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Dernier jour, palmarès et bilan de l'Etrange festival 2022

Dernier jour à l’Etrange et grand écart à la JCVD entre les deux projections. La journée avait commencé avec l’actionner gorasse et véner Project Wolf Hunting (2022) de Hong-sun Kim, pour s’achever sur un incunable, le film musical restauré La Symphonie des Brigands de Friedrich Feher, daté de 1936. J’ai encore mal à mes adducteurs !

 

PROJECT WOLF HUNTING – Corée-du-Sud – 2022 - Hong-sun Kim

En compétition

 

Pitch : Suite à une tentative d’évasion, un cargo transportant de dangereux criminels de Manille à Busan sombre dans le chaos. La traversée tourne au cauchemar.

 

Annoncé en présentation comme un film ultra-sanglant, Project Wolf Hunting ne mégotte pas sur les litres de sang. Dans une interview, le réalisateur évoque 2,5 tonnes de liquide rouge déversé sur le plateau ! Difficile à croire mais pas tant au final quand on mate ce long-métrage complètement barré où un groupe de criminels convoyé des Philippines vers la Corée-du-Sud se libèrent de leurs chaînes grâce à des complices. Si le film débute ainsi comme un actionner rempli de gunfights et de combats au corps-à-corps ou à l’arme blanche, il vire dans sa deuxième moitié en une série B de SF ultra gore et véner. Corée power !

Les adeptes de la subtilité auront donc déjà passé l’arme à gauche au bout de quelques minutes tant une bestialité sans limite et rouge sang irise l’écran. Une violence à la fois verbale (le rapport entre les flics et les voyous) que physique (rapport inversé une fois les criminels libérés mais tout aussi méchant). Le cargo se transforme alors en huis-clos bourrin dans lequel des bandits de la pire espèce mené par un tatoué dérangé (Seo In-guk, forcément star de la K-pop) tentent de reprendre les commandes, chose qui se pratique par les armes à disposition avec une brutalité toute asiatique, c’est-à-dire sans concession, frontale et gore. Si Project Wolf Hunting revêt les oripeaux du polar hard-boiled dans sa première moitié, il vire littéralement de bord par la suite.

En effet, le bateau renferme également un monstre créé pendant la seconde guerre mondiale. Un soldat ramené à la vie et recousu comme la créature de Frankenstein, doté des pouvoirs physiques d’un Terminator doublé de ceux de Predator. Bref, une sorte de magnifique immortel aux yeux cousus et aux frappes impressionnantes dont le seul objectif est de détruire tout ce qui l’entoure. A ce moment-là, le film bascule encore plus dans une orgie de gore décomplexé, de coups hyper-puissants, de membres arrachés, ou de têtes explosées à coups de pieds accompagnés de gerbe de sang recouvrant l’ensemble du casting et des décors. Certes, la finesse a foutu le camp (au final on sait pourquoi on est là), mais la rage des personnages et des SFX ultra-réalistes font de ce Project Wolf Hunting une sorte de mash-up réussi de différents genres sans se soucier de la bienséance avec le seul souci de distraire. Pas finaud mais efficace.

 

4,5/6

 

 

LA SYMPHONIE DES BRIGANDS – UK – 1936 - Friedrich Feher

Retour de flamme

 

Pitch : Dans une petite ville d'Europe centrale, des brigands ont caché leur butin dans l'orgue de Barbarie d’un modeste trio de chanteurs ambulants, à leur insu. Soupçonné, le petit garçon de la troupe s’enfuit à dos d’âne avec l’orgue. Le chef des voleurs, « le diable noir », se lance à sa poursuite à travers les Alpes.

