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Jour 2

 

ARCANA – Thriller fantastique – Japon – 2013 – Yoshitaka Yamaguchi

 

Pitch : A la poursuite d'un terroriste, le détective Murakami tombe sur Maki, une jeune fille qui semble impliquée dans une tuerie et possède le don de voir les morts.

Arcana est l'adaptation live d'un manga et (malheureusement) ça se voit se ressent. Mélange de plusieurs styles, le polar, le film d'horreur, de kung-fu, le métrage ne parvient jamais à s'élever au-dessus de ses ambitions et au final ressemble plus à une bouillie de cinéma qu'à un plat ragoûtant.

Le film commence d'ailleurs très mal avec une scène de baston mal filmée et un générique surdécoupé qui fait mal aux yeux relatant la tuerie à laquelle Maki aurait participé. Les scènes sont répétitives et très courtes (notamment les interrogatoires), cadrées avec les pieds et les acteurs sont dans la caricature permanente (le bon et le mauvais flic). La faute certainement à un budget insuffisant, les décors et les effets spéciaux ne sont pas très réussis, comme les fantômes. Murakami et Maki voit des morts qui leur demandent de les aider (comme dans Sixième sens).

A la limite, le film aurait pu se contenter d'être un horror-movie asiatique lambda (la jeune fille a de longs cheuveux noirs et aurait pu jouer chez Hideo Nakata) mais, le réalisateur boursouffle son récit d'une histoire d'alter-ego qui apparaissent chaque fois qu'une personne meurt. On se retrouve ainsi avec des doubles dans tous les coins. Heureusement, la police a créée une section paranormale très similaire à celle d'X-Files. Ils traquent ces fantômes à la Ghostbusters et sont en fait opposés à des sortes d'esprits bien vivants pratiquant les arts martiaux, grimés comme pour Halloween et se nourrissant de cœurs humains.

Le problème du film est qu'il navigue à vue sans générer aucune crédibilité autour des différents genres. En plus d'être laid visuellement, le film pâtit du jeu des acteurs, insupportables et dans l'hystérique permanente. Alors que son script est ridicule et ne parvient pas à s'inscrire dans une réalité propre, il n'est même pas fun, tant les combats sont illisibles, les effets à la ramasse et l'ambiance est plus proche du Z que de la série B.

 

Note : 2 / 6

 

 

WHITE GOD – Action canine – Hongrie/Allemagne/Suède – 2014 – Kornél Mundruczó

 

Encore une fois, l'Etrange sait nous surprendre avec ce film hongrois, ayant reçu le prix "un certain regard" à Cannes, mettant en scène des chiens !

Pitch : Lili, 13 ans, adore son chien Hagen, mais son père l’abandonne dans la rue. Tandis que Lili le cherche dans toute la ville, Hagen, livré à lui-même, découvre la cruauté des hommes. Il rejoint une bande de chiens errants prêts à fomenter une révolte contre les hommes. Leur vengeance sera sans pitié. Lili est la seule à pouvoir arrêter cette  guerre.

Ce film original met au centre de l'histoire un chien et une petite fille, le titre du film renvoyant directement au White dog de Samuel Fuller (dressé pour tuer en VF). White god commence par une scène incroyable où Lili, seule sur son vélo, parcourt les rues désertées de sa ville comme si elle avait été vidée de ses habitants. On se croirait dans le début de 28 jours plus tard de Danny Boyle. Des plans magnifiques réhaussés par l'apparition majestueuse d'une horde de chiens dévalant les rues à la poursuite de Lili. Une 1ère scène très forte. La suite est en fait un long flashback pour nous expliquer comment ils en sont arrivés là. Les deux personnages du film sont donc Lily et son chien Hagen. Très proches, ils sont séparés et le chien, perdu dans la ville, va très vite se faire ballader de fourrières en différents maîtres qui chercheront à l'exploiter pour le faire combattre dans des combats clandestins.

