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4e jour au PIFFF

 

Ce vendredi pluvieux commence assez fort avec le drame-catastrophe suédois très impressionnant The unthinkable et se poursuit avec la séance culte confirmée par cette nouvelle vision, Vorace d'Antonia Bird, avant le français qui fait mal (à tous les niveaux) Girls with Balls d'Olivier Afonso.

 

THE UNTHINKABLE – Pluie acide – Suède – 2018 – Crazy Pictures

En compétition

 

Après une attaque supposée terroriste sur Stockholm, les membres d'une famille décomposée gèrent chacun à leur façon. Alex s'en retourne dans son village natal, retrouver son amour de jeunesse. Björn, son père bouffé par la paranoïa et la colère, est persuadé que la Suède va subir d'autres assauts d'une puissance frontalière.

 

 

Tourné pour moins de 2 millions de dollars, The unthinkable est l’œuvre de cinq amis qui composent l'équipe technique de la réalisation aux effets spéciaux en passant par le montage. Pour leur premier long-métrage, après une tripotée de courts, l'histoire tourne autour de l'attaque de la Suède d'abord sous l'angle terroriste avant que l'ampleur du phénomène ne se déchaîne. Mais avant d'en arriver-là, le film va prendre le temps de présenter ses personnages, en l'occurrence un couple et leur fils Alex qui se déchirent notamment à cause de Bjorn, un père violent qui ne sait pas les aimer.

Cette première heure crée une vraie empathique entre un Alex perdu dans ses sentiments pour Anna et sa fuite pour vivre sa propre vie à l'âge adulte en développant ses dons pour la musique. Des amours contrariées à l'origine de son malaise et qui vont iriser le film tout du long. Magnifiquement mise en scène, cette première partie s'apparente à un drame familial classique ponctué par quelques explosions en ville comme un écho à la situation personnelle des personnages.

De fait, The unthinkable bascule dans sa deuxième heure dans le pur film catastrophe (on pense beaucoup à The wave sur le même principe de narration), car la menace se précise et dépasse les prévisions terroristes. C'est autre chose, de plus pervers et d'insidieux provoquant toute une série de drames humains. Pour un premier film, on est surpris par son ampleur et sa maîtrise technique, surtout au regard du budget. Le collectif parvient à instaurer un malaise sourd entre paranoïa du père qui se concrétise et un danger jusqu'alors inconnu. A l'aide d'effets spéciaux d'une grande beauté et invisibles, les voitures se percutent et les hélicoptères s'écrasent sur le sol avec maestria à un rythme soutenu, dans une ambiance pesante et toujours crédible.

On retrouve les protagonistes du départ et leurs histoires enchevêtrent avec une dextérité bluffante au milieu de paysages magnifiques. Du grand spectacle intelligent et bien foutu qui n'a rien à envier à Hollywood. On pourra reprocher sur la fin quelques séquences trop mélo pour être honnêtes, mais ne nuisant pas à l'ensemble de l’œuvre pour un résultat juste époustouflant à bien des égards comme si The Crazies croisait la route de Bergman. Etonnant.

 

4/6

 

VORACE – Sur le pouce – USA – 1999 – Antonia Bird

Séance culte

 

A la suite d'un acte héroïque accompli paradoxalement grâce à sa lâcheté, le Capitaine John Boyd est placardisé à Fort Spencer, un avant-poste isolé de la civilisation où sont envoyés les rebuts de l'armée américaine. La routine du camp est perturbée par l'arrivée d'un certain Colquhoun, un colon écossais transi de froid en quête d'un refuge. Hagard, le convalescent commence à raconter comment il a survécu à l'hiver...

Autant le dire d'emblée, Vorace est un pur chef-d’œuvre qui, 20 ans plus tard, inonde encore de sa perfection l'écran du Max Linder. Sur une très belle copie en 35 mm, quel bonheur de le revoir et de constater la qualité du travail d'Antonia Bird (Face) trop tôt disparue car cette réalisatrice avait un sacré potentiel. Ce film finalement méconnu n'a pas pris une ride. Au son d'une musique parfaite de Damon Albarn et Michael Nyman résonnant encore bien après le visionnage, Vorace prend ses quartiers dans un Fort militaire américain oublié à la fin du 19ème siècle, avant que ne débarque le personnage sulfureux de Colquhoun. Robert Carlyle (Trainspotting). Il compose un personnage d'anthologie pris dans son désir de chair humaine face à un faux héros de la guerre John Boyd (Guy Pearce, Memento) tourmenté par sa lâcheté et sa possible déviance.

Accompagné par un casting extraordinaire (notamment Jeffrey Jones), Ravenous en VO est un western horrifique, un survival autour du cannibalisme au son d'une musique et d'un banjo décalé mais apportant une aura toute particulière à ce long-métrage. Le film possède cette force des grands classiques avec des comédiens portés par leurs instincts et des dialogues à la fois drôles et grinçants. Car en filigrane, pointe une critique de la société américaine, d'une conquête de l'ouest qui aurait mal tournée moins glamour qu'à l'ordinaire, lorgnant vers le cannibalisme et la folie de ces personnages qui ont tenté l'aventure dans un pays encore en gestation.

