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DRACULA


Saison 1 : 10 épisodes

Durée : 42 mn par épisode

Date de création : 2014

Créateur et scénariste : Cole Haddon


Pitch : Dans les années 1890, Dracula est un entrepreneur américain fraîchement arrivé à Londres dans le but d'apporter la science moderne dans cette société victorienne qui, en parallèle, souhaite se venger des personnes qui ont ruiné sa vie plusieurs années en arrière. Seul petit problème, celui-ci va tomber amoureux d'une femme qui pourrait être la réincarnation de sa défunte épouse.


Note : 4- / 6


Cette nouvelle adaptation du personnage de Bram Stoker, déclinée en série de 10 épisodes, met l’accent sur le côté romantique et presque "humain" du comte Dracula. En effet, la série ressemble plus à un drame sur la vengeance qu’à un pur actioner décérébré.

 

Le comte est bon

Alors que les premiers épisodes ne laissaient augurer rien de particulièrement transcendant, Dracula se démarque du tout venant par la qualité de ses costumes, des décors d’un Londres réaliste (la série a été tournée en Hongrie) et surtout par un parti pris de ne pas suivre le classique de Bram Stoker, pour le tordre en retournant les situations et les personnages. Les scénaristes du show vont ainsi faire de Dracula un héros presque positif, doté d’un sens de l’honneur et cherchant à retrouver une forme d’humanité. De la même manière, le personnage de Van Helsing est vu comme une personne fourbe, manipulatrice, utilisant Dracula pour assouvir sa soif de vengeance. Pire, les deux ennemis jurés vont s’associer contre une organisation secrète. Un contre-pied salvateur qui donne un souffle différent à une histoire bien connue, même si on retrouve les personnages récurrents du roman comme Jonathan Harker (Oliver Jackson-Cohen, aperçu dans L’ombre du mal) ou Mina (Jessica de Gouw, actrice australien vue dans le récent The final hours).


Vlad l’entrepreneur

Pour agrémenter le tout, la série se dote d’un fond social relativement moderne dans cette Europe de la fin du XIXe siècle, en pleine révolution industrielle. En effet, Dracula et Van Helsing cherchent à intégrer le monde économique londonien pour mieux se l’approprier dans le but de détruire l’organisation de l’ordre du dragon, détentrice des rênes du pouvoir. Un front anti-capitalistique pour attaquer à la base une structure régie par l’argent. Un choix audacieux pour faire tomber la tête du dragon et aboutir à la vengeance. Dans son entreprise de destruction, Dracula entame la construction d’une machine permettant de créer de la lumière grâce à un système utilisant la géothermie issue de la force terrestre. Cette énergie révolutionnaire est aussi censée supplanter les autres ressources détenues par l’ordre du dragon. Ce qui nous vaut de belles séquences lumineuses avec un Dracula transmuté en magicien de foire. La série se fait alors plus dramatique entre jeux d’influences, de pouvoir et faux-semblants au milieu d’un aréopage mondain.


I, Dracula

Côté casting, c’est Jonathan Rhys-Meyers (également producteur exécutif) qui interprète Dracula. Un acteur découvert dans son rôle de prof de tennis dans Match point de Woody Allen et surtout pour la série Les Tudors, où il était l’incarnation d’Henry VIII. Deux personnages presque identiques pour une interprétation à la fois dans l’élégance et l’animalité, capable d’accès de violence et de désir sexuel. Oublier l’allure martiale de ce grand échalas de Christopher Lee ou le cabotinage d’un Gary Oldman dans le chef-d’œuvre de Coppola, Dracula sera ténébreux, attirant et fougueux. A ses côtés, on retrouve Thomas Kretschmann en Van Helsing. Détail très drôle puisque deux ans auparavant, il avait joué ce même comte dans le médiocre Dracula 3D de Dario Argento ! A noter aussi le personnage de Renfield, Nonso Anozie (Game of Thrones, Le territoire des loups), en bras armé musclé du comte, conscient des actes de son maître et assumant totalement sa personnalité. Autre personnage en forme d’hommage, un des opposants à Dracula, Browning, fait référence au réalisateur Tod Browning, pour une des premières adaptations du mythe en 1931.


Le comte de Monte-Cristo

Cette 1ère saison de Dracula est donc aux antipodes de la trame classique. Ici, l’objectif de Dracula et de Van Helsing est de se venger de l’ordre du dragon qui a tué les enfants du docteur et sacrifié Dracula comme un monstre. C’est le réel fil rouge de la saison qui nous est rappelé constamment par des flashbacks assez redondants. Une association de circonstances pour lutter contre l’organisation secrète s’apparentant à une secte avec rituels ésotériques, échanges de sang et cérémonies conspirationnistes. Une guerre ouverte s’engage alors entre le comte et l’organisation s’entourant de sbires, de chasseurs, de médiums pour repérer et anéantir les vampires résidant à Londres.

