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8e jour à l'Etrange festival

Trois films au menu copieux du mercredi, jour des enfants et du n'importe quoi visiblement, avec un des derniers Takashi Miike, un SF movie (Terraformas), une adaptation de bande-dessinée complètement ratée (Officer Downe) et un petit film d'horreur français tourné en langue anglaise (Sam was here).

 

TERRAFORMAS – SF – Japon – 2016 – Takashi Miike

Pitch : Afin de rendre Mars habitable, des scientifiques y envoient des cafards génétiquement modifiés et des champignons. Cinq siècles plus tard, une expédition est envoyée pour éliminer les insectes et vérifier que la terraformation s’est bien déroulée.

 

Pour son énième film, Takashi Miike adapte un manga signé Yū Sasuga et Kenichi Tachibana. Ce qui pouvait passer en animation est plus difficilement concevable en live, même si ce bon vieux Takashi est capable de tout avec n'importe quel matériau. Le film commence dans un Tokyo futuriste ressemblant à un cousin nippon de Blade Runner où on découvre un couple se faire arrêter et qui, comme sentence, sera envoyé sur Mars pour aller tuer du cafard méchant. On se retrouve donc peu de temps après dans un vaisseau spatial transportant une quinzaine de repris de justice, de yakuzas et autres joyeusetés en direction de la planète rouge.

Comme Miike est aux commandes, on imagine bien que le voyage ne va être de tout repos mais c'est tout le contraire qui se passe. Hormis le chef resté sur Terre qui cabotine comme un cochon, les autres sont plutôt sages et les longs tunnels de dialogues se multiplient pour expliquer l'origine des malchanceux à l'aide de flashback. Arrivés sur Mars, nos astronautes japonais découvrent que les cafards ont muté et ressemblent à des humanoïdes ultra véners et très dangereux. Heureusement, la technologie a tout prévu et nos malheureux soldats vont découvrir que chacun d'entre eux possède des capacités supérieures suite à une opération effectuée avant de partir.

En effet, ils ont été modifiés génétiquement pour se transmuter en homme ou femme insecte en fonction du coléoptère ou de la fourmi choisis. Ce qui donne des résultats à l'élégance d'un Power Rangers mais à la force incroyable. C'est sur ce pitch très simple, à la sauce scientifique très relevée et périmée, que Miike construit son film comme du relecture de Starship troopers. Si on accepte l'infantilisation du concept et des maquillages pas toujours réussis, on reste sur sa faim quant au film à proprement parlé et aux scènes d'action, tant le scénario est très bavard au point de casser le rythme du film après chaque assaut.

Côté effet spéciaux, le début à Tokyo est magnifique et les scènes dans l'espace ainsi que les combinaisons blanches, ressemblant déjà à des armures, sont dans le même esprit. C'est un peu différent sur Mars qui est devenue une planète respirable avec l'apparition des cafards en CGI dont l'insertion à l'image est parfois limite, surtout lorsque des milliers d'individus se déversent sur le vaisseau pour se fighter avec les hommes-insectes se transformant à l'aide d'une aiguille à air comprimé. Des combats corrects dans l'ensemble en fonction des techniques d'attaques appropriés à chaque insecte dont une voix off (scientifique ?) nous explique les caractéristiques propres à chacun.

Paradoxalement pour un Miike, le film n'est pas si délirant que ça et certaines scènes semblent se figer à cause de discussions pendant les combats oubliant que des milliers d'ennemis sont tout autour. Dommage, car il y avait matière à réaliser un divertissement certes un peu débile mais jouissif. Au lieu de ça, on en vient à compter les minutes au milieu de longueurs plombant toute l'entreprise, à l'image du climax qui n'en finit plus de finir. Terraformas est donc un film très moyen possédant un certain potentiel mais gâché par un script trop didactique et un manque de folie (un comble pour Miike !) pour embarquer le spectateur avec lui sur Mars.

 

3/6

 

OFFICER DOWNE – Fantastoc – USA – 2016 – Shawn Crahan

Pitch : Mort pendant une mission, l’agent Downe ressuscite et compte bien continuer inlassablement son travail, mais avec des méthodes un peu plus radicales...