 

Changement d’époque et de registre avec La Symphonie des Brigands, film musical composé, scénarisé et mis en scène par Friedrich Feher. De nationalité autrichienne, Feher est un homme aux multiples talents, acteur dans Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene, il dirige un théâtre à Vienne et met en scène des films à l’instar de la séance du jour dont le tournage s’étala sur quatre mois dans plusieurs pays (Autriche, Yougoslavie, Angleterre) avec même une escale sur le Mont-Blanc. La séance fut présentée par Serge Bromberg par vidéo interposée où il nous conta l’histoire tragique de son auteur, les difficultés inhérentes au film (les acteurs ne savaient pas trop ce qu’ils tournaient) et son échec à sa sortie, dans une copie restaurée par Lobster Fims et tirée d’un négatif russe.

Si le film débute comme une gentille comédie musicale avec quelques chansons et un orchestre nanti de cent musiciens en costume, chapeau melon et petite moustache, il se drape d’une poésie bien plus innocente autour de la disparition des Louis d’or d’une cartomancienne, d’une troupe de chanteurs ambulants soupçonnés du larcin et d’un voleur baptisé « le diable noir » qui martyrise le coin dont la tête est mise à prix. Une intrigue finalement très fine prétexte à des numéros de cirques, de séquences musicales et d’un humour qui viendrait embrasser l’univers burlesque des Marx Brothers au milieu d’une atmosphère surréaliste. A l’image des gendarmes chargés de rechercher dans la forêt des pianos (lieu supposé de cachette du magot disparu), ou encore les voleurs vivant dans une carriole qui ressemble à un gros tonneau. Porté par la performance du petit Giannino (excellent Hans Feher, fils du réalisateur) avec sa sarbacane et son espièglerie, il est le héros d’un film fou (le montage initial faisait 2h20 réduit ici à 1h30) à la légèreté communicative.

Tournée dans deux versions, anglaises et françaises avec des acteurs parfois différents, La Symphonie des Brigands est un spectacle à la fois solaire, inventif dans ses gags (la meilleure séquence est sans doute celle d’une danse où les participants semblent électrisés et incontrôlables) mais également poétique face à la beauté des Alpes tyroliennes dans une ambiance de music-hall un peu foutraque dont la naïveté joviale fait tellement de bien. Le film avait disparu du paysage, les copies existantes n’étant plus exploitables. Restauré récemment, ce projet un peu dingue méritait bien une vision à l’Etrange festival en guise de clôture personnelle.

 

4/6

 

 

Palmarès de l’Etrange festival 2022

 

Grand Prix Canal + nouveau genre : SICK OF MYSELF De Kristoffer Borgli

Prix du public : La Fuite du Capitaine Volkonogov de Natalia Merkulova et Alekseï Chupov

Compétition internationale court-métrage Grand Prix Canal + : Airhostess-737 de Thanasis Neofotistos

Prix du public : Plan-plan Cul-cul d'Alexandre Vignaud

 

Bilan personnel de l'Etrange Festival 2022 :

 

La 28e édition de l’Etrange festival se termine donc (sans la séance de clôture) avec un goût mitigé en bouche. Alors que les restrictions sanitaires avaient pris un peu de recul, l’ambiance paraissait plus lourde et moins guillerette que les années précédentes, avec selon moi, moins de spectateurs dans les salles. La faute à une programmation moins aboutie par rapport à d’autres éditions. On peut imaginer que les deux années de pandémie n’ont pas arrangé l’état du cinéma mondial et la recherche de nouveautés pas si faciles à dénicher, surtout au regard de la concurrence de festivals comme Toronto ou Venise.

De fait, le programme des longs-métrages de la section Nouveau genre n’était pas de très haut niveau (Sick of Myself mérite son prix à bien des égards) avec trop de longs-métrages coréens à gros budget rivalisant difficilement avec des œuvres plus modestes. Bref, les aléas pour monter un festival sont sans aucun doute incommensurables et on peut comprendre des choix surprenants. Espérons tout de même que dans les années à venir, les films fantastiques reprennent leur place à l’Etrange festival. En réalité, les meilleures surprises se retrouvaient dans les sections adjacentes, des Petites de l’Etrange à la dizaine de rétrospectives et de cartes blanches.

 

A l'année prochaine pour une 28e édition !

 

Roggy.

 

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