Les ramifications de l’organisation s’étendent dans le domaine économique et elle possède sa propre armée avec à sa tête Lady Jayne Wetherby (Victoria Smurfit) en traqueuse de vampires, guerrière redoutable et adepte des armes blanches. Son seul problème est qu’elle tombe sous le charme de Dracula sans savoir que le beau brun n’a pas vraiment le cœur qui bat pour elle. La série se permet alors quelques débordements sanglants de têtes coupées, de membres arrachés d’assez bel effet, lors des combats réglés de manière anachronique rappelant un peu trop des techniques asiatiques qu’on retrouve dans plusieurs productions actuelles.


Dracula, le diurnambule

Une autre caractéristique du show est de présenter positivement le personnage de Dracula. Il s’éprend de Mina qui lui rappelle sa bien-aimée disparue et tentera de la conquérir comme une pulsion incontrôlable à l’image de sa soif de sang qu’il essaie de juguler grâce à sa volonté. Pour intégrer le monde des vivants (et pour être présent lors des assemblées d’actionnaires de sa société !), Dracula a besoin de se déplacer la journée. Ne supportant pas le soleil, le docteur Van Helsing (par intérêt personnel) l’aidera en inventant un antidote lui permettant de se déplacer en plein jour. Si, au départ, la durée n’est que de quelques minutes, progressivement, le sérum agit pendant plusieurs heures lui assurant une vie presque normale, à l’image de l’humain qu’il n’est plus mais qu’il souhaite redevenir. Les séquences d’injection sont très réussies, renvoyant à tout un pan de l’imagerie fantastique, comme si Dracula se muait en créature du docteur Frankenstein, engoncé sur sa machine électrique. L’électricité lui ranimant le cœur avant absorption du liquide de vie.

Au final, Dracula est une série qui tient la route du fait d’acteurs solides, de décors et d’effets visuels distillant bien une ambiance à la fois gothique et moderne. Le faible nombre d’épisodes (10) est suffisant pour mettre en place les différents enjeux de l’histoire, les rapports de force entre les personnages, même si certains passages peuvent sembler un peu long, notamment lors de scènes dramatiques entre des personnages secondaires.


Apparemment, la série n’a pas convaincu puisqu’il ne devrait pas y avoir de saison 2.

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Commentaires: 8
  • #1

    Rigs Mordo (lundi, 08 décembre 2014 19:50)

    Je suis un peu mitigé: je ne suis pas très série, Dracula j'ai la sensation d'en avoir un peu fait le tour, mais d'un autre coté tu vends plutôt bien le bazar... Donc je ne sais pas, pourquoi pas un jour, si un coffret en solde me passe devant le nez! En tout cas, joli dossier Roggy, il laisse des marques dans la nuque!

  • #2

    laseancearoggy (lundi, 08 décembre 2014 20:03)

    Merci Rigs. Tu as raison, ce n'est pas une série mémorable, il y en a d'autres à voir avant. Je ne sais pas si je la vends bien (j'ai pas de royalties dessus :) ) mais il y a de bonnes choses dedans comme les acteurs, les décors et certains concepts comme la peur du soleil. Décidément, tu vas m'envoyer une sacrée facture :)

  • #3

    Mr Vladdy (lundi, 08 décembre 2014 20:21)

    Pas vu cette série, je serais en tout cas très curieux de la découvrir. En tant que Vlad, je suis curieux a tout ce qui touche à Dracula ;-)

  • #4

    laseancearoggy (lundi, 08 décembre 2014 20:24)

    Mon Dieu, Vlad est dans la place ! Et oui, une biographie qui te ressemble :) J'espère que tu la verras et que tu nous donneras ton avis.

  • #5

    ingloriuscritik (mardi, 09 décembre 2014 12:42)

    On ne change pas un clavier qui gagne , donc encore une très bonne chro , qui sait les faire sortir...les crocs !
    le risque de me "jeter" dans une série c'est qu'en général je suis plutôt du genre jusqu'au-boutiste , et donc quand le truc me mord j'ai du mal a lacher . Et j'ai déjà pas mal a mater , en format ciné . Mais pour ce recentrer sur le sujet , et ce Dracula , tu vend bien l'entretien avec ce vampire , mais un peu a la manière de rigs , je verrai si je tombe sur une opportunité ,car j'ai quand même la sensation d'avoir fait le tour du personnage . mais merci de relayer ces beaux papiers , que je prend toujours autant de plaisir a lire .

  • #6

    laseancearoggy (mardi, 09 décembre 2014 13:53)

    Merci beaucoup pour tes commentaires, je prends toujours plaisir à les lire :) Je pense aussi que les diffuseurs ont vite compris qu'une deuxième saison serait peut-être superfétatoire. Que dire de plus sur le personnage de Dracula, sans tomber dans les clichés du genre ?

  • #7

    Avel (jeudi, 11 décembre 2014 11:31)

    J'ai bien aimé cette série. Parfois quelques longueurs, mais je me suis attachée à ses personnages. J'ai beaucoup apprécié les acteurs !

  • #8

    laseancearoggy (jeudi, 11 décembre 2014 20:02)

    C'est dommage que tu te soies attachée aux personnages car il n'y aura pas de suite à cette première saison. Tu as raison, il y a quelques longueurs mais l'ensemble tient plutôt bien la route.