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DON’T BREATHE

 

GENRE : La maison de l’horreur

REALISATEUR : Fede Alvarez

ANNEE : 2016

PAYS : USA

BUDGET : 10 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Jane Levy, Dylan Minette, Stephen Lang...

 

RESUME : Pour échapper à la violence de sa mère et sauver sa jeune sœur d’une existence sans avenir, Rocky est prête à tout. Avec ses amis Alex et Money, elle a déjà commis quelques cambriolages, mais rien qui leur rapporte assez pour enfin quitter Détroit. Lorsque le trio entend parler d’un aveugle qui vit en solitaire et garde chez lui une petite fortune, ils préparent ce qu’ils pensent être leur ultime coup.

 

MON HUMBLE AVIS

Précédé d’une solide réputation et d’un succès au box-office ricain, Don’t breathe est un home invasion très classique au final. Certes, le cinéaste uruguayen Fede Alvarez (le remake gore et remarqué d’Evil dead c’est lui), toujours cornaqué par Sam Raimi et sa société de production Ghost house pictures, maîtrise son sujet et rend une copie très correcte bien au-dessus des sorties annuelles du genre sans jamais se départir d’un classicisme et d’une esthétique faite pour satisfaire le plus grand nombre. N’oublions pas qu’on vogue sur le navire filial de Raimi...

Depuis que la ville de Détroit a sombré dans la crise profonde au point de devenir un presque vaisseau fantôme, elle est source de lieux de tournage à l’instar de la Nouvelle-Orléans après le passage de Katrina. On se souvient encore de l’excellent It follows, dont la cité abandonnée devenait le théâtre de l’horreur. C’est donc dans ce no man’s land urbain qu’Alvarez situe son action en confrontant une bande de jeunes en quête de flouze à un ancien militaire aveugle bien décidé à défendre son trésor et son territoire. Il suffira de quelques minutes de présentation du trio de voleurs pour entrer directement dans le vif du sujet avec ce huis-clos particulièrement efficace.

Une efficacité qui est clairement la force du film mais aussi sa probable faiblesse. En effet, dès que l’on voit la maison apparaître sous une allure terrifiante voire gothique (représentée d’ailleurs sur l’affiche comme une cousine d’Amityville) le spectateur, averti par la vision de bien d’autres bandes du genre, aura déjà compris les tenants et aboutissants de Don’t breathe. D’ailleurs, le réalisateur ne se prive pas pour laisser des indices très perceptibles pour la suite du récit. Ce qui fait que la première partie du film s’avère prévisible (le flash forward de la première séquence est à mon sens une erreur), malgré la dextérité d’Alvarez pour faire vivre son scénario, à l’image de ce magnifique plan séquence suivant les protagonistes lors la découverte de la maison.

De la même manière, comment ne pas imaginer que le vétéran endormi ne se réveille enfin pour foutre le boxon et s’attaquer à la petite troupe. Sauf qu’ici il est aveugle, ce qui rend les événements un peu plus originaux notamment dans la 2e partie du métrage s’avérant beaucoup plus intéressante en terme d’enjeux quand le Papy de l’US Army se prend pour Rutger Hauer dans Vengeance aveugle. Avant cela, le scénario ne prend pas trop de risques à tel point qu’on se demande pourquoi les « invités » ne prennent pas la poudre d’escampette plus tôt ou ne s’attaquent pas à leur agresseur pour en finir. A ce moment-là, on sent bien que les scénaristes jouent sur tous les ressorts pour faire durer le suspense au détriment d’une plus grande véracité.

Contrairement aux productions actuelles qui tendent à s’essouffler (Green room pour ne pas le nommer), le film se bonifie progressivement en devenant plus nerveux grâce à de nouveaux rebondissements et des partis de narration plus frais comme lorsque le militaire arrête l’électricité et plonge la maison dans le noir profond reprenant ainsi l’avantage sur ses hôtes non désirés. Filmée avec une vision nocturne, cette séquence prend tout son sel et relance l’action. Une bonne idée renforcée par la performance des acteurs qui assurent le spectacle malgré des personnages quelque peu stéréotypés à l’image de la blonde de service Rocky (Jane Levy déjà présente dans Evil dead), de son copain caillera Money (Daniel Zovatto, It follows) ou de son pendant estampillé gentil Alex (Dylan Minette vu dans Chair de poule). Sans oublier un Stephen Lang (Avatar) toujours aussi charismatique avec son visage taillé à la serpe et sa prédisposition au close combat.

