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2e jour à l'Etrange festival

 

Première journée après l'ouverture à l'Etrange festival avec trois films très intéressants dans leur genre. On retrouve ainsi une comédie horrifique américaine (Patchwork) dans la veine de Re-Animator, un polar violent indien (Psycho Raman) et un conte fantaisiste australien plein de charme (Girl Asleep).

 

PATCHWORK – Comédie horrifique – Canada/USA – 2015 – Tyler McIntyre

Pitch : Ellie, Madeleine et Jennifer, trois femmes aux caractères radicalement différents, sont enlevées après une soirée particulièrement arrosée et assemblées en une seule et même personne. Elles partent à la recherche du coupable, bien décidées à se venger…

 

Avec Patchwork Tyler McIntyre adapte son propre court-métrage avec cette histoire de trois nanas qui se retrouvent enfermées dans un même corps suite à une opération pratiquée par un Docteur Frankenstein bien timbré. Un concept qui n'est pas sans rappeler le Frankenhooker de Frank Henenlotter mais pas seulement.

Dès l'entame, on retrouve un laboratoire miteux où des pseudos infirmiers s'affairent devant des restes de corps avec un humour qui donnera le ton de tout le film. Malgré l'horreur de la situation, Patchwork reste une comédie horrifique potache où les mutilations subies par les trois femmes seront sources de gags. A l'aide de flashbacks, on comprend comment Jennifer, Ellie et Madeleine, trois femmes esseulées et en mal de reconnaissance vont se faire kidnapper à la sortie du même bar dans le but de créer une femme parfaite composée d'un morceau de chacune d'elle. Grâce à ces retours en arrière, on devine aussi qui est à l'origine de cette opération diabolique.

Le réveil est brutal comme une mauvaise gueule de bois et la découverte de cet amoncellement de bouts de membres et de cicatrices entraîne déjà des problèmes. D'autant plus que cette nouvelle personne possède l'esprit des trois femmes enfermé dans ce corps qui a bien du mal à se déplacer de façon synchronisé. La bonne idée du film est de faire apparaître virtuellement les trois femmes originales lorsqu'elles discutent, ou plutôt se chamaillent, entre elles. Ce qui conduit forcément à des situations comiques, ne serait-ce que pour choisir des vêtements ou décider quoi manger. Aidé par un geek, ancienne connaissance de fac de Jennifer, les trois tiers de femmes vont chercher à se venger des auteurs de la chirurgie pas si esthétique.

Même si le film manque certainement de moyens, il possède un réel sens de l'humour sans jamais tomber dans la gaudriole ou le ridicule mais en proposant une évolution de la créature qui se découvre un goût pour le meurtre, surtout des hommes qui ont tenté d'abuser d'elles. Et il faut dire que les descendants d'Adam vont prendre chers. Présentés comme des benêts seulement régis par leurs pulsions bestiales, ils subiront une vengeance violente de la part de cette Frankenstein au féminin désormais dotée d'une force incroyable. Plus elle tue et plus elle s'enfonce dans la folie comme si son désir de sang n'était jamais inassouvie.

Traité sur le ton de la franche comédie, le métrage bénéficie également d'effets visuels assez gores comme on le retrouvait déjà dans le Re-animator de Stuart Gordon, film avec lequel Patchwork entretient vraiment des liens étroits (d'ailleurs, le réalisateur le remercie en particulier dans le générique de fin). Une filiation que l'on retrouve d'entrée avec la réanimation de la créature mais aussi à la fin du métrage en montrant l'apparition d'autres monstres issus des expériences du chirurgien fou. On pourra reprocher au film un manque de profondeur mais ces arguments sont balayés par le rythme du film qui ne se réduit jamais, les situations comiques et les bons mots qui parsèment tout le film.

Certes, la fin du métrage tourne un peu au Z involontaire avec la découverte d'autres créatures faisant penser au récent Frankenstein's Army de Richard Raaphorst, mais le tout reste dans un esprit sain dans un corps malsain, où la cohabitation des trois femmes dans un même corps tourne au pugilat mais toujours avec plaisir et humour. A noter pour finir, l'excellente apparition furtive d'un chat-hibou mémorable.

 

4/6

 

PSYCHO RAMAN – Polar – Inde – 2015 – Anurag Kashyap

Pitch : Mumbai. Ramanna, un tueur en série fasciné par un psychopathe des années 60, et Raghavan, un jeune policier, se livrent une lutte sans merci. Mais sait-on vraiment qui chasse l’autre ?

