Ma pin-up du mois

L'as de pique
L'as de pique
PIFFF 2023
PIFFF 2023
Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque

Ma Blogothèque cinéphilique

Suivre le site
Suivre le site

4e jour à l'Etrange Festival

Lundi 11 septembre 2023

 

Comme le lundi tout est permis, direction les rivages excentriques de l’exploitation du phénomène Bruce Lee avec l’incunable La Résurrection du Dragon (HK, 1977) de Chi Lo (avec Bruce Le), et les plages belgo-françaises tout aussi azimutées mais excellentes de Vincent Doit Mourir de Stéphan Castang (mais sans Bruce Lee ou Le).

 

LA RESURRECTION DU DRAGON – HK – 1977 – Chi LO

Séance présentée par David Gregory dans le cadre de Bruce Le : dans l'ombre de Bruce

 

Pitch : La résurrection du Dragon nous invite à suivre la merveilleuse histoire de ce qui se passe après sa mort, lorsqu'il arrive aux enfers, parce qu'il l'a sans doute mérité. Bruce Leung (dont la ressemblance avec Bruce Lee est on ne peut plus lointaine) incarne le petit Dragon qui se réveille au purgatoire.

 

Quelle bonne idée de faire un focus sur la Bruceploitation afin de capitaliser sur l’aura du petit dragon après sa mort. Le réalisateur David Grégory (The Theatre Bizarre) et co-fondateur des éditions Severin est parti sur les terres de cette surexploitation à la fois drôle et un peu triste d’une icône du kung-fu avec son documentaire Enter The Clones of Bruce sur les ersatz de Bruce Lee, soit Dragon Lee, Bruce Li ou Bruce Liang. Pour le coup, c’est un certain Bruce Leung qu’on retrouve en vedette de l’improbable La Résurrection du Dragon dont le générique d’ouverture, à lui seul, est déjà un morceau d’anthologie.

Bruce y affronte tous ses futurs adversaires du film, soit James Bond, Dracula, Zatoichi, le Parrain ou encore une copie de Clint Eastwood dans Le Bon, La Brute et Le Truand avec l’utilisation frauduleuse des musiques bien connues accompagnant ces chefs-d’œuvre. Finalement rien ne se perd dans l’exploitation, tout se transforme même si on se fout de plagier ouvertement et éhontément les mythes du cinéma. D’autant plus que les sosies sont à l’avenant et ne ressemblent pas pour un sou à leur modèle. Si vous y ajoutez une version française également aléatoire avec des doubleurs prenant des accents ratés (James Bond a le malheur de zozoter), vous possédez entre les mains un digne représentant du portnawak cinématographique pour notre plus grand plaisir.

L’entame est vraiment hilarante, en particulier le réveil du soi-disant Bruce Lee après sa mort dans une sorte de purgatoire de carton-pâte sous les yeux du Roi des Enfers. Bruce va alors tout faire pour retourner sur Terre au grand dam de la kyrielle de méchants qui domine la cité et souhaite détrôner le Roi. Bref, le scénario du film a indubitablement peu d’importance et vaut essentiellement pour les confrontations entre Bruce et les méchants bien décidés à s’en débarrasser par exemple en lui envoyant la célèbre Emmanuelle pour le séduire et lancer une partie de jambes en l’air. Éclats de rire et situations absurdes imprègnent la pellicule de cet improbable succédané.

Si on rit beaucoup à cet enchaînement de faux raccords et de n’importe quoi généralisé, La Résurrection du Dragon manque un peu de rythme, entre des dialogues complètement ineptes et de la nudité gratuite venant ainsi s’insérer entre les scènes de combat où notre ami Bruce tatane tous ses ennemis, le plus souvent accompagnés de sbires habillés avec des costumes de squelettes juste là pour prendre des bourre-pif. Dans ce genre de productions, personne ne semble s’offusquer de l’arrivée du comte Dracula ou du prêtre de L’Exorciste (voire d’un irrésistible Popeye), même pas le spectateur subjugué par ce spectacle à l’humour bas de plafond mais communicateur dans un délire assumé et jouissif.

 

4/6

 

 

VINCENT DOIT MOURIR – Belgique/France – 2023 - Stéphan Castang

En présence de l’équipe du film

 

Pitch : Du jour au lendemain, Vincent, graphiste, se met à subir des agressions répétées et inexpliquées. Qu’il s’agisse de ses collègues ou du moindre passant qu’il croise, un seul regard échangé avec lui suffit à déclencher chez les autres une fureur meurtrière.

 

Avec ce premier long-métrage, Stéphan Castang s’offre une véritable étiquette de révélation tant au niveau de l’écriture que dans sa façon d’aboutir à une situation anxiogène avec un point de départ plutôt comique. En l’occurrence, Vincent (Karim Leklou, Bac Nord) est d’abord agressé subitement et sans raison à son travail par un stagiaire. Progressivement, toutes les personnes qui croisent son regard pètent littéralement les plombs et cherchent à le tuer. Comme signalé par le réalisateur en introduction de la séance, les références au cinéma de Carpenter ou celui de Romero ne sont pas usurpées, en particulier pour The Crazies avec ce début de film où la population autour de Vincent semble de plus en plus violente sans logique apparente.

La force du récit et de la mise en scène est de crédibiliser ce postulat de départ avec des ruptures tonales surprenantes (même les enfants sont virulents) passant de la gentille plaisanterie à l’épouvante avec une facilité déconcertante mais toujours équilibré au milieu d’un script à la fois pêchu et solide, se déployant pleinement avec l’entrée en scène de nouveaux personnages à l’instar de Margaux (Vimala Pons, Les Garçons Sauvages) et d’un homme prétendant subir les mêmes avanies que Vincent (les discussions par messagerie et le site internet renvoient à la question du complotisme) redynamisant ainsi l’histoire dans une deuxième partie encore plus horrifique proche d’un post-apo. D’ailleurs, Vincent Doit Mourir contient un grand nombre de références à des genres différents et cette hybridation (la comédie et l’épouvante) donne au métrage une saveur particulière mais au combien magique.

Porté par un duo d’acteurs en symbiose (Karim Leklou inspire autant la loufoquerie que la peur) et un scénario bien charpenté, Vincent Doit Mourir réussit haut la main son pari fou de fantastique dans l’univers stéréotypé de l’entreprise et des rapports humains complexes en se servant à dessein de l’actualité tragique de ces derniers mois et du sentiment d’insécurité afin de dépeindre un hexagone au bord du gouffre. Si le film est à mourir de rire dans la première partie (l’entrevue au commissariat), il bascule dans la brutalité et le sang avec une facilité déconcertante et prouve qu’avec du talent (et pas forcément des moyens financiers extraordinaires) le cinéma français peut tenir tête à n’importe qui. Le coup de cœur du festival.

 

5/6

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0