Une dernière idée qui révèle un côté éminemment politique pour ce scénario original prônant, d’une certaine manière, la peur des agressions et le recours à l’auto-défense par les armes. Un sujet dans l’air du temps qu’on retrouve également dans le très récent The neighbor de Marcus Dunstan avec lequel Don’t breathe entretient pas mal d’accointance. Surtout par le fait que ce sont des home invasion inversé où le chasseur devient la proie de son occupant. Ce ne sont pas les seules influences et on pense à Seule dans la nuit de Terence Young, à Panic Room de David Fincher et même à Cujo. Au final, Don’t breathe est un film divertissant, bien mis en scène avec une montée du suspense (sans abus de jump scares dangereux pour la santé du spectateur), certes au détriment d’une empathie pour les personnages. On pourra aussi s’interroger sur l’originalité du sujet et de son traitement (le film est quasiment dépourvu d’effets sanglants, contrairement à Evil dead du même auteur, rendant incompréhensible son interdiction aux moins de 16 ans !) pour ce thriller de bon niveau qui n’ennuie jamais sans atteindre non plus le sommet annoncé.

 

4/6

You fuck my wife ?
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Commentaires: 13
  • #1

    Rigs Mordo (lundi, 31 octobre 2016 21:10)

    Je ne prêtais guère attention au film mais tu me donnes envie, même si je n'aime pas trop Dylan Minette. Mais j'ai confiance en Fede Alvarez, tu parles en bien du métrage, le principe est cool: vendu quoi !

  • #2

    Roggy (lundi, 31 octobre 2016 21:48)

    Merci l'ami et j'espère que le film te plaira malgré ses quelques scories :)

  • #3

    Alice In Oliver (lundi, 31 octobre 2016 21:56)

    C'est vrai que j'ai lu de véritable dithyrambes sur cette pellicule qui s'annonce comme le meilleur film d'horreur de l'année. Or, j'apprends qu'il s'agit d'un thriller, une sorte Panic Room inversé mais visiblement efficace, mais la claque annoncée

  • #4

    Roggy (lundi, 31 octobre 2016 22:25)

    La tagline est largement trompeuse. Le film est efficace mais n'est pas un chef-d’œuvre non plus.

  • #5

    Avel (mercredi, 02 novembre 2016 12:20)

    Pareil que Rigs Mordo : ta critique donne envie de voir ce film. :)

  • #6

    Roggy (mercredi, 02 novembre 2016 14:17)

    Merci ! J'espère que l'attente sera à la hauteur de mon écriture :)

  • #7

    Peter Hooper (mercredi, 02 novembre 2016 15:05)

    Je partage globalement ton point de vue. Globalement même si la mise en scène ne représente pas une mise en abime du thriller en mode huis-clos, je trouve cependant qu'Alvarez a essayé de nous proposer une autre approche de ce sous-genre avec pas mal de variation au niveau de l'éclairage qui hausse ce métrage au dessus du tout venant actuel (sans trop de mal toutefois...) . Les changements de focales et de filtres de salle en salle sont "intelligents" , comme ces ruptures incessantes de ton qui permettent de ne pas suffoquer dans cet enfermement avec les protagonistes, et distillés de manière paroxysmique (très twisté d'ailleurs) . Je suis moins radical sur le jeu des ados, qui la aussi change des clichés habituels en rigueur .
    Une sacré surprise au final malgré des clins d'œil (dont tu cites un bonne partie) appuyés . Et je n'ai pas toujours le bonheur de voir cela au cinoche par les temps qui courent !

  • #8

    tinalakiller (mercredi, 02 novembre 2016 15:06)

    Ce film m'intéressait mais je fuis de plus en plus les films d'horreur & co à cause d'un public saoulant et en plus les horaires n'étaient pas top. Mais j'espère le rattraper dans quelques mois !

  • #9

    Roggy (mercredi, 02 novembre 2016 19:14)

    A Peter Hooper,
    Je suis d'accord avec toi et même sur la qualité des jeunes qui sont plutôt crédibles malgré le fait que leur caractère soient bien complémentaires. Au final, c'est bien fait mais pas mémorable non plus pour moi.

  • #10

    Roggy (mercredi, 02 novembre 2016 19:18)

    A Tinalakiller,
    Attention, ce n'est pas vraiment un film d'horreur mais plutôt un home invasion. Un thriller qui dérape en film d'épouvante légèrement sur la fin.

  • #11

    princécranoir (jeudi, 03 novembre 2016 05:51)

    Je déserte un peu les salles ces temps-ci et en lisant ta chronique, je me dis que j'aurais quand même pu faire l'effort jusqu'à "Don't breathe" (il faut dire que le nom d'Alvarez et le souvenir de son pénible "Evil dead" n'étaient pas très engageants).

  • #12

    Roggy (jeudi, 03 novembre 2016 17:17)

    Je t'avoue que je n'ai pas vu le remake d'"Evil dead" mais je pense qu'Alvarez est un bon réalisateur. Ce qu'il prouve avec ce thriller très agréable à défaut d'être original.

  • #13

    tinalakiller (lundi, 07 novembre 2016 13:49)

    Hélas, beaucoup d'ados ne prennent pas le temps de se renseigner et ne font pas nécessairement la différence entre toutes ces notions ! :o :p