 

Il existe un cinéma indien parallèle à Bollywood où les chorégraphies, les chansons d'amour et les couleurs vives sont relégués dans les bas-fonds d'un pays gangréné par la corruption et la violence. C'est avec ce bois qu'est forgé Psycho Raman, un polar sombre et hardcore dépeignant la vie parsemée de morts d'un serial-killer et d'un flic aux méthodes plus que douteuses. Anurag Kashyap n'en est pas à son coup d'essai puisqu'on lui devait déjà des films coups de poings comme Gangs of Wasseypur ou Ugly.

Le film part d'un fait divers réel, en l'occurrence la vie de Raman Raghav, un serial-killer ayant avoué le meurtre d'une quarantaine de personnes dans les années 60. Si Psycho Raman (Raman Raghav 2.0 titre original) n'est pas un biopic, il se concentre sur l'existence de Ramanna (excellent Nawazuddin Siddiqui) émule du tueur qui cherche à l'imiter. Cette histoire romancée est aussi l'affrontement avec un flic violent et toxicomane Raghavan (Vicky Kaushal) qui le poursuit sans cesse avec la police.

Construit sous forme de chapitres personnalisés sur des personnages ou des situations, Psycho Raman est un polar âpre et sanglant au milieu d'une Inde bannie des cartes postales. A l'instar du magnifique Sunrise, le film montre l'envers du décor, les bidonvilles et les entrailles de l'Inde où la violence quotidienne se fond dans une société malade de ses traditions à bien des égards. Le film montre surtout l'errance d'un homme fou, persuadé de parler à Dieu, tuant à tout va sans but réel. Il expliquera à la fin du film que derrière ses actes, il n'y a pas de Dieu ou de motivations autres que son instinct. Face à lui, on suit aussi un jeune policier junkie qui s'enfile de la poudre dans les narines à longueur de journée, trompe sa copine et n'hésite pas à tuer des dealers pour récupérer sa dose.

On pourra regretter que le découpage en différents segments casse un peu la linéarité du métrage en multipliant les personnages et les points de vue. Néanmoins, le film, en plus d'être un thriller violent et sans concession, est aussi une dénonciation d'un pays aux pratiques d'un autre temps et à une culture excluant une partie de la société. Des charges que l'on retrouve souvent dans ce cinéma parallèle (beaucoup de ces films sont interdits en Inde par la censure).

Dans sa quête tueuse, Ramanna croise des enfants et des travailleurs pauvres, des sans-grades maltraités par une police ultra-violente usant de tortures pour faire avouer les suspects. Il y a également une violence sociale, comme avec le filc, dont on comprend son mal-être, du fait de ses rapports conflictuels avec son père qui le traite comme un chien parce qu'à 30 ans il n'est pas marié.

Dommage aussi que dans cette noirceur sans rédemption, le réalisateur place deux ou trois moments de répits avec des musiques sirupeuses et des ralentis pour accentuer les situations tragiques. Hormis cela, Psycho Raman frappe fort à l'image du tueur qui n'hésite pas à utiliser des bouts de ferraille pour frapper à mort hommes, femmes et enfants. Dans sa dernière partie, le puzzle se rassemble enfin avec la confrontation des deux hommes lors d'une séquence où le flic va tenter de maquiller ses propres méfaits grâce au serial-killer. Une fin originale rebattant les cartes du bien et du mal dans un film sombre où la violence brute n'est pas vraiment contre-balancée par des élans positifs.

 

4/6

 

GIRL ASLEEP – Comédie fantaisiste – 2015 – Australie – Rosemary Myers

Pitch : La veille de son quinzième anniversaire, Greta Driscoll s’accroche désespérément au monde de son enfance. Mais quand ses parents organisent une fête pour célébrer l’événement, la jeune fille se retrouve plongée dans un univers érotique et bizarre…

 

Pour son premier film, Rosemary Myers adapte une pièce de théâtre australienne traitant du tourment des adolescents pour passer à l'âge adulte. Mais, si la toile de fond s'apparente à un teen movie, Girl Asleep est aussi un film réussi, bourré de fantaisie et de trouvailles visuelles particulièrement originales et rafraîchissantes. La première bonne idée est de placer la situation dans une Australie des années 70, au son de tubes discos, de tenues et de coiffures reconnaissables entres toutes. Jusqu'aux objets du quotidien ou du papier peint, symboles d'une époque où toutes les outrances visuelles étaient autorisées.

