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Dernier jour, palmarès et bilan de l'Etrange festival 2019

Dernier jour un peu rocambolesque à l'Etrange festival avec l'impossibilité de pénétrer la salle faute de place pour The art of self defense et un ticket perdu pour Furie d'Olivier Abbou finalement visionné au dernier moment. Drôle de final avec le palmarès et le bilan dans la foulée pour ce très bon cru 2019.

 

 

FURIE – French rednecks – France/Belgique – 2019 – Olivier Abbou

 

En compétition

 

Pitch : Inspiré de faits réels. Le temps des vacances d'été, Chloé et Paul Diallo prêtent leur maison à la nounou de leur fils et à son compagnon. À son retour de voyage, la famille Diallo trouve porte close : le nom sur la boîte aux lettres n'est plus le leur, les serrures ont été changées et les occupants déclarent être chez eux. Pour Paul, c'est le début d'un combat qui va faire vaciller son couple, ses valeurs et même son humanité.

 

Furie, le dernier film d'Olivier Abbou, auteur de séries remarquées et d'un sympathique Territoires en 2011, est le parfait résumé du cinéma de "genre" à la Française. Foutraque et mal fagoté, le long-métrage possède des intentions forts louables pour se démarquer du tout venant hexagonal mais tombe, comme pas mal de ses congénères, dans les travers d'une écriture caricaturale et d'une interprétation parfois aléatoire. De fait, ce nouvel essai qui voudrait nous emmener sur le terrain des Chiens de paille ne prend pas totalement feu malgré quelques points intéressants et réussis.

A commencer par son entame voyant une famille rentrée chez elle mais bloquée derrière les grilles de la maison car les occupants occasionnels (on leur a prêté la demeure pour 2 mois) ne veulent pas rendre les clés. Basé sur une histoire vraie, la première partie du film est plutôt bien shootée et montre les arcanes de l'Administration empêchant le couple Diallo et son fils de réintégrer leurs pénates tant que la justice ne l'a pas décidée. Bref, après plusieurs jours dans un camping, la procédure n'aboutit pas et la tension monte entre Paul Diallo (Adama Niane, L'enquête SK1) et son épouse Chloé (Stéphane Caillard, Bastille day).

C'est également là que les problèmes commencent pour le spectateur, l'objectif du scénario sera de nous amener à accepter la dégénérescence de la situation lorsque Paul s'accoquine avec le gardien du camping Mickey (Paul Hamy, 9 doigts) et son compère Franck (Eddy Leduc, Budapest), de petites frappes violentes et malsaines à l'écriture très caricaturale comme si on était dans la campagne ricaine avec des rednecks. Sauf qu'on est dans une région a priori française et que les événements à venir sont emmenés de manière trop artificielles pour être crédible, à l'image des fêtes organisées par ces délinquants du coin.

Entre des dialogues ridicules et des échanges très didactiques pour expliquer que le côté "Œil pour œil, dent pour dent" est une alternative crédible à la démocratie, Furie se perd dans son discours sur la virilité et politique en transposant la situation de discrimination des minorités à un contexte européen sous prétexte de plaire à l'international. Car ne nous trompons pas, le film est retitré Get in pour les ventes à l'étranger (on avons eu droit à la version sous-titré en anglais), le long-métrage est calibré pour sortir des frontières et donner dans le violent et l'outrance à l'instar de la dernière partie qui s'installe dans les chaussons confortables du home invasion très violent.

Dommage que la première partie ait été si peu abordée et que le côté "revenge" ne soit que l'ultime solution à ce film plutôt bien filmé mais qui ne cesse de jouer sur les poncifs du genre. Des mecs violents et tatoués qui portent des masques de cochon comme dans You're next ou se prennent pour les french Jason de Vendredi 13. Si le film se laisse donc suivre malgré tout, il s'avère perclus de gros problèmes récurrents dans le cinéma de français dit de « genre » qu'on aurait tellement voulu soutenir. Pas grave, quand on regarde les réactions des spectateurs dans les pays étrangers, on s’aperçoit que Furie est plutôt apprécié, sans doute pour son côté pittoresque et local.