La force du film est de mettre au même niveau les destins de Lily et d'Hagen. Ce dernier va subir les avanies des humains. Il sera battu, drogué, entraîné à devenir un guerrier contre sa volonté. D'un autre côté, nous suivons Lily, pré-adolescente qui vit mal la séparation de ses partents et adopte un comportement insolent vis à vis de son père et de son professeur de musique. C'est peut-être le point faible du film. Les passages concernant Lily (les relations avec son père, son escapade dans la fête...) sont très longs et, me semble-t-il n'apportent pas grand-chose au récit et, même plombent un peu le rythme du film sur la durée (2h au total).

En revanche, dès qu'Hagen apparaît, le film s'avère passionnant car le chien (en fait il y a 2 chiens-acteurs) est magistral dans son interprétation, à la fois calin et attachant, il parvient à inspirer la peur et la cruauté à la fin du film. Le réalisateur va le considérer comme un personnage à part entière. Il nous montrera son parcours chaotique, comment il devient une arme, comme le destin d'un héros, un peu si j'osais, à l'instar d'un Conan.

White god pose aussi la question de l'existence des chiens errants dans de nombreuses zones urbaines (les plans d'éradication des chiens existent par exemple en Russie). Ce problème de la coextistence des humains et des animaux est exposée ici avec la maltraitance faite aux chiens dans les fourrières et leur utilisation à des fins mercantiles. Parce qu'Hagen est un esclave, asservi par les hommes et traité comme un marginal. On pourrait d'ailleurs voir ici une extrapolation de ce qu'il se passe dans les cités modernes avec l'exclusion des plus pauvres (les chiens sont des bâtards, des races non pures) au détriment des nantis.

Mais, le clou du spectacle vient dans la dernière demi-heure, quand Hagen, libéré de ses chaînes, se révolte contre les humains et décide de se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal. Une espèce de Rape and vengeance canin, tourné comme un Abel Ferrara. Si, au départ, le film fait penser à un gentil Walt Disney (la rencontre avec le petit chien, les courses-poursuites avec les chasseurs de la fourrière) la dernière bobine se transforme en une série B des plus réjouissantes. Car, dans son sillage, Hagen, tel César dans La planète des singes, va draîner derrière lui des centaines de chiens errants, éperdus de liberté et de violence.

Il faut souligner ici la qualité de la mise en scène, notamment pour diriger la horde de chiens (apparemment tous vrais !) dans les rues de la ville. Une photographie magnifique, amplifiée par une musique classique magnifiant l'assaut des canidés. Le film devient alors une course-poursuite et une bataille frénétique avec la police au milieu des barricades. Une violence graphique très sanglante, comme dans un giallo, avec des passants agressés (on pense aussi aux Oiseaux d'Hitchcock) qui se cristallise lorsque Hagen revient tuer tous ses agresseurs un par un. On se croirait dans un film d'horreur, les gorges sont arrachés, les membres déchirés.

Jusqu'à un final qui conduit la meute vers l'opéra où joue Lily (une scène qui rappelle les meilleurs films de zombies) qui s'enfuira vers l'abattoir où travaille son père. Même si on sent venir le dénouement grâce à la petite fille, la dernière image de tous les chiens allongés devant Lily est inoubliable, à pleurer de beauté. White god est donc une réussite de par son propos, sa réalisation et le parti pris jusqu'au-boutiste du réalisateur.

 

Roggy : 5-/6

Marina : 5 /6

 

 

The house of the end of the time – Fantastique – 2013 – Vénézuéla – Alejandro Hidalgo

 

Le cinéma de genre sud-américain franchit rarement les frontières, à de rares exceptions près, comme le récent La casa muda, de Gustavo Hernandez. Du coup, on est d’autant plus intrigué devant cette petite production vénézuélienne d’Alejandro Hidalgo. Et, on comprend pourquoi ce film a été un succès dans son pays. Dulce est condamnée à 30 ans de prison pour l’assassinat de son mari perpétré dans sa maison. A sa sortie de prison, elle retourne dans la maison pour tenter d’élucider le mystère.