C'est dans ce contexte qu'on suit Greta (Bethany Whitmore) adolescente mal dans sa peau qui refuse de grandir et se fait malmener à l'école. Dans son malheur, elle est accompagné d'un garçon Elliot (très bon Harrison Feldman), souffre-douleur lui aussi, et philosophe pince sans rire sur sa condition. Un attelage atypique qui se verra confronter à la dure réalité de l'anniversaire de Greta pour ses 15 ans. Tourné en 4/3, le film fourmille d'idées de mises en scène, ne serait-ce que la première scène en plan séquence où le dialogue entre les deux personnages est sans cesse parasité par des situations comiques en arrière plan. Par la suite, la réalisatrice nous immisce dans la vie de Greta entre sa mère un peu déjanté, son père moustachu et amateur de mauvaises blagues à table ou sa sœur plus âgée et embarquée dans une histoire d'amour avec un jeune homme charmeur qui n'hésite pas à draguer sa mère.

Girl Asleep possède une véritable patine vintage et un esprit décalé qui fonctionnent à merveille. Un humour absurde et intelligent qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de Wes Anderson dans sa première partie avec la description de la famille et des camarades de classe de Greta, dont un trio de filles composé de jumelles qui sèment la terreur. Tout au long du film et particulièrement dans sa deuxième partie, on pense forcément au travail de Spike Jonze voire de Michel Gondry pour les expérimentations visuelles et poétiques qui sont y distillés comme les photos qui bougent ou l'insertion de textes dans le cadre.

On est donc séduit par la forme du film mais aussi par la façon dont il traite de la difficulté de devenir une femme quand le corps change et que les désirs deviennent plus prégnants. C'est pour cela que Greta se raccroche à sa boîte à musique, relique d'une enfance qui s'enfuit avec le temps et renfermant des personnages fantastiques de conte de fées seul lien avec son passé. Au milieu du métrage, Girl Asleep bascule dans le fantastique quand Greta se retrouve propulsée dans un monde parallèle et fantasmagorique peuplé de créatures hybrides et quelque peu inquiétantes issus de sa boîte. A ce moment-là, le film marque aussi une rupture et perd son souffle en changeant de ton. Cette partie est une relecture d'Alice au pays des merveilles, où Greta suit un lapin blanc chargé de l'amener vers un passé révolu et d'en sortir définitivement.

Si cette partie n'est pas la plus réussie, elle ne dure pas trop longtemps (le film ne fait que 1h17) et on revient bien vite à une réalité plus ou moins parallèle et déformée comme l'apparition du chanteur français assez drôle dans l'attitude et les mots prononcés dans un français avec accent. Girl Asleep est donc une réelle découverte, originale et inventive qui retrace avec jubilation les tourments de l'adolescence avec un charme naturel assez rare. Certes, on pourrait penser que le film ne s'adresse qu'aux adolescentes en fleur, or il s'avère universel et accessible à tous. Comme votre serviteur qui, visiblement, possède un petit cœur de midinette au tréfonds de son goût pour les monstres et le sang, et derrière son torse bombé et velu...

 

4,5 /6

 

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Commentaires: 6
  • #1

    Rigs Mordo (vendredi, 09 septembre 2016 14:20)

    On dirait que c'était un bon jour, les trois semblent sympa (j'aime beaucoup le poster de Patchwork, très eighties dans l'esprit!), bon report en tout cas mon frère !

  • #2

    Roggy (vendredi, 09 septembre 2016 14:44)

    Merci mon ami pour ton commentaire. "Patchwork" est clairement fait pour toi si tu aimes "Re-animator" et "Frankenhooker". Quant aux autres films, ils sont bien différents dans le genre, mais pourquoi pas même si "Girl asleep" est sans doute moins ton genre. Remarque, on ne sait jamais :)

  • #3

    Nola (vendredi, 09 septembre 2016 21:16)

    Je suis bien contente que tu aies apprécié Psycho Raman et Girl Asleep (et bravo pour le grand écart !). Contente aussi de te lire sur Patchwork, j'hésitais avec un autre film, mais celui-ci est plus dans mes thèmes, alors banco ! De belles chroniques en tout cas, Roggy : la suite, la suite :)

  • #4

    Roggy (vendredi, 09 septembre 2016 21:27)

    Merci Nola ! Cette journée fut riche en bons films en passant d'un continent à l'autre en quelques minutes. De vrais découvertes qui font plaisir par leur éclectisme et leur originalité. La suite demain :)

  • #5

    Alice In Oliver (samedi, 10 septembre 2016 11:53)

    Bon visiblement, un 2e jour bcp plus convaincant que le premier. A priori, je serais plutôt intéressé par PSYCHO RAMAN

  • #6

    Roggy (samedi, 10 septembre 2016 22:44)

    Si tu aimes les films indiens sortant des sentiers battus, alors "Psycho Raman" devrait te plaire.