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Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
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1er jour au PIFFF

Il est temps de rechausser les crampons pour entamer cette nouvelle édition du PIFFF 2022 avec 3 films au compteur. Le lovecraftien Glorious (2022) de l’américaine Rebekah McKendry, avant d’enchaîner sur l’excellent choc Haute Tension (2003) d’Alexandre Aja et de terminer en Thaïlande avec Influencer (2022) de l’US Kurtis David Harder.

 

 

GLORIOUS – USA – 2022 – Rebekah McKendry

En compétition

 

Pitch : Wes n’a pas le temps de se remettre d’une rupture qu’il se retrouve coincé dans les toilettes d’une station-service avec une déité communiquant avec lui à travers un glory hole.

 

Avec son pitch d’épisode de La Quatrième Dimension, Glorious fait figure de petite bande sans le sou qui plus est tourné pendant la pandémie de coronavirus. Si on salue l’entreprise louable de cet essai par la réalisatrice Rebekah McKendry (All the Creatures Were Stirring), force est de constater que le résultat a du mal à tenir la route sur la durée d’un long même pourtant limité à 1h19 où l’ennui se fait jour dans ce lieu clos parsemé de quelques trouvailles et séquences sanglantes.

Il faut dire qu’on a beaucoup de mal à s’identifier à Wes (Ryan Kwanten, Knights of Badassdom) et à son histoire d’amour fouareuse le conduisant dans les toilettes d’une station-service après une nuit d’ébriété over the top. Pendant qu’il vomit ses tripes, il entend une voix provenant de la toilette d’à-côté. Elle se présente comme un Dieu coincé là par mégarde et aux pouvoirs immenses capable de d’empêcher Wes le regarder sous peine de gros problèmes. Au final, la seule solution pour se sortir de cette prison mystique est de fournir à la créature une partie du foie de l’infortuné Wes par le trou d’un « glory hole ». C’est tout l’enjeu de ce petit film où l’entité aux tentacules visibles possède la voix de J.K. Simmons (Whiplash) et fait vivre un enfer à son malheureux camarade de toilette.

Un fois enfermé et dans l’impossibilité de s’échapper, la réalisatrice tente d’utiliser au maximum son décor minimaliste entre humour noir et créature lovecraftienne dont l’univers coloré semble entouré le bâtiment jusqu’à créer une nouvelle dimension. Bref, votre serviteur s’ennuie poliment pendant que les deux personnages discutent de la vie avant un climax censé donner une tournure dramatique au passé de Wes. Un retournement de situation certes original mais qui ne parvient pas, à mon sens, à relever l’idée principale et ce mélange maladroit de Lovecraft et de situations tragiques. Le héros ne créer pas de véritable empathie et on repense à la prestation hallucinée de Nicolas Cage dans la bien meilleure transcription du monde de Lovecraft avec Color Out of Space.

 

2,5/6

 

 

HAUTE TENSION – France – 2003 – Alexandre AJA

Séance culte en présence du réalisateur

 

Pitch : Marie, une étudiante de vingt ans, révise ses examens dans la ferme isolée des parents de sa meilleure amie. En l'espace d'une nuit, un tueur, qui ignore son existence, assassine à tour de rôle les membres de cette famille...

 

Alexandre Aja s’est replongé avec les spectateurs du Max Linder et ses fidèles acolytes, dans son deuxième film à l’occasion de l’anniversaire de ses presque 20 ans et de la sortie restaurée du film en 4K. Beaucoup de festivaliers lui ont demandé si une telle œuvre aurait pu voir le jour en 2022. Il répondit plutôt par l’affirmative en citant le récent (et réussi) Barbarian de Zach Cregger. On peut néanmoins en douter car à la revoyure, Haute Tension est une putain de pellicule enflammée qui fait toujours aussi mal.

Comme le sieur Aja l’a expliqué, il rend hommage à un tout un pan de l’horreur viscérale quelque peu disparu après les années 90. Avec son film, il lance ainsi un nouveau style qualifié par les anglo-saxons de « French horror » avec des productions extrêmes qui peuvent aller très loin dans le gore frontal, sans sourire ni ironie (dixit le réalisateur), une sorte d’anti vague Scream. Parce que l’histoire s’avère assez minimaliste avec ses deux étudiantes qui décident de se mettre au vert dans la campagne du Sud-Ouest de la France pour réviser. Sauf qu’un tueur sanguinaire traîne dans le coin et commence un massacre en transformant une petite maison isolée en terrain de chasse au combien brutal.