 

3/6

 

Palmarès de l'Etrange Festival 2019 :

 

Grand Prix Canal + nouveau genre : Vivarium de Lorcan Finnegan

Prix du public : The odd family : Zombie on sale de Lee Min-jae

 

Bilan personnel de l'Etrange Festival 2019 :

 

Refermer les portes de l'Etrange festival, c'est se séparer de ses compagnons de chambrée quotidien, de discussions sur les films et de rigolades sur cet irrépressible besoin d'emprunter le même trajet vers les salles obscures tels des saumons sauvages remontant la rivière. Bref, le retour à l'ordinaire se précise à l'horizon jusqu'à une nouvelle édition dans un an. La loi du genre mais le premier constat de cette 25e édition anniversaire est plus que positif. Une année forte de 35 visionnages et marquée par une sélection officielle homogène, portée par de nombreuses réalisatrices aux commandes, et forte de longs-métrages solides et de bon niveau, ce qui ne fut pas toujours le cas les éditions précédentes à mon sens.

Idem pour les sections parallèles et les cartes blanches notamment dévolue au Sieur Jean-Pierre Dionnet sympathique et jubilatoire orateur pour le séminal La proie nue. Parmi ces incunables, j'aurai pu me délecter de Walkabout ou Laurin. Dans la catégorie reine de la compétition, peu de déceptions (il me manque 4 films de la sélection), dont se détachent surtout le très bon Swallow de Carlo Mirabella-Davis sur la maladie du Pica, le huis-clos horrifique 1 BR de David Marmor, le voyage immersif Lilian d'Andreas Horvath, la nouvelle version animée du Serpent blanc (Amp Wong et Zhao Ji). Dans une moindre mesure, saluons la comédie zombie très sympathique The odd family : Zombie on sale de Lee Min-jae, la bonne humeur du film d'ouverture Nekrotonics, comédie de SF australienne de Kiah Roache-Turne, la mise en image sublime de The mute de Bartosz Konopka et l'idée originale de Vivarium avec son couple d'acteurs remarquables.

Notre bonheur se logeait également dans la partie documentaire avec l'excellent film sur les satanistes aux Etats-Unis, Hail Satan ? de Penny Lane et le très drôle Blood & Flesh : the reel life & ghastly death of Al Adamson de David Gregory avec son hommage à un réalisateur peu connu. Enfin, les meilleures surprises du festival furent pour moi The lighthouse, le second film de Robert Eggers. Un sublime huis-clos aux frontières du réel et une performance d'acteurs pour Willem Defoe et Robert Pattinson pour cette œuvre déjà majeure du cinéma. Autre film fort en émotion, Tumbbad (Rahi Anil Barve et Adesh Prasad), long-métrage indien horrifique d'une tenue formelle et visuelle à couper le souffle pour ce conte de fées violent et jouissif, à l'image de ma découverte à l'Etrange de Sunrise (Partho Sen-Gupta, 2014).

 

A l'année prochaine pour une 26e édition !

 

Roggy.

 

 

Bilan chiffré personnel et subjectif :

 

THE LIGHTHOUSE

5

TUMBBAD

5

HAIL SATAN ?

5

WALKABOUT

5

LA PROIE NUE

5

SWALLOW

4,5

1 BR

4,5

LILIAN

4,5

LE SERPENT BLANC

4,5

THE ODD FAMILY

4

MONOS

4

GREENER GRASS

4

LA TERRE DES OUBLIES

4

NEKROTONICS

4

VIVARIUM

4

COME TO DADDY

4

CUT OFF

4

KOKO-DI KOKO-DA

4

LAURIN

4

BLOOD AND FLESH

4

THE MUTE

4

THE ROOM

3,5

BLISS

3,5

THE BOAT

3,5

THE WRETCHED

3,5

FAMILY ROMANCE LLC

3,5

KNIVES AND SKIN

3,5

FIRST LOVE

3,5

PARADISE HILLS

3

LITTLE JOE

3

FURIE

3

IDOL

3

DREAMLAND

3

ADORATION

2,5

NI DIEUX NI MAITRES

2

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Princécranoir (dimanche, 22 septembre 2019 08:09)

    Voilà qui confirme mon envie irrépressible de voir "the lighthouse", film qui éclaire ma curiosité depuis sa présentation cannoise.
    Bravo pour ce riche et dense compte-rendu, exercice éprouvant mais sans doute terriblement jouissif.

  • #2

    Roggy (dimanche, 22 septembre 2019 09:54)

    Merci pour le compliment. L'exercice fut effectivement intense mais j'y ai pris mon bonheur en format journalistique pendant une dizaine de jours. Et si tu as adoré "The witch", tu devrais trouver un plaisir similaire à "The lighthouse" ne serait-ce que pour la performance d'acteurs.