 

On croyait avoir tout vu avec le nanaroïde The Bodyguard, que l'Etrange festival nous plonge dans cet immonde Officer Downe, adaptation d'une bande-dessinée, apparemment inconnue chez nous, de Joe Casey et Chris Burnham. D'ailleurs le générique du début rappelle cette iconographie pour présenter les personnages. Cornaqué par Mark Neveldine à la scénarisation et à la production (Hypertension...) et réalisé par le fondateur et batteur du groupe Slipknot, dont c'est ici le premier film et pour le coup (ça se voit), Officer Downe rend un hommage involontaire aux pires films de la création.

Dès la 1ère scène, voyant débarquer le super flic Downe dans un laboratoire clandestin de fabrication de drogue, le malaise est palpable comme si on avait ressuscité le cadavre encore fumant de l'immonde Batman forever. Maquillage et cabotinage outranciers, cadrages à la Tonton Bernard un soir de réveillon, cette séquence donne le "La" d'un film absolument dégueulasse sur le plan visuel et au scénario pour enfants de 3 ans. En gros, c'est l'histoire d'un flic qui est ramené à la vie à chaque fois qu'il meurt, pour retourner combattre les méchants à Los Angeles. Un mélange de Robocop et de Judge Dredd sans aucun enjeu, sans direction artistique avec un mauvais goût pour la ringardise incompréhensible.

Parce que ce qui fait le plus mal dans l'histoire, hormis les gunfights sanglants et les têtes explosées, c'est qu'Officer Downe est filmé par un épileptique en crise permanente à tel point qu'on ne voit strictement rien des scènes de baston où la caméra est projetée à l'avenant dans tous les sens, accompagnée d'effets lumineux obligeant le spectateur à tourner la tête. Même pas un minimum syndical qui aurait, au moins, compensé une histoire de vengeance ridicule où se débattent des personnages grimés comme pour la fête à neuneu avec des costumes d'animaux, des nonnes tueuses, un maître de kung-fu black parlant asiatique et habillé par un stagiaire de chez Michou.

Il n'y a pas grand-chose à sauver de ce naufrage hormis le personnage de l'Officier Downe qui valait certainement la peine qu'on s'y intéresse. On a même mal pour Kim Coates (la série Sons of anarchy, Skinwalkers) d'essayer de faire vivre son personnage au milieu de cet enfant illégitime de la série Buffy contre les vampires et des Batman de Schumacher. Pire encore, le film est perclus de dialogues inutiles qui ralentissent le rythme dans un film où il ne se passe finalement rien et où les scènes d'action sont archies mal filmées.

Au final, Officer Downe est un ratage complet à tous les niveaux qui fait mal aux yeux et dont le résultat final n'a pu être sauvé au montage (même syndrome de tangage aigu ?). Comment les producteurs ont-ils pu laisser faire ce carnage visuel ? Le réalisateur avait-il oublié de retirer son masque du groupe Slipknot pendant le tournage ? Et, ce ne sont pas ces têtes explosées et yeux arrachés qui satisferont l'amateur de bis pour cette série Z hyper mal torchée qu'il est interdit de ressusciter. Merci pour Kim Coates et pour nous.

 

1/6

 

SAM WAS HERE – Fantastique – France/USA – 2016 – Christophe Deroo

 

En présence de l'équipe du film, et certainement de leur famille et de leurs amis.

Pitch : Perdu au fin fond du désert californien, un démarcheur cherche de nouveaux clients en passant de village en village. En vain. Alors que sa voiture tombe en panne et qu’un tueur rôde dans la région, il va découvrir l’hostilité de la population locale et sombrer peu à peu dans la paranoïa…

 

Après avoir réalisé quelques courts métrages, Christophe Deroo passe au long avec cette histoire étrange d'un homme livré à lui-même dans une zone désertique californienne où les motels sont les seuls oasis d'un paysage lunaire. On se doute bien que si l'équipe du film est partie aux Etats-Unis pour tourner en langue anglaise avec un acteur américain, c'est pour que le film soit vendu à l'international et a dû être plus facile à monter chez l'Oncle Sam que dans l'hexagone.

