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3e jour au PIFFF

En ce samedi d’hiver glacial, trois longs-métrages sont venus réchauffer l’atmosphère. Tout d’abord le drame horrifique sur une maternité difficile Huesera de la mexicaine Michelle Garza Cervera, le toujours excellent Strange Days (1995) de Kathryn Bigelow pour fêter les 50 ans de la revue Mad Movies et de conclure sur le B-movie de minuit The Lair de Neil Marshall.

 

 

HUESERA – Mexique/Pérou – 2022 - Michelle Garza Cervera

En compétition

 

Pitch : Valeria réalise enfin le rêve de son couple : devenir mère. La grossesse ne se déroule hélas pas du tout comme prévu. Elle perd du poids, sent et entend ses os craquer sans raison, sans parler des hallucinations qui la poursuivent en tout lieu.

 

Avec ce premier long-métrage, la réalisatrice mexicaine Michelle Garza Cervera explore les affres d’une maternité douloureuse entre perte de la raison et croyances religieuses. La situation initiale est des plus banales, Octavia (Mayra Batalla) et son mari Raúl (Alfonso Dosal) vont être parents pour la première fois. Pourtant le quotidien d’Octavia est troublée par les relations difficiles avec sa famille, elle est un peu considérée comme le vilain petit canard du clan, et par ses visions horrifiques d’une femme qui rampe vers elle en faisant craquer ses os. On a connu mieux pour attendre un enfant.

Sur ce postulat assez simple, la réalisatrice construit un film multiple entre conflit familial, bisexualité refoulée et une religiosité inscrite dans l’ADN de la société mexicaine et sud-américaine. Si le film se pare malgré tout de quelques longueurs ou de flashbacks, il s’avère bien mis en image et possède une photographie agréable donnant un aspect particulièrement horrifique aux situations de peur qui détruisent progressivement la santé mentale de la jeune femme, et la font passer pour une folle congénitale aux yeux de sa famille. Le mariage des apparitions de plus en plus récurrentes et du sentiment de déliquescence d’Octavia fonctionne grâce à la symbiose entre les acteurs face à la pression sociale de sa famille perçue comme une chape de plomb. La jeune épouse n’est pas à l’aise avec les enfants et est attirée par les femmes et se confronte de fait à une société particulièrement tournée vers Dieu.

Et si sa perte de contrôle et les contorsions de la créature étaient issues de son imagination ? Le film ne répond pas totalement à la question et renvoie à des classiques assumés comme Rosemary’s Baby sans jamais se prendre les pieds dans le tapis du cliché mais en développant sa propre mythologie concrétisée par une dernière scène particulièrement émouvante dans son horreur visuelle et magnétique où des corps nus s’enchevêtrent dans une danse lascive à l’intérieur d’une sorte de dimension parallèle initiée par un trio de sorcières, elles aussi finalement en marge du système religieux traditionnel. Un bien beau final qui rehausse Huesera d’une aura vénéneuse et donne envie de suivre les prochains projets de la réalisatrice.

 

4/6

 

 

STRANGE DAYS – USA – 1995 - Kathryn Bigelow

Séance culte

 

Pitch : Lenny Nero, flic déchu, s’est reconverti dans le deal d’une technologie permettant de revivre toutes les sensations possibles. Il entre en possession d’un clip à même de déclencher l’apocalypse dans une ville chauffée à blanc.

 

Malgré sa mauvaise réputation et son crash au box-office, Strange Days n’a rien perdu de sa force narratrice et prophétique. Le film de Kathryn Bigelow explore avec pas mal d’accuité le futur monde de la téléréalité, du virtuel et de l’accès au sexe sur internet. A cette époque-là en couple avec James Cameron (crédité au scénario), la réalisatrice sortait du succès planétaire de Point Break et le rôle principal de Strange Days devait être attribué à John Travolta. C’est finalement Ralph Fiennes (La Liste de Schindler) qui s’arroge la défroque du loser Nero vendeur de rêve et réalité améliorée grâce à un appareillage qui permet de ressentir toutes les émotions d’un enregistrement comme si on était à la place de celui qui l’avait filmé. Une idée révolutionnaire qui devait se concrétiser (en moins bien certes) quelques décennies plus tard, à l’image d’une grande partie du film dont la trame de fond est irisée par la peur du bug de l’an 2000.

Dans les rues jonchés de détritus et de personnes se battant contre la police comme dans un post-apo italien, Strange Days navigue dans les eaux troubles d’une société en décrépitude au bord du chaos où le seul espace de liberté encore possible serait la réalité virtuelle pour s’échapper d’un quotidien sordide. Grâce à une mise en scène magistrale et un script solide, Kathryn Bigelow dépeint la fin d’un monde et l’avènement de technologies nouvelles qui résonnent encore aujourd’hui. Mieux, Strange Days se double d’un discours politique fort et s’embrase au sujet des violences policières envers la communauté noire (l’affaire Rodney King) qui fait écho au calvaire subi par Georges Floyd. Le film syncrétise alors les problématiques d’une Amérique déjà aux abois à l’orée des années 2000.

