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DETOUR

 

GENRE : Chemins de traverse

REALISATEUR : Christopher Smith

ANNEE : 2016

PAYS : UK/Afrique-du-Sud

BUDGET :

ACTEURS PRINCIPAUX : Tye Sheridan, Emory Cohen, Stephen Moyer...

 

Pitch : Harper, un jeune étudiant, accuse son beau-père d’être responsable de l’accident qui a plongé sa mère dans le coma. Lors d’une nuit d’ivresse, il confie à deux inconnus, Johnny et Cherry, un stratagème pour se venger. Le couple accepte pour 20 000 dollars de s’occuper du beau-père.

 

Christopher Smith est un des meilleurs artisans du genre avec des films qui ont marqué toutes une génération à l'instar de Creep, Triangle ou Black death. Après six ans d'attente, dont un conte de noël et une mini-série, le Briton revient avec un thriller malin et une histoire gigogne nous faisant dire que le réalisateur en a encore sous la pédale.

Sous l'égide du polar noir (on voit d'ailleurs une scène du Détour de 1945 de Edgar George Ulmer) avec lequel il entretient une filiation évidente, Christopher Smith construit un récit à multiples facettes où la mise en images serait au service de son histoire. Un script resserré autour de peu de personnages dont Harper (Excellent Tye Sheridan vu dans Mud ou encore Joe) qui va s’acoquiner, avec comme objectif de tuer son beau-père, avec un petit délinquant Jonnhy (Emory Cohen, Brooklyn) et sa compagne d'infortune Cherry (Bel Powley) qu'il utilise comme appât pour détrousser les gens. Un trio hétéroclite pour une virée en enfer.

La qualité première de Detour réside dans sa mise en scène où la caméra fluide se balade entre les personnages au milieu d'une scénographie étudiée au millimètre au service d'un scénario à tiroirs particulièrement efficace. Impossible de dévoiler son contenu pour préserver la surprise, mais le réalisateur construit et déconstruit son film comme s'il avait créé des réalités parallèles s'imbriquant parfaitement au final. Un travail de montage aux petits oignons rehaussé par des trouvailles visuelles permanentes grâce à l'utilisation de split-screens à bon escient.

Au-delà de sa qualité technique, Detour possède un ton et un humour portés par des acteurs magnifiant chaque dialogue avec une verve et un décalage très jouissifs. A l'image de la scène du contrôle de flic ou du personnage de Franck, interprété par le massif et excellent John Lynch (Black death) en chef local et tenancier d'un bordel de campagne. Sur les routes désertiques menant à Las Vegas, le voyage n'est pas de tout repos notamment grâce à la virtuosité de Christopher Smith pour faire rebondir son récit à l'aide de subterfuges de mise en scène et d'une distorsion de la réalité, renvoyant le spectateur dans ses certitudes à chaque plan.

Detour est à la fois un polar bien troussé, un récit émouvant sur la perte de contrôle et sur les choix d'un homme ou d'une femme dans une vie basculant sur un coup de tête, mais aussi un film à la mise en scène monumentale en manipulant le spectateur et le temps qu'on n'avait pas vu depuis un bon moment. Si le film possède un côté vieux film d'Hollywood, mâtiné d'une intrigue tordue à la Hitchcock, il est néanmoins bien ancré dans sa modernité pour un spectacle étonnant retombant toujours bien sur ses pattes et montrant surtout que Christopher Smith est indispensable au cinéma actuel.

 

5/6

 

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