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10e jour à l'Etrange festival

 

Trois films au menu du jour avec l'insupportable Death row family du japonais Yûki Kobayashi, Replace film horrifique Allemano-canadien de Norbert Keil et la chevauchée sanglante de deux meurtriers dans Les tueurs fous du belge Boris Szulzinger.

 

 

DEATH ROW FAMILY - Thriller – Japon - 2017 – Yûki Kobayashi

 

En présence du réalisateur

 

Pitch : Après deux années passées derrière les barreaux pour un crime qu’il n’a pas commis, Takanori, fils d’un patron yakuza, est enfin libéré. Il retrouve sa fiancée et son frère Satoshi pour leur proposer de braquer le gang de Yoshida.

 

En introduction, le réalisateur, Yûki Kobayashi dont c'est le deuxième film après Kokô no tôboe, a présenté son film en saluant à la manière des Yakuzas et en dansant comme s'il se préparait à rentrer sur un ring. La veille au soir, lors de la première diffusion, il avait tombé le slip et le pantalon pendant le Q&A et réalisé des prises de catch avec certains spectateur. Un gars un peu fou, peut-être sous substance, à l'image de son film.

Avec Death row family, Yûki Kobayashi explore les vicissitudes d'une famille de truands dans le japon d'aujourd'hui. Produite par la Nikkatsu de Yoshihiro Nishimura (Koduko : Meatball machine), le film est extrêmement difficile à suivre du fait d'une narration polluée par les effets de style de la mise en scène avec des angles de vue pas toujours bien choisis et des acteurs ne dégageant aucune sympathie. Pire, le casting entier est insupportable dans son jeu outrancier et raté, ce qui fait du film une purge sur la longueur.

Si apparemment, le film est l'adaptation d'une histoire vraie située dans la campagne japonaise, Death row family peine à convaincre dans cette succession de scènes où les enfants de la famille essaient de tuer en étranglant ou à coups de couteaux les rivaux du gang voisins. Des séquences mal shootées et possédant une photographie du même acabit, faisant de ce long-métrage un supplice pendant un peu plus d'une heure trente alors qu'il semble en faire deux...

Au final, il n'y a pas grand-chose à sauver de ce Death row family car il ne possède aucun enjeu entre ennui et séquences étirées où le jeu des acteurs fait peine à voir. On sort donc rincé de la projection en se demandant ce que voulait dire son auteur. On ne le saura jamais sauf que le réalisateur s'est foutu à poil face à l'assistance la veille au soir.

 

1/6

 

 

REPLACE – A fleur de peau – Allemagne/Canada - 2017 – Norbert Keil

 

En compétition

 

Pitch : Kyra découvre un beau matin que son corps dont elle prend tant soin se recouvre de plus en plus de peaux mortes. Malgré tous ses efforts, rien ne semble stopper le phénomène, jusqu’au jour où elle découvre qu’elle peut régénérer sa peau à partir de celles d’autres personnes…

 

La production de Replace n'a pas été visiblement de tout repos. Alors qu'il devait être tourné en allemand avec des acteurs teutons, le film a été réécrit par le Sud-Africain bien connu Richard Stanley (Hardware, Le souffle du démon) et a été shooté au Canada avec des acteurs américains et français. Le fait de passer de mains en mains n'est jamais bon signe et la suite confirmera le douloureux accouchement d'un film dépassé par son sujet. Pourtant, l'idée de départ laissait augurer d'un traitement intéressant autour du renouvellement de l'épiderme.

Dès le départ, Replace paraît confus et boursouflé par une narration découpée où on retrouve la jeune Kyra (Rebecca Forsythe, We are yours friends) entrer dans un appartement avec un homme (Sean Knopp). Quelques temps après, Kyra s'aperçoit que des peaux mortes commencent recouvrir sa main. Quand elle essaie de les enlever, elle déchire tout et laisse apparaître des plaies sanglantes. La jeune femme semble perturbée et pas seulement pour cela, elle a des visions et des trous de mémoire obstruant ses pensées jusqu'au malaise. C'est comme cela qu'elle rencontre sa voisine Sophia (Lucie Aron, Berlin syndrome, Chemin de croix) la secourant dans le couloir de son immeuble.

Sur cette trame de film d'horreur, Norbert Keil construit Replace sans vraiment choisir le genre entre l'épouvante de la situation, les simagrées et les discussions horripilantes entre Kira et Sophia. Certes, on peut penser au récent The neon demon pour l'esthétique et ce désir de chair puisque la jeune femme décide de s'improviser tueuse à partir du moment où elle comprend que son corps peut se régénérer en assimilant instantanément de la peau extraite d'autres épidermes. Sauf que ce n'est pas permanent et Kira est obligée de partir régulièrement en quête de nouvelles victimes notamment dans des boîtes de nuit, à l'abri des regards inquisiteurs.