Si le pitch est relativement simple, le film s’avère plus compliqué qu’il n’y paraît et il faudra être un peu patient pour comprendre l’histoire et profiter d’un scénario assez malin. Il faut dire que le film est très balisé dès le départ. Dulce se réveille chez elle, blessée et découvre le cadavre de son compagnon un couteau entre les omoplates. Le film va se construire en flashback grâce aux souvenirs de Dulce et s’articule autour de phénomènes bizarres comme si quelqu’un vivait avec elle dans la maison sans qu’elle puisse le voir. Elle entend des bruits, voit la poignée de la porte bouger. Du classique qui ressemble à un film de fantômes assez banal avec jumps scares (pas trop violents) en prime.

Alors que La casa del fin de los tiempos (titre en VO) suit son cours de manière linéaire à l’image d’un sage téléfilm (la photographie sombre renforçant ce côté) nous renvoyant à The second death de Santiago Fernandez Calvete,le film bascule enfin dans sa dernière demi-heure vers une toute autre direction. Une attente qui sera donc récompensée par ce revirement à tendance science-fictionnelle qui surprend et renvoie aux meilleurs exemples du genre. On pense fortement à l’excellent Timecrimes de Nacho Vigalondo ou à la comédie fantastique brésilienne L'homme du futur.

Alejandro Hidalgo prend un plaisir certain à créer des boucles temporelles, à imbriquer et faire percuter les scènes et les personnages. Rien de révolutionnaire, mais une idée originale, bien menée pour aboutir à une conclusion toute en poésie.

Dommage que le film manque un peu de rythme en son milieu et ne s’avère réellement intéressant que sur la fin. Néanmoins, il faut saluer la qualité de l’ensemble et notamment du scénario pour ce tout petit film vénézuélien, qui devrait inspirer pas mal de nos compatriotes qui ont souvent des ambitions démesurées, des scénars mal fichus et pas assez de moyens.

 

Note : 4- / 6

 

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Commentaires: 6
  • #1

    Rigs Mordo (samedi, 06 septembre 2014 19:24)

    Encore un excellent compte-rendu! Les deux derniers semblent en effet assez intéressant, surtout White God. Quant au premier, il me donne l'impression que j'ai souvent lorsque l'on cause d'adaptation de mangas: les japonais copient souvent la version papier sans penser que ce qui fonctionne dans les livres ne marche pas forcément aussi bien à l'écran. En prime, ils ont souvent tendance à te faire en 1h30 ce qui prend huit tomes à arriver dans la version papier, alors forcément on a un truc indigeste. Ton avis ne m'étonne donc pas, c'est fréquent...

  • #2

    laseancearoggy (samedi, 06 septembre 2014 22:18)

    Merci Rigs pour ton commentaire. "White god" est vraiment la bonne surprise du jour et je te le conseille vivement. Ca compense avec "Arcana" qui m'a saoulé grave dès le début. Une purge. Et, comme tu le dis, les adaptations de manga sont rarement réussies. Pour le film vénézuélien, c'est assez surprenant sur la fin pour un petit budget. Sympa au final.

  • #3

    alice in oliver (dimanche, 07 septembre 2014 07:56)

    perso j'aimerais bien voir white god: la chronique donne envie de le découvrir en tout cas

  • #4

    laseancearoggy (dimanche, 07 septembre 2014 10:09)

    Bon choix ! Un film surprenant et original qui mérite une vision.

  • #5

    Mr Vladdy (dimanche, 07 septembre 2014 12:12)

    Le cinéma japonais à une tendance à m'ennuyer en règle générale (même si il y à des exceptions). En revanche, la suite des films que tu cites me tente beaucoup. Je serais vraiment curieux de les découvrir. Tellement de films à voir et si peu de temps ^^

  • #6

    laseancearoggy (dimanche, 07 septembre 2014 12:34)

    Je te comprends pour le cinéma japonais. En revanche, pour les autres films, le but n'est pas de trouver le temps de les voir, mais d'avoir la possibilité et la chance de pouvoir les visionner même si je pense que "White god" devrait être visible. Merci de ton passage en tout cas :)