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8e jour à l'Etrange festival

Veille de clôture de l’Etrange festival avec un samedi pas placé sous les auspices de la gaudriole avec le polar américain teinté de paranormal Enquête dans l’Impossible (1974) de Frank Perry, et le dernier film en date de Guillaume Nicloux, La Tour pour un huis-clos étouffant et horrifique.

 

 

ENQUÊTE DANS L’IMPOSSIBLE - USA – 1974 – Frank Perry

Pépites de l’étrange

 

Pitch Chargé d’enquêter sur le cas d’une jeune fille retrouvée morte dans sa voiture, le shérif Lee Tucker reçoit un appel de Franklin Willis, qui se dit medium et propose ses services à la police.

 

Man on a Swing (en vo) et retranscrit maladroitement par Enquête dans l’Impossible en France s’inspire du livre The Girl on the Volkswagen Floor (1971) du journaliste William Arthur Clark. Une affaire jamais résolue sur le meurtre d’une jeune femme dont la particularité est d’avoir été menée conjointement par la police et un médium auto-proclamé. Sur cette base de prospection policière encore assez iconoclaste, Franck Perry construit un récit touffu à la fois drôle par instant liés au quotidien des flics et plus sombre lorsque le clairvoyant semble pénétrer virtuellement dans l’esprit du tueur.

A la baguette, on retrouve un certain Frank Perry que les cinéphiles connaissent surtout pour son excellent et troublant The Swimmer en 1968 avec un Burt Lancaster traversant les propriétés de piscine en piscine pour rentrer chez lui. Enquête dans l’Impossible est ainsi un grand film d’enquête policière à l’instar d’autres métrages qui suivront sur les tueurs en série. L’originalité vient ici de l’association entre le chef de la police Lee Tucker (remarquable Cliff Robertson, Les Trois Jours du Condor) futur papa tourmenté par son boulot et un petit homme maigre et insignifiant Franklin Willis (Joel Grey, Remo sans Arme et Dangereux) qui se présente à lui comme un allié, prétendant avoir eu des visions du tueur et de la scène de crime.

L’interrogatoire classique des proches et des amis se double ici de séquences où Franklin rentre dans des sortes de transe, se contorsionne, bave, monte sur les tables comme si il rejouait la scène de meurtre. Aux frontières de la folie, il paraît habité et divulgue des informations que seules les autorités peuvent connaître, au point que Tucker mène une double enquête grâce à l’aide un professeur et de psychiatres spécialistes en parapsychologie avec l’objectif de comprendre si Franklin Willis est un charlatan ou non. La confrontation entre les deux hommes est intense, le rationaliste confronté à un personnage étrange, au sourire sardonique et capable de sautes d’humeur effrayantes, notamment face à la femme de Tucker. Lors des séquences de visions, il se tord sur place, son faciès se déforme et son comportement finit par susciter des soupçons.

Calé sur une mise en scène solide, Man on a Swing se pare d’une double énigme et se transforme en une étude de la personnalité de Willis (Joel Grey est assez hallucinant dans son interprétation), sorte de petit lutin au regard enfantin pouvant engendrer une forme de terreur. D’autant plus que Tucker commence à être harcelé chez lui ou au téléphone par un inconnu qu’il prend pour son allié de circonstance. Quand la police semble avancer, le médium les aiguille sur une autre piste avant une dernière bobine où une nouvelle agression débouche sur une arrestation, peut-être en lien avec Franklin Willis. Le réalisateur de Dernier Eté conclut sans révéler l’identité du tueur, et laisse le spectateur se faire son opinion, car cette affaire reste un Cold case encore à ce jour.

 

4/6

 

 

LA TOUR - France – 2022 – Guillaume Nicloux

En mondovision et en présence de l’équipe du film

 

Pitch : Un matin, les habitants d’une tour de cité isolée découvrent qu’un voile noir s’est installé, bouchant fenêtres et entrées. Ceux qui tentent de passer au travers n’en sortent pas vivants.

 

On connaissait Guillaume Nicloux pour des films comme Le Poulpe, Valley of Love ou encore Thalasso avec Depardieu et Houellebecq mais pas encore dans le genre du fantastique et de l’horreur. L’auteur de La Religieuse s’y essaie donc avec un pitch relativement simple, les résidents d’une tour bloquée à l’intérieur pour un huis-clos étouffant et sans issue. L’élément surnaturel est représenté par cette sorte de brouillard noir de jais qui les entoure faisant disparaître toute vie au dehors. Pire, les malheureux qui s’y aventurent sont littéralement absorbés à tout jamais par cette purée de pois.

Ce point de départ fait ainsi beaucoup penser au roman de J.G. Ballard I.G.H, dans une version encore plus claustrophobe dans cette tour de banlieue un peu vétuste dans laquelle les habitants, comprenant rapidement la situation à l’instar du spectateur, s’unissent par communauté, soit les blancs et les noirs afin de rassembler les ressources et la nourriture. Si leur quotidien ne semblait pas forcément exécrable, l’enfermement fait ressortir les inimitiés et les conflits larvés. Une galerie de personnages pas complétement stéréotypés sans star au casting hormis le rappeur Hatik découvert dans la série Validé et les deux révélations du film Angèle Mac et Lina-Camélia Lumbroso.

Porté par une musique entêtante proche d’un SF movie, La Tour s’inscrit dans un univers de post-apo horrifique où, après quelques années, on pratique la prostitution pour quelques victuailles ou de la drogue, le cannibalisme et l’élevage d’animaux de compagnie pour la viande. Bref, un monde pas rigolo où la misère humaine côtoie une déchéance inéluctable. Si le film de Guillaume Nicloux est parsemé de bonnes intentions et d’un climat d’oppression permanent, il souffre de jeux d’acteur aléatoire et d’une répétition dans la structure narrative forcément lié à la condition de cette prison à ciel fermé. Dans ses meilleurs moments, le long-métrage nous renvoie à The Divide de Xavier Gens, voire à Citadel de Ciarán Foy avec cette lutte permanente entre les individus pour essayer de survivre.

Psychologiquement éprouvant, La Tour s’offre également quelques saillies sanglantes qu’on n’a pas forcément l’habitude de voir dans le cinéma français avec une tête explosée et des bastons entre communautés. Dommage que l’ensemble manque d’une forme de crédibilité, même si le point de départ fantastique n’est jamais expliqué et n’est pas un problème en soi. On se demande comment ils arrivent à respirer, à trouver de l’eau et à survivre à plus de 150 personnes avec seulement des nourrissons, des chats et des chiens en guise de barbecue. On saluera pourtant cette tentative d’un réalisateur établi dans le paysage du cinéma « traditionnel » hexagonal, malgré ses défauts et des difficultés à étendre un sujet digne de La Quatrième Dimension sur la durée d’un long-métrage.

 

4/6

 

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