Il faut dire que les opérations sans anesthésie sont montrées frontalement pour arracher les morceaux de peau des victimes. Un peu trop facilement d'ailleurs car Kira s'improvise tueur en série et découpe sans état d'âme comme si elle avait fait ça toute sa vie. Malgré ces quelques séquences éprouvantes, Replace patine et peine à créer une empathie pour les personnages et une histoire développant le sujet de la jeunesse éternelle incarnée par le Docteur Crober (Barbara Crampton qui se retrouve par loin d'une table d'opération comme dans Réanimator) qui suit le cas de la jeune patiente.

Dans sa deuxième partie, le film tend vers une explication dépassant le côté médical et entretenant l'idée d'une manipulation à plus grande échelle. Si le film renvoie au travail de David Cronenberg sur les chairs et le corps, il se rapproche plus de celui de son fils Brandon et de son Antiviral. Un univers clinique et froid à l'image du film dont on ressort avec la sensation que Norbert Keil est passé à côté de son histoire d'une femme à la recherche de son identité par le truchement d'un changement de peau, tandis qu'elle commence à ressembler à une momie sous l'effet de sa mutation physique. Au final, Replace laisse le spectateur sur sa faim, frustré par l'absence de ligne directrice, d'une photographie très terne, froide et d'une écriture mal maîtrisée dans un scénario un peu fourre-tout.

 

3/6

 

 

LES TUEURS FOUS – Polar urbain – Belgique/France - 1972 – Boris Szulzinger

 

En présence du réalisateur dans le cadre d'un cycle lui étant consacré

 

Pitch : Roland et Dominique, deux jeunes Bruxellois, trouvent chez un journaliste qui les entretient une carabine. Pour tromper leur ennui, ils décident de tester l’arme en forêt sur des cyclistes ou des motards, tout en photographiant leurs méfaits. S’en suit une odyssée sanglante…

 

 

Comme l'a expliqué le réalisateur en préambule, le film a failli être interdit car il relatait à l'époque les meurtres ayant ensanglanté les Yvelines en 1971. Alors que les agresseurs n'étaient pas encore jugé, la question se posait de savoir si une telle affaire pouvait avoir sa place au cinéma (on se pose moins le problème aujourd'hui). C'est le Garde des Sceaux en personne qui donna un visa de censure et permit la sortie de Les tueurs fous qui fut sélectionné aux Oscar comme meilleur film étranger. Le long-métrage ne sortit qu'en VHS et disparut de la circulation. Il obtient un statut de film culte auprès de pas mal de réalisateurs et c'est une copie issue de la Cinémathèque de Bruxelles que nous avons eu la chance de voir.

Les tueurs fous (Lonely killers pour la version internationale, et exploité chez nous sous le titre Le sexe de la violence) a été tourné à Bruxelles, dans les quartiers populaires et chauds presque comme un documentaire. Boris Szulzinger, qui avait réalisé Nathalie après l'amour en 1986, tourna ensuite Tarzoon, la honte de la jungle en 1975 et Mama Dracula en 1980. Si le film lui ouvrit les portes des Studios, comme il l'a évoqué, Les tueurs fous est une œuvre dure, froide et sans artifice où on suit la virée sanglante de deux paumés fréquentant les bars de quartiers et les boîtes gays.

Roland et Dominique parcourent ainsi la ville et la campagne armés d'un fusil avec l'objectif de tuer des innocents gratuitement. Au hasard de leur rencontre, ils assassinent, avec un détachement faisant froid dans le dos, n'importe quel quidam à l'instar de cet ouvrier sur son Solex, au début du film, coursé et abattu sous les rires soutenus des deux compères de tragédie. S'ils récupèrent l'argent de leur maigre larcin, ils se prennent en photo avec la victime comme après un safari animalier et envoient le résultat à une de leur connaissance journaliste homosexuel avec qui ils semblent partager quelques moments.

De par leur attitude détachée et leur arrogance contre la société, le film pourrait faire penser au duo formé par Depardieu et Dewaere dans Les valseuses. Sauf qu'ici, leur odyssée est criminelle et mû par l'absence de raison et sans réel but. Tuer devient ainsi un jeu pour détrousser les gens mais surtout pour passer du bon temps. Avec un naturalisme visuel, le réalisateur ne prend pas réellement partie pour ses deux personnages qui semblent complètement dépassés par la situation et ne dégagent aucune émotion ou compassion. Hormis pour le chat qu'ils découvrent dans une voiture volée pour l'occasion.

A la suite d'une traque très réussie dans la forêt, les deux hommes sont arrêtés après une équipée folle ayant fait plusieurs victimes et des séquences dans un Bruxelles gay certes un peu caricatural comme on pouvait le trouver dans certains films français des années 70. Si le film a un peu vieilli quarante-cinq ans plus, Les tueurs fous possède néanmoins cette puissance d'une folie ordinaire de personnages presque communs.

 

4/6

 

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