTE DES POUPEES - USA – 1958 – Bert I. Gordon

Hommage à Bert I. Gordon

 

Pitch : Sally Reynolds est embauchée comme secrétaire par le débonnaire M. Franz, un ancien marionnettiste désormais propriétaire de La Compagnie des poupées. Mais après la disparition de Bob dont elle était tombée amoureuse, elle ne tarde pas à soupçonner le gentil M. Franz de l’avoir miniaturisé et transformé en poupée...

 

Commençons l’après-midi avec La Révolte des Poupées dans lequel le propriétaire d’une fabrique de marionnettes, un certain Franz (John Hoyt, Le Choc des Mondes) transforme les humains en poupées grâce à une machine, forcément révolutionnaire, et les insère dans des tubes transparents afin de les conserver à tout jamais. Une sorte de savant fou à la James Bond dont le but ne serait pas de dominer le monde mais bien de se reconstituer une petite famille, le bougre se sentant définitivement trop seul. De fait, son ancienne secrétaire et le facteur disparaissent afin de rejoindre ses nouveaux « jouets ».

La Révolte des Poupées, ou son titre original (Attack of the Puppet People), reflète mal la réalité d’un scénario limité faisant des humains des êtres inanimés exposés à l’instar des autres confections plus traditionnelles à destination des petites filles. L’intrigue se construit autour de l’arrivée de la nouvelle secrétaire Sally Reynolds (June Kenney, The Spider) au service de M. Franz qui s’amourache progressivement d’un client de ce dernier Bob Westley (John Agar, Le Peuple de l’Enfer). Sauf que ce brave Bob disparaît et rejoint les rangs de la ménagerie de Franz. Sa fiancée a quelques soupçons et se rapproche de la police et du Sergent Paterson (Jack Kosslyn, Magnun Force) forcément un peu dubitatif au départ.

Avec de ce pitch typique de série B, Gordon s’intéresse finalement peu à ses personnages mais plutôt aux conséquences de la fuite de ses « créatures » dans un monde désormais trop grand pour elles. Il puise très largement son inspiration dans Les Poupées du Diable de Tod Browning en 1936 et dans L'Homme qui Rétrécit de Jack Arnold daté de 1957. Un mélange de ces deux œuvres lui permettant de mettre en lumière ses effets spéciaux dont il a le secret en jouant sur les distances afin de miniaturiser dans un premier temps les êtres humains (même si on voit bien que ce sont des photographies découpées dans les tubes à essais) et de les confronter dans la deuxième partie aux obstacles de la ville, des voitures en passant par toute la faune locale, rats, chats et chiens.

La Révolte des Poupées est véritablement un agrégat d’idées déjà explorées, et dans ce même esprit de recyclage, Gordon n’hésite pas à montrer des extraits de son propre film The Amazing Colossal Man pour une séquence dans un Drive-in. Même si on ne s’attardera pas trop sur les motivations de ces mutations forcées, hormis la solitude de son instigateur, Attack of the Puppet People vaut surtout pour les séquences magnifiques des humains à l’état de confettis évoluant au milieu d’un univers trop grands pour eux. Et de s’émerveiller devant les meubles et les objets en grand format parfaitement rendus à l’écran grâce au savoir-faire de Gordon, à l’image du téléphone ou des tasses à café pour prendre un bain, avec le charme de son génie à défaut d’un budget conséquent pour les réaliser.

 

4/6

 

 

LE VILLAGE DES GEANTS - USA – 1965 – Bert I. Gordon

Hommage à Bert I. Gordon

 

Pitch : Des voyous sans envergure volent la potion d’un petit génie qui a trouvé comment agrandir les êtres. Devenus géants, ils vont terroriser la population.

 

Changement de registre avec Le Village des Géants, votre serviteur réalise un énorme saut tant sur le plan visuel (les humains sont désormais de la hauteur des immeubles) que sur le récit en lui-même gangrené par une litanie de chansons et un rythme très aléatoire. Mais Gordon revient ici à ses amours du gigantisme avec cette bluette ancrée dans le teen-movie (un peu neuneu il faut bien l’avouer) et un fantastique plongé dans la comédie débridée et psychédélique avec la création d’une substance chimique, une sorte de blob, une gomme colorée ressemblant à un chewing-gum, permettant de grandir de façon démesurée en l’ingérant, le tout dans une atmosphère décalée nous renvoyant au Docteur Jerry et Mister Love avec Jerry Lewis.

Sur ce canevas très simple, Bert I. Gordon bourre son film de séquences chantées par un véritable groupe de musique ou des crooners à bananes locaux adossés à des mélodies sirupeuses et des paroles amoureuses sur les filles. Des espèces de scopitones promotionnels au milieu de jeunes en train de se danser vigoureusement en forme de remplissage, localisé dans un scénario bien trop lâche pour apporter de réels enjeux. Gordon s’en moque et convoque des gags à destination d’un public très jeune, des oies géantes se déhanchent sur la musique dans une discothèque, bien aidée par des fils pas si invisibles (en revanche visiblement tout le monde s’en fout comme s’ils étaient complètement shootés). Même la scène avec une araignée énorme ne fait pas vraiment peur, l’épouvante est bien loin au final.

C’est surtout quand une bande de loulous bien relous tentent de voler la formule de la substance et l’ingèrent comme des cons, que le film bascule dans l’irrationnel le plus total. Désormais hauts comme des immeubles, les djeuns se la jouent tyran de pacotille obligeant les habitants de la ville à se soumettre et leur porter des tonnes de poulet et du coca. C’est carrément n’importe quoi mais Gordon redonne un coup de fouet à l’action en fomentant une révolte dans la dernière partie où nos villageois parodient David contre Goliath avec des stratagèmes de collégiens et en utilisant des lassos à l’instar d’un bon vieux western afin de faire tomber un géant en l’enroulant de cordage. Georges Lucas s’en serait-il souvenu pour L’Empire Contre-Attaque ? Pas méchantes pour un sou, ces séquences sont visuellement plutôt réussies avec toujours cet humour décalé et une violence édulcorée. Comme souvent chez Bert I. Gordon, les conclusions de ses films sont assez bâclées avec l’arrivée du petit génie (un Ron Howard tout minot) sur son vélo pour pulvériser l’antidote. A noter la présence de Beau Bridges (Susie et Les Bakers Boys) en leader de la troupe de fêtards rebelles et de Tim Rooney, le fils du célèbre Mickey Rooney. Au final, on reste sur sa faim avec ce teen-movie inoffensif et musical dont le seul enjeu des personnages géants est vite mis en pièces par une comédie trop appuyée à mon sens.

 

2,5/6

 

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