Tourné dans la campagne proche de Bucarest en Roumanie, le long-métrage possède toujours la même puissance terrifiante sans chercher à faire passer un message ou jouer sur l’air du temps. Haute Tension s’appréhende au premier degré et ressemble à un exercice de style de la peur la plus primaire possible. A ce titre, les acteurs sont au diapason dont une Cécile de France qui a fait attendre le réalisateur pour sortir le film en attendant de devenir plus connue grâce en particulier à L’Auberge Espagnole (et ainsi pouvoir trouver les fonds pour Haute Tension) et une Maïwenn dans le rôle de scream girl attachée en permanence. Et que dire de la prestation sépulcrale de Philippe Nahon au sommet de la frayeur dans son rôle de tueur fou, décapiteur et violeur avec sa casquette et sa tenue de dépanneur. Au volant de son camion iconique, il parcourt la campagne pour une odyssée de l’horreur mémorable.

Malgré quelques faiblesses de scénario (forcément pour un film de jeunesse comme l’a reconnu Aja) et un choix de musique surprenant, Haute Tension est un petit bijou de l’horreur avec ses plans gorasses, sa violence extrême y compris pour tuer un enfant. On sent déjà poindre le style d’Alexandre Aja, bien rythmé sans temps mort et à l’écriture ciselée. Haute Tension préfigure déjà tout son cinéma proche des années 70 et nous renvoie à son excellent remake de La Colline à des Yeux qui cousine allègrement avec son avatar français. Au final, on reste bluffé par la force du fil, sa capacité à cultiver un côté malsain et la qualité de la prestation des acteurs donnant un aspect réaliste à cette histoire dont la fin en forme de twist n’est sans doute pas la meilleure idée du scénario. Encore aujourd’hui, Haute Tension s’avère sans conteste le maître étalon du genre.

 

4,5/6

 

 

INFLUENCER – USA – 2022 - Kurtis David Harder

En compétition et en présence du réalisateur

 

Pitch : Sur ses réseaux sociaux, Madison donne l’impression de vivre le rêve de tous les aspirants voyageurs. En réalité, arrivée en Thaïlande, elle se sent plus seule que jamais. Sa rencontre avec la mystérieuse CW va tout changer. Vraiment, tout.

 

Dire qu’on comprend les raisons du réalisateur-scénariste Kurtis David Harder de passer trois mois en Thaïlande pour tourner son long-métrage est un euphémisme. Paysages magnifiques et préservés dans un décor de cartes postales et des villas à couper le souffle sont au menu du nouveau film du réalisateur de Spiral. On ne lui jettera donc pas la pierre de shooter dans cette ambiance de rêve, en revanche on lui en veut un peu plus pour la relative platitude de son script et ses manques d’enjeux, hormis la plastique parfaite de l’ensemble du casting masculin et féminin.

Finalement un peu à l’image du monde dépeint, celui très girly et bisounours de nos amis influenceurs devenus pléthorique et « indispensables » grâce aux réseaux sociaux. Une tare indélébile devenue norme d’où l’histoire tient son point de départ. Madison (Emily Tennant) fait un séjour seule en Thaïlande tout frais payé afin de vanter des produits de beauté au milieu d’un décor paradisiaque. Sauf que derrière les photos, Madison s’ennuie et fait face à la vacuité de son univers, rempli de faux-semblant et d’argent facile. C’est donc avec plaisir qu’elle rencontre l’avenante CW (Cassandra Naud) qui lui fait découvrir les charmes du pays au-delà des clichés des cartes postales. On se doute que le voyage ne sera pas sans encombre et que CW n’est pas la jeune oie blanche décrite.

On s’en doute un peu trop d’ailleurs, le spectateur ayant plusieurs coups d’avance sur l’intrigue et la suite du scénario, notamment lors d’une scène autour d’un feu symptomatique de l’ensemble. Pas vraiment de surprise même si le scénario veut se la jouer petit malin. Il pêche sur la longueur, trop redondant dans les situations malgré les rebondissements dans le dernier tiers. Si sur le fond, Influencer nous renvoie au récent Sans Filtre, il ne possède pas la même veine acide et la profondeur du film de Ruben Ostlund. Difficile également de se rapprocher des personnages et de comprendre leur machiavélisme, et cette capacité irrépressible à se transformer en tueur. Dommage car la mise en scène et les décors sont plutôt de bonne facture, mais j’ai des difficultés à y croire, et de continuer à prendre des vessies pour des lanternes.

 

3/6

 

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