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DOCTOR SLEEP

 

GENRE : Shining 2

REALISATEUR : Mike Flanagan

ANNEE : 2019

PAYS : USA

BUDGET : 45 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX  : Ewan McGregor, Rebecca Ferguson, Kyliegh Curran...

 

 

RESUME : Encore profondément marqué par le traumatisme qu'il a vécu, enfant, à l'Overlook Hotel, Dan Torrance a dû se battre pour tenter de trouver un semblant de sérénité. Mais quand il rencontre Abra, courageuse adolescente aux dons extrasensoriels, ses vieux démons resurgissent. Car la jeune fille, consciente que Dan a les mêmes pouvoirs qu'elle, a besoin de son aide : elle cherche à lutter contre la redoutable Rose Claque et sa tribu du Nœud Vrai qui se nourrissent des dons d'innocents comme elle pour conquérir l'immortalité.

 

MON HUMBLE AVIS

Le King n’est pas mort. Non pas le crooner de Memphis, mais l’écrivain du Maine qui, en 2013, avait donné une suite à son mythique Shining sous le titre Doctor Sleep. Adoubé par le papa de Carrie et tant d’autres rejetons, Mike Flanagan (Pas un bruit, Ouija : Les origines, et surtout l’excellente série The hill of haunting house) se lance dans l’adaptation du roman. Pas si facile pour le réalisateur de Gerald’s game (déjà adapté de Jessie de Stéphane Roi lui-même) de s’attaquer à un livre (à la réputation moyenne mais que je n’ai pas lu) dont la filiation directe renvoie à un roman légendaire. Et pourtant, Flanagan ne s’en tire pas si mal avec cette suite attendue au tournant très escarpé sans forcément chercher à égaler le chef-d’œuvre cinématographique de Stanley Kubrick. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles le King a validé l’adaptation, histoire d’en remettre une couche sur sa détestation du long-métrage de Kubrick.

Accompagnée par une caméra aérienne, les quelques notes de musique inspirées par Berlioz instaurent d’entrée une descendance directe avec le film de Kubrick comme un passage de témoin entre les deux longs-métrages et un regard dans le rétroviseur nécessaire avant de retrouver le petit Dan Torrance à l’âge adulte sous les traits d’Ewan McGregor (The ghost writer). Devenu grand, le petit Danny s’adonne à la boisson pour oublier les traumas légitimes de son enfance même si les fantômes de son passé le rattrapent régulièrement par l’entremise de conversation avec ses amis imaginaires. Sur cette base, Flanagan prend le temps de présenter son héros délabré et de multiplier les points de vue grâce aux différents personnages qui vont lui servir de moteur. Secte démoniaque nourrie à la sève de gosses et enfants aux pouvoirs paranormaux seront de la partie dans Doctor sleep d’une durée conséquente (2h30), certes un peu longuette dans sa première partie mais jamais ennuyeuse au point de s’améliorer dans la seconde, au moment où la confrontation entre les multiples personnages se fait jour.

Si le réalisateur ne s’attache semble-t ’il pas à tous les aspects du roman, il développe néanmoins l’addiction à l’alcool de Dan (on connaît les problèmes de King à ce sujet), seul refuge de son traumatisme enfantin, et en fait le terreau sur lequel il construit son récit en forme de rédemption. En changeant de lieu de vie et de métier, Dan continue de dispenser ses dons dans un hôpital pour personnes en fin de vie. D’où son titre de "Docteur Sleep" attribué par les malades. C’est dans cette nouvelle existence qu’il fait la connaissance d’Abra (excellente Kyliegh Curran), jeune fille également dotée de pouvoir, le fameux Shining donnant à ses hôtes des capacités psychiques hors du commun jusqu’à être remarquée par Rose (Rebecca Ferguson, La fille du train) et sa troupe d’illuminés. Une espèce de bandes de démons hippies faisant le tour des Etats-Unis à la recherche d’enfants aux méninges sur-développées et capable de communiquer par télépathie.