En plus de sa réussite visuelle, le casting est au diapason avec des seconds rôles de qualité bien écrit où on reconnaît en particulier l’ultra sensuelle Juliette Lewis, Tom Sizemore ou encore Vincent D’Onofrio dans le rôle d’un flic pas très clair. Au final pas de doute, Strange Days n’a rien perdu de sa force évocatrice malgré sa longueur (2h25) et quelques dialogues un peu “over the top”. Pour le reste, le film est foisonnant de décors gigantesques et d’une foule interminable de figurants à l’image de la scène finale célébrant l’arrivée de l’An 2000 au milieu d’une humanité qui n’a rien à envier à celle d’aujourd’hui.

 

5/6

 

THE LAIR – USA – 2022 - Neil Marshall

Séance interdite en présence du réalisateur

 

Pitch : L’avion du lieutenant Kate Sinclair est abattu en plein territoire afghan ennemi. Elle trouve refuge in extremis dans un bunker soviétique abandonné, où se cachent les résultats d’expérimentations biologiques peu ragoûtantes qu’il va bien falloir démastiquer.

 

Dire que la carrière de Neil Marshall est sur la pente douce semble comme une évidence au regard de ses dernières productions même si on a adoré le réalisateur de Dog Soldier, The Descent ou encore Centurion. Depuis un reboot d’Hellboy qui n’avait pas convaincu les aficionados, Marshall shoote le pas terrible The Reckoning avec sa nouvelle compagne Charlotte Kirk avec laquelle il partage désormais la production et l’écriture via leur propre société. Une muse cinématographique filmée sous tous les angles et de tous les plans. Pas la meilleure actrice pour caractériser une militaire dure à cuire, à l’image de l’ensemble du casting dévolu à un festival de rictus et de punchlines d’un autre temps.

Le spectateur comprend bien vite où il a mis les pieds, les terres boueuses d’une série B sans flouze au scénario prétexte à dégommer de l’afghan méchant et des aliens en guise d’apéros. C’est bien peu mais l’ami Neil fait tout son possible afin de compenser des SFX très limites et les quelques décors parsemant son long-métrage avec son savoir-faire habituel. Pas très finaud certes mais divertissant lorsque les soldats américains se font attaquer par une horde de créatures sanguinaires de l’espace façon Starship Troopers du pauvre eu égard aux moyens engagés. Bref, ça charcle dans tous les sens avec quelques plans gores au passage et une propension à jeter les combattants afghans à l’écran pour être dégommés comme des poulets en batterie.

Si le spectacle s’avère généreux en action et hémoglobine (Neil Marshall touch), il se pare également de longs tunnels de dialogue notamment pour expliquer l’origine des monstres réveillés et trafiqués par les soviétiques suite à la découverte d’un vaisseau spatial justifiant presque l’envahissement de l’Afghanistan. Et de pratiquer sur ces créatures humano-reptiliennes aux dents acérées des expériences afin de les transformer en super soldat. Dans les meilleurs moments du film situés dans les tréfonds d’une montagne où se planque un laboratoire russe, on pense au fun Fankenstein Army, et dans les pires on se remémore quelques Asylum fauchés au milieu duquel Charlotte Kirk se la joue Milla Jovovich du pauvre face à des Marines caricaturaux et balafrés.

Au final, on ne croit pas vraiment à cette histoire de pilote abattue dans le ciel afghan, poursuivie par des méchants et qui tombe sur un bunker infesté de créatures dévoreuses d’humains. Mais on fait avec et on tente de passer un bon moment entre assaut viril, gueules burinés et gunfights à l’arme lourde. Dommage que le budget anémié et le manque de sursaut du scénario ne parviennent pas à nous convaincre que Neil Marshall est définitivement de retour. Peut-être pour une autre fois.

 

2,5/6

 

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Commentaires: 2
  • #1

    princecranoir (vendredi, 21 avril 2023 18:08)

    Je viens prendre des nouvelles de Neil Marshall. Je constate qu'il s'enferre dans la médiocrité. J'ai bien peur que le déclin ait commencé très tôt avec le désolant "Doomsday".
    Malgré une piètre réputation, je suis curieux de voir "The Reckonning" dont l'argument peut lointainement rappeler "the Witchfinder general". Par contre, celui que tu chroniques a l'air d'être vraiment dispensable.

  • #2

    Roggy (vendredi, 21 avril 2023 20:16)

    Malheureusement, j'adore Neil Marshall et son dernier film n'est vraiment pas terrible en forme de série B du pauvre. Dommage il y avait qqs bonnes idées mais c'est très cheap et sa femme-héroïne n'est pas très crédible. Quant à The Reckoning, c'est un peu mieux mais bien loin de ses premières productions.