De fait, Vorace pue le sang, la peur et la violence en s'interrogeant sur la couardise et la place du héros dans la société US. C'est peut-être pour cela que le scénario resta coincé dans les cartons hollywoodiens un bon moment avant de ressortir et qu'Antonia Bird débarque sur le plateau pour remplacer le réalisateur en place. Apparemment, elle instilla ses visions beaucoup plus violentes par rapport au script initial qu'elle avait lu à l'époque. Un rythme ciselé, des acteurs au diapason d'un scénario solide, il n'en faut pas plus pour faire de Vorace, l'un des meilleurs films de la fin des années 90.

 

 

GIRLS WITH BALLS – Jeanne et Serge – France/Belgique – 2018 – Olivier Afonso

 

En compétition et en présence du réalisateur et de son équipe

 

Une équipe de volley féminine est prise pour cible par des mâles bêta, émules contemporains du Comte Zaroff. Trop sûrs d'eux et de leur connaissance du terrain forestier, les chasseurs ne se doutent pas une seule seconde que le rapport de force peut s'inverser... si tant est que les sportives fassent preuve d'esprit d'équipe.

 

Spécialiste du maquillage et des effets spéciaux (Grave), Olivier Afonso passe à la réalisation avec cette histoire de volleyeuses poursuivies par des rednecks dans la campagne. Comment dire... Pour résumer, le film est d'une nullité abyssale, même pas à la hauteur d'un plaisir coupable comme l'a défendu le réalisateur en préambule. Humour vulgaire, interprétation aléatoire et dialogues à la ramasse pourraient être le résumé de Girls with balls, dépourvu de cinéma juste réaliser pour faire rire les gamines à coups de têtes explosées, de sang qui giclent et de réparties trop stylées.

Tourné aux îles Canaries en Espagne pour un budget autour des 1,5 millions d'euros (!?!), le film est insupportable (malgré sa courte durée) et le pseudo-scénario n'est qu'un prétexte pour déclencher la colère de débilos avec des sacs à patates sur la tête. On a d'ailleurs mal pour Denis Lavant (Holly motors) en chef de bande mutique de ces dégénérés sortis d'un Massacre à la tronçonneuse parodique. On peut faire un film trash et déjanté mais il n'est pas interdit de bien l'écrire, d'avoir de vrais personnages et une histoire à peu près correcte. Ici, c'est tout l'inverse avec l'utilisation de poncifs comme le prônait déjà fièrement l'infâme Revenge (certes légèrement mieux).

Les yeux nous en tombent à chaque séquence qui accumule le gore pour pallier son manque d'enjeux et de comédie régressive, alors que le climax convoque un univers de film d'horreur et de secte qui avait un certain potentiel. Mais non, rien n'est à sauver au final, hormis le sympathique Artus, dans ce film ridicule où même les scènes d'action sont mal shootées mais surtout qui ne fait pas rire du tout. Un comble pour un long-métrage estampillé comédie trashouille pour divertir. Et après qu'on ne vienne pas nous faire la morale d'un cinéma frileux pour financer le genre en France. Quand on voit ce qui se fait à l'étranger pour des budgets plus minces, on reste stupéfait par notre production hexagonale qui n'a aucune écriture et se complait dans la comédie par défaut. Rien que cette semaine, le film japonais Ne coupez pas ! enterre tout le monde et avec presque rien. Consternant.

 

1/6

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Adrien (samedi, 08 décembre 2018 16:04)

    "Jeane et Serge". Tu m'as tué :D Encore une fois quelle surprise concernant le paysage franco-belge. Beau texte en tout cas, je suis effectivement très d'accord sur ton argument à propos de "faut soutenir le ciné de genre de chez nous" alors que c'est de la merde. On soutiendra effectivement le jour où ça vaudra la peine d'être soutenu.

    Par contre tu m'as donné envie de revoir Vorace. Quel film, quelle atmosphère !

  • #2

    Roggy (samedi, 08 décembre 2018)

    "Vorace" est vraiment un chef-d’œuvre, c'est clair et j'ai eu la chance de revoir en salle. Quant au film français, ils s'appellent vraiment Jeanne et Serge et c'est bien là le seul truc sympathique...

  • #3

    alice in oliver (jeudi, 13 décembre 2018 10:23)

    Pas revu Vorace depuis belle lurette mais je me souviens d'un film âpre et misanthrope. Bon, je le mets dans mes prochains visionnages celui là !

  • #4

    Roggy (jeudi, 13 décembre 2018 19:09)

    Vorace reste un immense film, un survival horrifique comme on n'en fait plus.