Sam was here a été tourné en 12 jours pour un budget certainement anémique et a le mérite d'exister dans le paysage du cinéma de genre français. Pourtant, si l'entreprise est louable, elle n'est pas exempte de défauts du fait d'un scénario peu ambitieux (certes pas de temps et d'argent) où le seul Sam (Rusty Joiner Resident Evil : Extinction) est le personnage presque unique de cette petite production. Construit comme un film gigogne, le début de Sam was here est long à se mettre en place pour faire valoir ses maigres enjeux scénaristiques.

Il faudra néanmoins saluer la belle photographie mettant en lumière les immenses paysages désertiques de la Californie et la musique très Carpenterienne de Christine (c'est pas un jeu de mots, c'est son nom). Et mettre en avant la performance tout à fait acceptable de l'acteur qui erre pendant tout le film à la recherche d'explications. Et des explications, il n'y en a pas beaucoup dans ce film s'apparentant plus à un court-métrage allongé (1h15 au total) qui aurait eu sa place comme segment d'un film à sketchs comme le récent Southbound, dont le lieu de l'action était similaire.

Sam was here lorgne ainsi du côté de la Quatrième dimension car le personnage principal se retrouve au cœur d'une situation où toute la population a disparu et les seuls autochtones qu'il croise veulent le dézinguer car ils le prennent pour un tueur en série. Un imbroglio alimenté par un animateur radio semblant manigancer le tout à distance. Si l'idée de base est intéressante, le film manque cruellement de rebondissements malgré l'apparition de personnages armés et recouverts de masque, voire de quelques saillies sanglantes venant ponctuer un spectacle difficile à mener jusqu'au bout.

De fait, il est dommage de ne pas exploiter certains points comme cette boule rouge dans le ciel paraissant d'origine fantastique mais jamais exploitée, ou cette incohérence quand Sam prend une bastos pour tuer un éléphant mais continue de se déplacer et de se battre comme si de rien n'était. Et, on se demande aussi pourquoi il n'essaie pas de fuir véritablement (peut-être parce qu'il n'y aurait plus grand-chose à raconter). Sam was here est donc un film minimaliste, trahi par son budget certainement riquiqui et son scénario un peu plat, ne parvenant pas à développer son histoire sur tout un long-métrage. Il faudra certes encourager cette production du cinéma de genre français avec son équipe qui a fait ce qu'elle a pu, et espérer qu'un jour un Jim Mickle ou un Jeremy Gardner naisse dans notre beau pays pour reprendre le flambeau de la résistance du cinéma comme un John Connor de la série B.

 

3,5/6

 

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Commentaires: 6
  • #1

    Rigs Mordo (jeudi, 15 septembre 2016 12:52)

    Je ne savais pas que le mec de Slipknot avait fait un film. Visiblement, ça a l'air aussi mauvais que sa musique, ahah! Sam Was Here semble intéressant, par contre le Miike a l'air moins catastrophique que ce que tu pensais, à te lire :) Beau report!

  • #2

    Roggy (jeudi, 15 septembre 2016 12:55)

    Je pense qu'il aurait pu s'abstenir et de toute manière, je ne connais pas sa musique. "Sam was here" est un tout petit film et le Miike peut se laisser mater sans déplaisir si on n'y met pas trop d'enjeux, parce que c'est quand même très bavard.

  • #3

    Alice In Oliver (jeudi, 15 septembre 2016 19:41)

    Bah mince alors, qui aurait pensé que
    OFFICER DOWNE battrait les records de nanardise de The Bodyguard ? Toutefois en tant que friandise et série Z, il m'intéresse...

  • #4

    Roggy (jeudi, 15 septembre 2016 21:58)

    Si tu arrives à tenir jusqu'au bout chapeau bas :)

  • #5

    Nola (vendredi, 16 septembre 2016 19:16)

    Je vois qu'on s'est fait la même réflexion en comparant The Bodyguard et Officer Downe, haha. Je ne sais même pas si on peut appeler ce film une série Z, comme le dit Alice in Oliver. C'est complètement hors catégorie...
    Et contente de te lire sur ce que je n'ai pas vu !

  • #6

    Roggy (vendredi, 16 septembre 2016 21:15)

    "Officer Downe" fait partie de cette catégorie des pires films que j'ai dû voir dans ma vie :)