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THE OFFENCE

 

GENRE : Que justice soit faite

REALISATEUR : Sidney Lumet

ANNEE : 1972

PAYS : USA/GB

BUDGET : 1 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Sean Connery, Trevor Howard, Ian Bannen...

 

RESUME : L'inspecteur Johnson officie dans la police britannique depuis plus de vingt ans. Tous les meurtres et autres enquêtes dont il s'est occupé l'ont profondément marqués. Cette douleur intérieure qu'il a gardé en lui durant toutes ces années surgit au grand jour lorsqu'il met la main sur Baxter dont il est persuadé qu'il est l'auteur d'une série d'agressions sur des petites filles...

 

MON HUMBLE AVIS

Le film commence par une longue séquence où on suit la caméra dans les locaux de la police, aboutissant dans une pièce où il y a un homme à terre et un Sean Connery hagard. S'ensuit un début de bagarre pour le maîtriser. Une très belle entrée en matière pour un film qui sera construit en flashback pour comprendre cette scène.

The Offence est une œuvre âpre, lente, presque naturaliste dans cette banlieue morne de l'angleterre du début des années 70. La photographie terne renforce encore cette impression de lourdeur inéluctable d'où ne peut qu'émerger le malheur. Suite à l'agression d'une fillette, un quidam (Baxter) est arrêté et se retrouve interrogé par l'inspecteur Johnson. Persuadé qu'il est l'agresseur, il s'acharne physiquement et moralement sur lui jusqu'à le tuer.

Sidney Lumet (Douze hommes en colère) choisit d'abord de filmer les paysages urbains simplement et de manière ample. En revanche, il réalise des gros plans sur les visages comme s'il cherchait à pénétrer l'âme des personnages. Dans ce rôle de flic obsédé par ses propres démons intérieurs, Sean Connery est magistral. Alors qu'il est en pleine gloire (James Bond), il accepte de casser son image pour devenir un être malsain plongeant irrémédiablement vers la folie. Car l'inspecteur Johnson est hanté par les scènes de crime qu'il a découvertes. Elles le rongent au point qu'il en devient irrascible, violent et fou. C'est certainement une des plus grandes prestations de Sean 007 Connery. Caché derrière sa moutache, il semble fatigué, perdu et vieux (il a 43 ans en 1972) malgré sa stature imposante.

La mise en scène de Lumet est au diapason de l'ambiance glauque. Les scènes sont peu nombreuses mais longues et donnent encore plus de relief à la dégradation mentale de l'inspecteur Johnson. Elles sont construites comme des affrontements en huis-clos. Il y a d'abord la séquence avec la femme de Johnson, qui lui sert de défouloir pour exorciser ses démons, mais qu'il ne voit pas et qu'il rabaisse même, la qualifiant de vieille et de laide. Si l'interrogatoire du suspect est le fil conducteur du film, une autre scène de confrontation met en lumière la folie de Johnson. Après la mort de Baxter, Johnson est interrogé par l'inspecteur Cartwright (Trevor Howard) dans une longue scène qui n'est pas s'en rappeler le Garde à vue de Claude Miller en 1981. Au-delà du débriefing par son supérieur, Cartwright agit comme un psychologue tentant de sauver un esprit déjà disparu dans les lymbes de l'aliénation.

En guise de dénouement, le réalisateur nous refait vivre la séquence d'ouverture, mais cette fois-ci du point de vue de Baxter. Grâce à des dialogues ciselés et une interprétation sur le fil du rasoir, le duel entre les deux hommes penche d'un côté puis d'un autre. C'est avant tout un combat mental où les mots sonnent comme des coups et aboutissent à dévoiler une vérité sordide. Une fin assez terrible pour un grand film d'acteurs où brille la classe d'un Sean Connery en pleine descente aux enfers.

Pour l'anecdote, le film ne sortit en France qu'en 2007 car à l'époque, on craint pour la notoriété du meilleur agent secret de sa Majesté...

 

NOTE : 5 / 6

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Commentaires: 4
  • #1

    Rigs Mordo (samedi, 26 juillet 2014 21:16)

    Ca semble excellent, je ne connaissais pas non plus (décidément!). J'aime beaucoup Connery donc je ne vois pas pourquoi je me retiendrais, en voilà un qui s'ajoute à la liste. Avec toi elle ne cesse de s'allonger, tu veux ma mort ! ;)

  • #2

    laseancearoggy (samedi, 26 juillet 2014 21:25)

    Désolé Rigs de gonfler ta liste de films à voir :) mais celui-là vaut le coup, surtout si tu aimes Sean Connery. Et, sois rassuré, je prévois d'autres titres pour que ta liste devienne noire à force d'y inscrire le titre de nouveaux films. Courage Rigs !

  • #3

    Princécranoir (samedi, 26 juillet 2014 22:44)

    Superbe chronique pour ce film honteusement mis au placard pendant des années et dont la sortie fut sabotée par les diffuseurs. Et pourtant, comme tu le dis, la prestation de Connery est phénoménale (il avait déjà bien donné pour Lumet dans "la colline des hommes perdus") et la réalisation d'une puissance phénoménale. Je n'avais pas pensé à "garde à vue" en le voyant mais ça me semble effectivement clair que Miller, en bon cinéphile qu'il était, avait dû voir ce grand film de Lumet.

  • #4

    laseancearoggy (samedi, 26 juillet 2014 23:02)

    Merci pour ton commentaire. J'ai vraiment été bluffé par ce film et par Sean Connery que je ne connaissais pas dans ce style de rôle. Comme quoi le personnage de James Bond n'aura pas fait que l'aider dans sa carrière.