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PIFFF 2023
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Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
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2e jour au PIFFF 2023

Deuxième journée prolifique dans les travées du Max Linder avec 4 longs-métrages, le sectaire The Sacrifice Game (2023) de l’Américaine Jennifer Wexler, le conte post-mortem Halfway Home (2023) du Hongrois Isti Madarász provenance des US, l’explosif L’Enfer des Armes (1980) du Hong-Kongais Tsui Hark, et le viscéral Stopmotion (2023) du Britannique Robert Morgan. Il y en avait vraiment pour tous les goûts.

 

 

THE SACRIFICE GAME – USA – 2023 - Jennifer Wexler

En compétition

 

Pitch : Au début des années 1970, pendant les vacances de Noël, des émules de Charles Manson s’invitent dans un pensionnat de jeunes filles, avec la ferme intention de sacrifier des élèves innocentes à leur démon de prédilection. Tout ne va pas se dérouler aussi facilement.

 

Petit retour dans les seventies pour entamer la journée avec le parcours sanglant d’un groupe de tueurs à la recherche d’hommes et de femmes possédant un tatouage ésotérique sur le corps afin de suivre les préceptes d’un livre satanique. Ambiance « Manson family » pour cette virée menant à un pensionnat vidé de la plupart de ses jeunes filles pendant les vacances de noël pour un huis-clos forcément démoniaque dans une atmosphère de secte satanique à pattes d’eph.

Avec The Sacrifice Game, la réalisatrice (et ici co-scénariste) convoque les tueries de masse dans cette folle équipée où les assassins ont le couteau facile et le rire sardonique en étendard. Laissées seules dans l’école pendant les fêtes, une professeure Rose (Chloë Levine) et deux élèves Samantha (Madison Baines) et Clara (Georgia Acken) ont préparé le repas pour festoyer, mais il est gâché par l’arrivée inopinée de ces quatre tueurs de l’Apocalypse exécutant et torturant leurs hôtes avec un plaisir sadique. Ils sont en fait là pour achever leur odyssée sanguinolente en réveillant un démon ancestral présent dans les murs de l’édifice afin d’obtenir une puissance incommensurable. Evidemment, l’affaire n’est pas dans le sac du Père-Noël et leur plan ne se passe pas comme prévu, le démon n’étant pas forcément celui auquel on pense.

Jennifer Wexler (le surprenant The Ranger) et son équipe apportent un soin tout particulier à la reconstitution des années 70, même si on sent bien le budget limité, et un casting qui s’en donne à cœur joie (limite un poil cabotin) en particulier Mena Massoud dans son rôle de psychopathe en marcel blanc. Tout est plutôt bien amené à l’évidence, peut-être un peu trop en réalité car le film ne décolle jamais vraiment de sa piste d’envol et les quelques indices disséminés dans la première partie sur le personnage de Clara sont de nature à dévoiler une dernière partie en tout point surnaturelle, où les véritables visages se dévoilent à la face du spectateur déjà adepte de ces retournements de situation. Loin d’être déshonorant mais pas si mémorable.

 

3/6

 

 

HALFWAY HOME – Hongrie – 2022 – Isti Madarász

En compétition

 

Pitch : Krisztián, jeune loser indolent, se dégote un boulot dans une morgue. Une tâche incongrue l’attend : aider les âmes en transit à régler leurs affaires sur Terre avant le grand départ. À peine le temps de s’y plier que sa quasi petite amie, Ági, rejoint la cohorte des décédés.

 

Présenté en ouverture du film comme un mélange de Tim Burton et Jean-Pierre Jeunet, Halfway Home s’inscrit dans la nouvelle mouvance du cinéma fantastique hongrois à la fois influencé par ses origines de l’Europe de l’Est pour la description en filigrane d’une société corsetée et bureaucratique et d’un merveilleux qui puiserait ses sources dans les contes anciens. Halfway Home est une véritable histoire d’amour contrarié dans un monde un peu trop fantasmé où tous les personnages évoluent dans une fiction permanente (Barbie rules), un peu niais quoi.

Il faut dire que Isti Madarász (Loop) est assez à l’aise avec sa caméra notamment dans la séquence initiale située dans un hôpital sous les bombardements dans lequel nos deux héros se rencontrent sans se le savoir dans leur berceau. Une vingtaine d’années plus tard, Krisztián (Péter Bárnai) et Ági (Vivien Rujder) se retrouvent comme par magie et entament une histoire d’amour contrecarrée par le décès de cette dernière. Fort heureusement, Krisztián va la retrouver. Il travaille à la morgue où, chaque nuit, les trépassés se réveillent parce qu’ils n’ont pas encore trouvé la lumière pour sauver leurs âmes. La tâche assignée au gardien de nuit des lieux (en l’occurrence notre héros) est donc de se débrouiller pour accomplir leur dernière volonté dans le monde des vivants pour qu’ils atteignent enfin le paradis avant la fin de leur séjour prévu pour un mois.

Avec un tel pitch, le réalisateur se sort avec honneur des ornières qu’il aurait pu empruntées. Certes, le film est un peu cul-cul la praline et un peu trop sirupeux pour mon palais (les comédies romantiques et moi ça fait deux) mais force est de constater l’ambition visuelle à l’écran et un scénario solidement charpenté pour nous faire croire à cette histoire rocambolesque grâce notamment à l’abattage de son casting, même si les deux protagonistes principaux sont loin d’être charismatiques. Les bonnes nouvelles sont plutôt à mettre du côté du méchant croque-mort cracheur de feu et récupérateur des âmes non satisfaites tout de cuir vêtu, des effets spéciaux assez impressionnants pour un budget sans doute très léger, avec une mention spéciale pour la vieille dame sorcière à ses heures et sa ménagerie dans son appartement, en particulier un bouc irrésistible dans son imitation des mimiques humaines. Une véritable curiosité à découvrir pour les amoureux en tout sens.

