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PENNY DREADFUL


Saison 1 : 8 épisodes

Durée : 52 minutes par épisode

Date de création : 2014

Créateur : John Logan

Pays : USA/UK

Acteurs : Eva Green, Josh Harnett, Timothy Dalton...


Pitch : A Londres, en 1891, la population est confrontée à une série de meurtres atroces tandis que Sir Malcolm Murray s’entoure de bien étranges personnages pour retrouver sa fille disparue, Mina Harker.


Note : 5 / 6

Le titre de la série Penny Dreadful correspond à de petites publications du XIXe siècle, vendues pour un penny et destinées à un public populaire. Ces feuillets étaient apparemment emplis de monstres et d’histoires horrifiques saupoudrés d’érotisme. Ce sont ces œuvres bon marchés qui ont inspiré John Logan, scénariste prestigieux, en autres de Gladiator, Sweeney Todd ou Skyfall, pour élaborer une série rendant hommage à tout un pan de la littérature fantastique de cette époque.


Le club des monstres

Penny Dreadful est donc une série très ambitieuse dans sa construction pour faire cohabiter de la manière la plus cohérente possible les divers personnages issus d’un bestiaire bien connu des amateurs du genre. Plusieurs figures sont ainsi mises en exergue à l’image de celle du vampire, de la créature de Frankenstein ou de Dorian Gray. Toute une faune fantastique qui évolue dans un Londres victorien sombre particulièrement bien rendu tant au niveau des décors que des costumes. En cela, elle entretient beaucoup de liens avec un autre show se déroulant à Londres à la même époque, Dracula avec Jonathan Rhys-Meyer. Visuellement, la série est donc magnifique d’autant plus que la production (dont un certain Sam Mendes) s’est adjoint les services de plusieurs réalisateurs de qualité comme Juan-Antonio Bayona (L’orphelinat, The impossible).


Un casting 3 étoiles

Si Penny Dreadful est réussi c’est aussi grâce à ses acteurs rassemblant des têtes d’affiche et des comédiens plus confirmés. En premier lieu, il faut retenir la performance d’Eva Green (Dark Shadows, 300 : La naissance d'un Empire) en Vanessa Ives, médium torturée par ses propres démons, entre schizophrénie et communication avec l’au-delà. Ce qui nous vaut une séance de spiritisme mouvementée où la belle démontre tout son talent n’hésitant pas à se mettre à nu, au sens propre comme au sens figuré. A ses côtés, Sir Malcolm Murray est interprété par un excellent Timothy Dalton (James Bond) perclus entre la douleur de la disparation de son enfant et son désir de vengeance. On reconnaît aussi dans le rôle d’Ethan Chandler le très bon Josh Harnett (Pearl Harbor, 30 jours de nuit), disparu des écrans et qui montre que sa gueule et son charisme manquent au paysage cinématographique. Et il en est de même pour les seconds rôles très bien écrits et étayés comme Billie Piper (la série Dr Who) qui joue une prostituée tuberculeuse ou Rory Kinnear (Skyfall), émouvant en créature de Frankenstein. Une pléiade d’acteurs remarquables au service de dialogues de qualités.

La ligue des gentlemen extraordinaires

Le fil rouge sang de la série tourne autour de Sir Malcolm Murray recherchant sa fille (Mina Harker) enlevé par un vampire (il ne sera jamais nommé mais fait clairement référence à Dracula). Pour l’aider, il rassemble autour de lui un petit groupe chargé de traquer ces créatures de la nuit. Des monstres dentés loin des stéréotypes du vampire de Bram Stoker, mais plus proches de créatures hybrides, mélange d’un folklore à la fois égyptien et occidental. Un amalgame que l’on retrouve également dans l’attelage hétéroclite crée par Sir Malcolm, où apparaît aussi bien un expert américain en armes à feu, sorte de Buffalo Bill de foire, le Dr Frankenstein, une médium ou le Professeur Val Helsing. D’autres créatures sont présentes dans la série mais n’auront pas d’interactions directes avec ce récit, comme Dorian Gray (le personnage le plus effacé et dont l’utilité est discutable) ou la créature de Frankenstein. En revanche, en ne cherchant pas à faire coexister tous ces freaks, la série gagne en profondeur, ce qu’elle perd en linéarité du récit. C’est ce que n’arrivait pas à faire la version cinéma de La ligue des gentlemen extraordinaires de Stephen Norrington, tentative de film de super héros bancal et sabrée par les producteurs.


