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10e jour à l'Etrange festival

 

La grève des transports et les augures du vendredi 13 ne m'auront pas empêchés de rallier les rives encore estivales de l'Etrange festival pour me délecter de deux nouveaux longs-métrages. La comédie policière Come to daddy d'Ant Timpson avec Elijah Wood et le survival sauvage La proie nue de Cornel Wilde présenté par Jean-Pierre Dionnet en personne.

 

 

COME TO DADDY – Papa – USA/Nlle-Zélande/Canada/Irlande – 2019 – Ant Timpson

En compétition

 

Pitch : Norval Greenwood, un trentenaire citadin, rend visite à son père Gordon qu’il n’a jamais réellement connu. Ce dernier lui a envoyé une lettre lui disant qu’il avait quelque chose de très important à lui dire. Pourtant, Gordon semble bien embêté par la présence de son fils...

 

La carrière d'Elijah Wood prend une tournure des plus intéressantes après l'immense succès de Lords of the ring. On le retrouve attaché à des projets moins ambitieux financièrement mais qui l'attirent sans doute par leur originalité et leur traitement comme pouvait l'être le très rigolo Cooties. Bref, le petit Wood est parfait dans Come to daddy avec sa petite moustache, sa coupe de cheveu et son look très fashion victim. Il débarque dans une maison isolée pour retrouver son père qu'il n'a pas revu depuis ses cinq ans. Un point de départ tout simple amené à dégénérer. Surtout que le padre en question n'est autre que Stephen McHattie, vu cette année à l'Etrange dans Dreamland, un vieil homme violent et alcoolique.

Sur le ton de la comédie, Ant Timpson construit un premier long-métrage (il est connu pour la production de films de genre comme Housebound ou Turbo kid) sous la forme d'une confrontation entre un jeune homme se prétendant artiste et un père plutôt goguenard. Le huis-clos est situé dans une magnifique maison au bord de la mer et accompagné de dialogues savoureux. Ce lieu paradisiaque sera donc le théâtre de l'intrigue et de la dégradation de la situation suite à un événement non prévu. Si la mise en place de Come to Daddy reste classique, le scénario embrasse plusieurs styles à commencer par la comédie policière pour prendre des chemins plus violents mais toujours en conservant sa bonne humeur.

C'est certainement un de ses points forts grâce à l'apport des comédiens, Wood est parfait en candide DJ hipster (la séquence sur Elton John) face à un Stephen McHattie cynique et bourré, et une réalisation tout à fait correcte. De fait, le long-métrage se laisse suivre sans déplaisir avec sa galerie de personnages haut en couleur et déjantés avant de virer de bord dans la dernière partie. A ce moment-là, le scénario se perd sans doute un peu en voulant ressembler aux frères Cohen tout en jouant la carte de l'émotion quant à la relation père-fils. Il n'a sans doute pas les épaules pour jouer sur plusieurs tableaux, mais c'est un péché véniel à mon sens pour ce film fort sympathique qui fait du bien par où il passe, surtout en fin de festival.

 

4/6

 

 

LA PROIE NUE – Safari humain – USA/Afrique-du-Sud – 1965 – Cornel Wilde

 

Carte blanche présentée par Jean-Pierre Dionnet

 

Pitch : Lors d’un safari en Afrique, un groupe de chasseurs refuse de faire un don à une tribu malgré l’insistance de leur guide. Les guerriers du village attaquent et torturent alors les chasseurs, et décident d’accorder au guide quelques heures d’avance avant de se lancer à sa poursuite.

 

Quel plaisir de voir ce long-métrage présenté par l'immense Jean-Pierre Dionnet, d'une certaine manière héros de mon enfance, qui m'aura fait découvrir tant de perles cinématographiques tel que ce Naked prey en VO. Avec sa verve toujours flamboyante, le papa de Cinéma de quartier a brossé le portrait du réalisateur Cornel Wilde à la fois ici scénariste, producteur, acteur et réalisateur. Un touche à tout auquel on doit d'autres films d'aventures comme Lancelot, chevalier de la reine, Terre brûlée et le film de guerre a priori ultra sanglant, Le sable était rouge. Dans La proie nue, il se donne le premier rôle d'un guide de safari poursuivi par une dizaine de chasseurs bien décidés à le découper en rondelles.

Sur ce postulat simple et proche de Les Chasses du Comte Zaroff, en transposant un fait divers situé en Amérique du Nord où les Zulus sont remplacés par des Indiens et le personnage de Wilde par un trappeur. Pour son film, ce dernier le place en Afrique (il fut tourné dans un parc en Afrique-du-Sud) au milieu du XIXe siècle. En quelques minutes le décor est planté et le héros blanc, avec un slip comme seul allié, est lâché dans la nature pour un jeu de chasse à l'homme avec un groupe de guerriers à ses trousses. A partir de cet instant, le film se fait presque mutique. Seuls les poursuivants auront la parole sans jamais que leurs propos ne soient traduits. Comme l'a rappelé Jean-Pierre Dionnet, La proie nue est un véritable survival âpre et sans concession où la violence n'est pas édulcorée à l'image des stocks shots montrés en parallèle.

Des images animalières de combats sanglantes entre différentes espèces pour gagner sa pitance pour les unes ou tout simplement survivre pour les autres. Le parallèle avec le destin du héros est évident dans ce long-métrage épuré de tout dialogue ou romance intempestifs (il est pourtant daté de 1965). La nature sauvage de l'Afrique sert d'écrin magnifique à cette histoire de survie en terrain hostile. Sur le même principal mais en moins brutal, Walkabout vu cette année à l'Etrange, ressemble dans l'esprit à une odyssée avec des images d'animaux violentés en interlude démonstratif. Et il n'est pas étonnant que des réalisateurs comme John MacTiernan ou Mel Gibson (on pense fortement à Apocalypto) disent s'en être inspirés. Confronté à lui-même, sans eau et sous un soleil de plomb, Cornel Wilde se donne néanmoins le beau rôle du héros aux muscles saillants et à la vaillance imaginative face à des hommes pourtant aguerris.

Au son des tambours africains en guise de musique, La proie nue semble surtout s'affranchir de tout code et de morale. Wilde ne porte pas de jugement et livre une vision brute et sauvage de la confrontation entre deux civilisations. La loi du Talion finalement car le tueur d'éléphants arrogant prend cher à l'instar des chasseurs indigènes lancés à la poursuite de l'homme blanc pour se venger à tout prix. Sur la fin, l'homme trouve une forme de rédemption et d'humanité en sauvant une petite fille de l'attaque de son village par des esclavagistes eux-mêmes africains, renvoyant le film à son absence de manichéisme finalement bien aux antipodes du cinéma de cette époque. A la revoyure, on comprend également pourquoi La proie nue a influencé tant de cinéastes dans leur approche séminale du survival.

 

5/6

 

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