 

3,5/6

 

 

L’ENFER DES ARMES – Hong-Kong – 1980 – Tsui Hark

Séance culte

 

Pitch : Trois étudiants renversent un passant en voiture, ils s’enfuient, paniqués. Wan-Chu assiste à la scène et les fait chanter. La jeune fille, portée par un nihilisme radical, les embringue dans des actions de plus en plus dangereuses. Leur route croise celle de trafiquants d’armes.

 

Avec ce troisième long-métrage, Tsui Hark s’attaque à l’époque de la fin des années 70 où Hong-Kong était ravagé par des attentats à la bombe orchestrés par des membres de l’extrême gauche chinoise. Fim nihiliste et foutraque, L’Enfer des Armes part dans tous les sens à l’image de la caméra de Hark suivant ses personnages au plus près et se revendique comme un brulot politique à tel point que la censure le charcuta à sa sortie, excédée par l’ultra violence du film et ses accents anti étatiques (on n’est pas encore dans l’idée de la rétrocession de Hong-Kong à la Chine). Tsui Hark dénonce beaucoup de choses dans son métrage saccadé à commencer par le dénuement dans lequel vivent les habitants, enserrés dans leur minuscule appartement à l’image des souris blanches entassées dans leur cage et subissant les tortures de la jeune Wan-Chu.

Dans le métrage, tout s’entremêle dans le chaos entre des flics aux méthodes expéditives, des trafiquants étrangers surarmés et une population gangrénée par la violence et l’omniprésence de la mafia locale avec ses bandes de délinquants. La radicalité du cinéma de Hark s’incarne dans la gratuité de la mort du chat dans d’atroces souffrances comme si le cinéaste s’affranchissait de toute limite et faisait un doigt d’honneur (comme ceux effectués par ses personnages) aux autorités de son pays. La deuxième moitié du métrage est à ce titre haute en couleur rouge sang et parsemée de morceaux de bravoure mémorables à l’instar de la course-poursuite dans les sous-sols d’un immeuble nous renvoyant au mythique Guerriers de la Nuit avec ces bandes de voyous grimés en clown ou en tenue de carnaval. Et avec le même sens de détruire les codes, de plagier de nombreux morceaux musicaux dans le métrage comme les Goblins dans Zombie.

L’Enfer des Armes explose avec fracas dans son climax localisé dans l’immense cimetière à ciel ouvert au-dessus de la ville, théâtre d’un ultime affrontement entre nos trois étudiants passés du côté obscur de la terreur et les mafieux anglophones. Une baston mémorable et sanglantes à coups de gros calibres résumant bien à elle-seule le projet du long-métrage et son propos jusqu’au-boutiste, symbolisé par les dernières images exposant des photographies réelles des exactions terroristes et des répressions policières dans la foulée de la fin des années 70. A la vision du film, le Gouvernement eut un coup de chaud et Tsui Hark fut obligé de remonter son métrage pour ne pas montrer, notamment, la violence des étudiants (déjà à l’origine d’un meurtre après avoir renversé un homme la nuit) commettant des attentats à la bombe par exemple dans un cinéma. Malgré tout, le film reste abrasif à l’extrême à l’image du cinéma engagé des années 70.

 

4,5/6

 

 

STOPMOTION – Grande-Bretagne – 2023 – Robert Morgan

En compétition et en présence du réalisateur

 

Pitch : Ella travaille dans le domaine exigeant de l’animation image par image. Elle officie dans l’ombre envahissante de sa mère, star de la discipline désormais incapable de mener un projet à son terme. Un événement funeste va pousser Ella vers une autre forme de création.

Avec son premier long-métrage, Robert Morgan nous balance un uppercut dans les gencives. Ella (Aisling Franciosi déjà irradiante dans The Nightingale) est une confectionneuse de court-métrage en stop motion. Dans ce travail exigeant et de patience, elle est cornaquée par sa mère handicapée et tyrannique. Victime d’un AVC, cette dernière laisse sa fille seule l’obligeant à continuer le travail sans elle, ou plutôt grâce à l’aide d’une petite fille insolente et sans gêne débarquant dans son nouvel appartement pour réaliser un projet personnel. Quand les marionnettes ne sont pas celles que l’on croit.

Robert Morgan est lui-même un animateur de stop motion et il corrèle son film à la descente aux Enfers d’une jeune femme à l’esprit perturbé dont la nouvelle histoire résonne comme un écho à sa propre enfance. Avec un magnifique travail sur le son et les images, Morgan irise son film d’une ambiance mortifère, les corps sont découpés, malaxés, à l’aulne d’un cerveau sans doute déjà malade se délitant sous les assauts répétés d’une folie à l’origine d’hallucinations fantasmagoriques, rendant le spectateur incapable de faire la distinction entre le vrai du faux. La réalité se distord ainsi au rythme effréné de la conception de cette œuvre ultime à base de marionnettes associant de plus en plus la chair et le sang, et en mutilant progressivement le propre corps de l’héroïne.

La dernière bobine est de fait une épreuve visuelle contraint de subir, comme le spectateur (le réalisateur nous avait prévenu en ouverture), les séances d’automutilation d’Ella, victime de sa violence envers elle-même ou pour les autres au milieu de sa nouvelle réalité encastrant sans ménagement son quotidien et les séquences où les petits personnages réalisés en cire reprennent vie pour mieux détruire la jeune femme. On suffoque avec elle face à l’insoutenable dans un film maîtrisé de bout en bout aux bouffées viscérales et sans concession, même s’il faudra accepter une certaine langueur face à la dégradation physique et psychologique d’Ella.

 

4/6

 

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