Penny aime les ruelles

En à peine 8 épisodes, Penny Dreadful parvient à créer un monde totalement crédible et à présenter des personnages atypiques grâce à une caractérisation très poussée. Ainsi, les scénaristes n’hésitent pas à développer le personnage de Vanessa Ives à l’aide d’un flash-back se déroulant sur un épisode complet pour mieux comprendre les origines de son mal-être. Une femme étrange et ambiguë (qui va comme un gant à Eva Green) sur laquelle repose la série, à l’instar des épisodes consacrés au docteur Frankenstein et à l’origine de ses créations humaines. L’apparition des personnages et leur interaction se fait avec parcimonie au fil des épisodes en les insérant le plus possible dans le quotidien (le Dr Frankenstein est médecin légiste) tandis que le nœud de l’histoire s’oriente autour des méfaits des vampires écumant toute la ville. Il faut presque prendre chaque épisode comme de petits moyens métrages indépendants mais se recoupant au final pour enrichir le contexte psychologique des personnages.

Noire Penny

Une des grandes forces de la série est de capitaliser sur les fêlures des personnages pour alimenter leurs réactions. Penny Dreadful est une série sombre, engluée dans le passé tumultueux de ses créatures. Au-delà de la figure bien connue de Frankenstein, les autres personnages ont un passé qu’ils portent comme des oripeaux indélébiles, à l’image d’Ethan Chandler très mystérieux et qu’il faut suivre jusqu’au bout. Cela se ressent aussi dans les scènes de combats lisibles, notamment avec des femmes vampires aux cheveux blancs (une référence aux films asiatiques ?), alternant avec des dialogues ciselés qui n’ennuient jamais le spectateur. Elles savent même se faire violentes quand le contexte l’exige (les cadavres entassés par les vampires, les séquences d’autopsie) voire extrêmement sanglantes avec la découverte d’un corps mutilé rappelant les exactions du tueur de Whitechapel. Une séquence qui nous renvoie directement à l’ambiance mortifère d’autres séries comme Hannibal.

Une série hommage

Si la série met en lumière de grands mythes de l’horreur, elle fait aussi référence aux grands classiques comme la créature de Frankenstein, présentée ici comme un être à la fois érudit et violent, travaillant dans un théâtre où se joue du Grand-guignol (l’ancêtre du gore). Chargé de l’intendance et des effets visuels, le monstre cousu de toutes pièces vit comme un paria aux yeux de la troupe à l’image du Fantôme de l’opéra. Sa première apparition surprenante et sanglante ainsi que les relations avec son créateur sont un des ressorts du show et justifient à elles seules le temps consacré à leur évolution. De la même manière, comment ne pas être bluffé par un des derniers épisodes, sorte de huis-clos, où va se pratiquer une séance d’exorcisme des plus éprouvants. Encore une fois, le talent des comédiens et la mise en scène au diapason nous glacent le sang comme un cousinage humble et réussi avec le légendaire Exorciste de Friedkin.

Au final, Penny Dreadful est une série de haut niveau agréable à suivre, à l’ambiance sombre et gothique, explorant plusieurs sentiers et un grand nombre de personnages, mais sans jamais tomber dans des facilités scénaristiques. On a presque l’impression d’être devant un film de cinéma du fait de la présence de comédiens au charisme évident et dont le background de chaque personnage est étudié jusqu’à la racine. Âpre, violent, poétique, Penny Dreadful rend un hommage enamouré à tous ces monstres magnifiques qui ont fait le bonheur de la Hammer ou d’Universal (et du nôtre !). En attendant la saison 2 avec impatience.