Rose et les siens absorbent et se nourrissent littéralement de l’énergie vitale de ces enfants spéciaux notamment lors d’une séquence particulièrement éprouvante où le marmot est presque boulotté de l’intérieur. Cette scène de cannibalisme mental n’est que le prélude à l’affrontement final situé dans la citadelle emblématique de Shining, le maléfique hôtel enneigé Overlook qui avait pourtant été brûlé dans le premier opus. King accepte cette distorsion de l’histoire et laisse Flanagan ré-ouvrit les portes de la bâtisse, et convoquer de vieilles connaissances fantomatiques, jusqu’à certains personnages familiaux afin de boucler cette satanée caisse à souvenirs insurmontables. A l’instar de Spielberg avec Ready player one, Flanagan réinvestit les couloirs, la moquette à carreaux et la chambre 237 pour faire revivre certaines séquences mythiques du Shining de Kubrick. Fan service ou hommage enamouré, en tout cas le metteur en scène choisit ce lieu comme théâtre de son climax.

Si l’ensemble du métrage manque peut-être un peu d’émotion et génère peu d’angoisse pour les protagonistes, le casting apporte son écot à la bonne tenue du long-métrage, à commencer par un Ewan MacGregor parfait en Danny Torrance balançant sur le fil de la folie face à une Rebecca Ferguson tout en sensualité vénéneuse dont l’objectif ultime est de s’approprier la substantifique moelle de la jeune Abra. Bref, on pourra toujours ergoter sur certains choix narratifs, l’absence de caractérisation de nombreux personnages ou la dernière bobine dans l’hôtel, mais ce serait comme essayer de le comparer au Shining de Kubrick. Sans atteindre sa puissance, Doctor sleep se sort de l’ornière dans laquelle il aurait pu s’enfouir et propose une lecture personnelle du roman de Stephen King à la fois horrifique (les meurtres d’enfants) et fantastique (le magnifique voyage mental de Rose dans la tête d’Abra). A l’image finalement d’un 2010 de Peter Hyams en 1984, Doctor Sleep fait le job quand on le prend comme un segment indépendant, sans passer sous les fourches caudines de la vindicte populaire. L’honneur est donc sauf.

 

4/6

 

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Commentaires: 7
  • #1

    Rigs (jeudi, 14 novembre 2019 20:09)

    Bien belle chro, as usual! Je peux pas trop commenter sur le film : je l'ai pas lu, j'ai jamais lu un King en entier, et en plus mon Kubrick est un peu rouillé. Mais je pense tenter l'aventure de ce Doctor Sleep, que tu vends bien.

  • #2

    Roggy (jeudi, 14 novembre 2019 20:15)

    Sans être un chef-d’œuvre, ce "Doctor sleep" se laisser mater avec plaisir malgré la longueur. Il manque un peu d'émotion, surtout en comparaison du récent "Joker" mais dans l'ensemble le résultat est très loin d'être infamant. Le film possède même des qualités visuelles et un bon casting. Pas si mal quoi :).

  • #3

    alice in oliver (lundi, 18 novembre 2019 23:26)

    c'est vrai qu'on pouvait craindre une telle suite, surtout à l'aune du premier chapitre, réalisé par le maître Kubrick "himself". Mais je constate que ce 2e opus possède de solides argumentaires.

  • #4

    Roggy (lundi, 18 novembre 2019 23:34)

    La grande qualité du film est justement de ne pas copier le film de Kubrick surtout dans la première partie (c'est moins évident dans le climax). Si on peut reprocher certaines choses au film de Flanagan, il me semble que le résultat final penche plutôt du bon côté de la balance.

  • #5

    titi70 (dimanche, 01 décembre 2019 16:18)

    C'est rare, mais, pour une fois, je crois avoir préféré le film au bouquin. Clairement, j'ai adoré ce retour à l'hotel Overlook et, pour moi, ce film est la confirmation que Mike Flanagan est un grand réalisateur.

  • #6

    titi70 (dimanche, 01 décembre 2019 16:22)

    Par contre, tu écris "le maléfique hôtel enneigé Overlook qui avait pourtant été brûlé dans le premier opus." Je pense que tu parle du livre original, car, si tu évoque le film de Kubrick, il y a une erreur. A la fin du long métrage, Danny et sa mère fuient l'hôtel et laisse Jack Torrance marchant dans la neige, mais, le bâtiment est toujours en état.

  • #7

    Roggy (dimanche, 01 décembre 2019 16:34)

    Oui, je n'ai pas précisé mais je parlais du livre de Stephen King et non du film de Kubrick.