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IT COMES AT NIGHT

 

GENRE : Retiens la nuit

REALISATEUR : Trey Edward Shults

ANNEE : 2017

PAYS : USA

BUDGET : 5 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Joel Edgerton, Kelvin Harrison Jr., Carmen Ejogo...

 

 

RESUME : Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu'il a mis en place est soudain bouleversé.

 

MON HUMBLE AVIS

Passé quelque peu sous les radars cinés des surprises à découvrir, It comes at night (le nouveau film du réalisateur de Krisha) est un petit long-métrage sans prétention mais réussi entre le post-apo, le film d’infectés et le huis-clos. Sans révolutionner une proposition de cinéma déjà éreintée jusqu’à la moelle, il réussit à créer quelque-chose d’assez rare, une ambiance oppressante et suffisamment singulière (à l’instar du Canadien Les affamés) pour attirer l’attention d’un spectateur constamment abreuvé d’œuvres linéaires sur des sujets redondants.

A ce titre, on est immédiatement saisi par la séquence d’ouverture voyant un homme malade propulsé dans une tombe improvisée pour être exécuté froidement et brûlé sans acrimonies ni perversité. Très vite, Trey Edward Shults instaure un climat malaise au sein duquel un couple et leur enfant survivent dans une maison au milieu de nulle-part, véritable camp retranché où chaque son, chaque vibration devient suspect et source de tension. De cette nature virginale, émane une invisible menace qui se concrétise par une infection semblant se propager par le contact humain. Même si on ne saura pas énormément de choses sur son origine (à part scruter quelques indices, des affiches sur les murs), le postulat de départ reste crédible dan un scénario privilégiant les rapports humains à l’action à tout crin.

Il faut dire que le casting est en adéquation avec le projet, à commencer par le chef de famille Paul (Joel Edgerton, bouleversant dans Loving), excellent dans ce rôle de père attentionné et garde du corps de sa femme Sarah (Carmen Ejogo, Selma) et de son fils Travis (la révélation Kelvin Harrison Jr., The birth of a nation) se révélant bien plus ambiguë et forcément plus intéressant. Son personnage est en fait la pierre angulaire, le prisme par lequel le scénario s’immisce et se déploie notamment au travers de ses rêves quotidiens. Par ses cauchemars, Travis fait progresser le récit comme s’il anticipait déjà les événements à venir. Une histoire bouleversée par l’arrivée d’un autre couple (Will et Kim) et de leur fils tissant une relation fraternelle où la méfiance et la trahison irisent le film. It comes at night marche ainsi en permanence sur le fil comme un équilibriste se rattrapant aux branches de l’existence face à l’angoisse d’une fatalité rôdant tout autour.

Au-delà des scènes classiques de trouille et de disparition du chien très proche de Travis, le film distille des séquences plus décalées à l’instar de celle dans la cuisine où la tension sexuelle est à son paroxysme, avec un jeune homme s’éveillant aussi à des sentiments contradictoires au milieu d’un chaos à l’issue inexorable. A la fois doux et éthéré, It comes at night se fait plus violent dans la dernière bobine au moment où le chien blanc, symbole de pureté, fait son retour et avec lui toute une série d’interrogations (on pourrait presque penser à The Thing). Le climax bascule également sur un événement fortuit et malheureux, et entraîne une folie destructrice faisant rejaillir la véritable nature humaine lors de moments tragiques, seule rédemption à cette terreur irrépressible et au désir de vivre à tout prix.

D’aucuns soulèveront la lenteur de quelques plans (visuellement magnifiques) et l’absence de grands enjeux, sans comprendre que le film est tourné sans effets de mise en scène, mais juste à hauteur d’hommes et de femmes permettant de s’identifier et de ressentir leurs peurs primales, l’enfermement, la solitude et donc la mort. Au final, le film réussit le pari de concilier à la fois des thématiques fantastiques tout en développant une atmosphère de fin du monde où l’humanité tente de prolonger le combat en s’accrochant à ce qui peut encore l’être. Entre naturalisme et envolées lyriques lors des séquences de rêve, le long-métrage remplit son office de réflexion sur la nature humaine, la vacuité et cette course impossible vers la survie. Porté par des images magnifiques et un casting de qualité, It comes at night surprend par sa maîtrise tout autant qu’il génère souffrance et malaise. Même si la fin peut paraître plus convenu, il ne faudrait pas mésestimer cet essai surtout au regard du tout venant farcissant les étagères déjà bien chargées d’un genre devenu obèse.

 

4/6

 

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Commentaires: 2
  • #1

    alice in oliver (vendredi, 22 juin 2018 11:12)

    ça fait un moment qu'il me tente puisque le film est facilement dispo en streaming, ce n'est pas le premier avis dithyrambique que je lis à son sujet. Je sais ce qu'il me reste à faire, donc !

  • #2

    Roggy (vendredi, 22 juin 2018 18:23)

    Le film devrait te plaire, vraiment.