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Commentaires: 14
  • #1

    Rigs Mordo (jeudi, 26 mars 2015 19:51)

    Bon ben écoute, "vendu" j'ai envie de dire! Quand je tombe dessus en DVD, je prends! Hommage à l'âge d'or, esthétique Hammer, Timothy Dalton (trop rare si l'on veut mon avis!), le Londres des années 1800,... Très bel article en tout cas l'ami, qui m'a bien éclairé et m'a permis de savoir ce que devenait Josh Hartnet, je me posais la question il y a peu justement!

  • #2

    laseancearoggy (jeudi, 26 mars 2015 19:58)

    Merci l'ami ! Je pense que tu peux la mater les yeux fermés (enfin, façon de parler :) ). Je crois que Josh Harnett a pris du recul volontairement par rapport au cinéma ces dernières cinémas. Il prouve dans cette série qu'il est un bon acteur et possède un réel charisme.

  • #3

    Avel (samedi, 28 mars 2015 09:23)

    Une série que j'apprécie beaucoup. L'univers proposé ici est cohérent, les personnages sont développés comme il faut, les acteurs sont parfaits dans leur rôle.
    J'attends aussi la saison 2 avec impatience :D

  • #4

    laseancearoggy (samedi, 28 mars 2015 09:42)

    Je vois que je ne suis pas le seul à avoir apprécié la série ! Vite la saison 2 !

  • #5

    Tinalakiller (lundi, 30 mars 2015 14:50)

    Cette série a l'air bien et ça n'a pas l'air trop long. J'ai énormément de retard en ce qui concerne les séries mais je note celle-ci!

  • #6

    laseancearoggy (lundi, 30 mars 2015 18:50)

    Je pense que la série devrait te plaire. Comme tu l'écris, elle n'est pas très longue (8 épisodes) et mérite que tu t'y penches !

  • #7

    Tinalakiller (mardi, 31 mars 2015 14:00)

    Là en ce moment je fais le plein de séries à stocker (hum hum je passe par la case du... maaaal si tu vois ce que je veux). J'ai encore du boulot jusqu'à mai, donc je vais voir quelle série je vais prendre le temps de regarder tranquillou mais au pire, si je manque de temps, je découvre cette série cet été !

  • #8

    laseancearoggy (mardi, 31 mars 2015 18:38)

    Je vois ce que tu veux dire :)

  • #9

    alice in oliver (mercredi, 01 avril 2015 12:31)

    à Roggy et à tous: rien à voir avec l'article, mais je me permets de passer un message. Ouverture d'un nouveau blog avec Cinéma Choc. Voici le lien: http://cinemachoc.canalblog.com/

  • #10

    laseancearoggy (mercredi, 01 avril 2015 18:41)

    Ca fait plaisir de voir que tu es de retour !

  • #11

    Kapalsky (samedi, 04 avril 2015 13:49)

    Très belle série en terme de mise en scène, de production design, et la bande-son est aussi au diapason! Elle ne risque cependant pas d'avoir la popularité des cadors de la télé actuelle, bien dommage :/

  • #12

    laseancearoggy (samedi, 04 avril 2015 16:22)

    La série n'a peut-être pas l'aura et le succès d'une série comme "The walking Dead" mais, comme tu l'écris, sa qualité globale font de "Penny dreadful" un must dans le paysage télévisuel.

  • #13

    2flicsamiami (dimanche, 05 avril 2015 12:06)

    Tu me donnes envie de découvrir cette série, qui commence à se faire une jolie place dans le paysage télévisuel contemporain.
    "sa gueule et son charisme manquent au paysage cinématographique" : perso, Josh Hartnett ne me manque pas (tout du moins les personnages insipides qu'on lui forçait à jouer). Cela semble être moins le cas dans cette production.

  • #14

    laseancearoggy (dimanche, 05 avril 2015 14:30)

    Je ne suis pas d'accord avec toi sur Josh Barnett qui est un très bon acteur et le démontre dans cette série originale. Je te la conseille vraiment, tu ne devrais pas être déçu.