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OUR HOUSE

 

GENRE : Ex Machina

REALISATEUR : Anthony Scott Burns

ANNEE : 2018

PAYS : Canada/USA/Allemagne

BUDGET : ?

ACTEURS PRINCIPAUX : Thomas Mann, Nicola Peltz, Percy Hines White...

 

RESUME : Une machine invoque des esprits, désirables et indésirables, au sein d'une famille endeuillée.

 

MON HUMBLE AVIS

Our house est le remake d'un petit film indépendant américain Phasma ex machina de Matt Osterman sorti en 2010 et passé inaperçu. Un film de fantômes comme il en sort à la pelle me direz-vous, mais la cohérence du projet et l'ensemble du casting tirent le long-métrage d'Anthony Scott Burns (le segment Father's day dans l'anthologie horrifique Holidays) vers le haut du panier. Le drame familial se noue à l'aune d'un fantastique de plus en plus prégnant s'immisçant dans les interstices du deuil avec une certaine justesse.

La qualité du film repose sur sa capacité à prendre son temps pour présenter les membres du famille dont la vie se brise quand les deux parents décèdent dans un accident de la route. Ethan (Thomas Mann, Amityville : the awakening) est alors obligé de s'occuper de son frère Matt (Percy Hynes White, Rupture) et de la petite Becca (Kate Moyer) dans la maison familiale. Il laisse également de côté sa petite-amie Hannah (Nicola Peltz, Transformers : L'âge de l'extinction) avec laquelle il menait un projet scientifique qui aurait permis de créer de l'électricité à distance grâce à une machine un peu étrange entre la platine à disque et un vieil amplificateur. Des éléments certes décalés dont l'alchimie se propage adossé à une intrigue à multiples tiroirs et surtout des personnages à l'empathie évidente.

L'atmosphère passe ainsi du film indé US sur une phratrie en deuil, à la SF un peu surannée à la Wargames, jusqu’aux rives du ghost movie pur jus en filtrant avec les horreurs d'un tueur revenu d'entre les morts. Et ce qui aurait pu s'avérer indigeste fonctionne grâce à une belle harmonie dû à la performance des acteurs, malgré un pitch surréaliste, une machine à électricité qui permet de communiquer avec l'au-delà. Si cette phratrie rappelle celle du Secret des Marrowbone (Sergio G. Sanchez, 2017), force est de constater que ces enfants soumis à eux-mêmes génèrent plus d'attachement. Le chagrin, les récriminations et les relations avec les autres sont disséqués sans emphase mais avec réalisme, contre-balançant à merveille le côté fantastique du long-métrage.

Porté par une caméra délicate et atmosphérique, le scénario se déploie à plusieurs niveaux sans jamais négliger ses personnages tourmentés par le décès de leurs parents et la possibilité de communiquer avec eux par le biais d'une technologie artisanale. Privilégiant l'aspect humain, les effets spéciaux se font discrets dans la première partie avant de basculer dans un fantastique plus frontal dans la dernière bobine. L'ensemble est ainsi entouré d'une atmosphère de suburbs américaines proches à bien des égards de l'excellent It follows (David Robert Mitchell, 2014) dans son approche de l'irrationnel sans jamais tomber dans le ridicule ou la redondance. A ce titre, le script embrasse de nombreuses thématiques et fraye avec de multiples genres accompagnés par un travail sur les couleurs évoquant subrepticement le giallo ou le film de fantômes plus traditionnel. C'est sans doute ce qu'on pourrait reprocher le plus au film. Par instant, Our house tombe pourtant sur les écueils du jumpscare.

La mise en scène évite néanmoins de se crasher sur ces passages obligés et propose une alternative crédible, pour des séquences réussies et jamais gratuites, avec un désir de faire avancer le récit. Certains personnages secondaires ont une importance toute particulière pour développer l'histoire (le voisin le regard fixe derrière sa fenêtre obsédé par les visions de sa femme morte) ou le pote de Matt en spectateur apeuré des apparitions de l'entité matérialisée sous la forme d'une fumée noire. Sur les dernières minutes, le film change encore de voilure et navigue sur les eaux troubles de l'horreur pour un résultat final à la fois original et pertinent. Our house fait sacrément le job et la nique à bon nombre de productions fantastiques basées avant tout sur un concept et des effets visuels au détriment de personnages forts et émouvants.

 

4,5/6

 

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Commentaires: 4
  • #1

    titi70 (mercredi, 07 août 2019 18:50)

    J'ai beaucoup aimé ce film que j'ai trouvé vraiment réussi. Les personnages sont attachant, c'est bien joué et le scénario est plutôt bien écrit. Our House n'invente rien, mais, dans le genre, ça reste largement recommandable.

  • #2

    Roggy (jeudi, 08 août 2019 19:31)

    Une très bonne surprise en effet pour un film sorti d'un peu nulle part. Ca change de l'horreur actuelle très formatée.

  • #3

    Princécranoir (lundi, 12 août 2019 17:22)

    Voilà qui donne envie ! Un style qui flirte avec plusieurs genres et le côté un peu suranné façon "WarGames" pour couronner le tout titille ma curiosité. Je vais ce titre "in the middle of my street".
    Belle chronique, il faut que je vienne plus souvent !

  • #4

    Roggy (lundi, 12 août 2019 19:04)

    Merci ! J'espère que le film te plaira. Un long-métrage hybride bourré de références mais qui fonctionne réellement. Franchement, une très belle surprise oui :).