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THE CURED

 

GENRE : Boys don't die

REALISATEUR : David Freyne

ANNEE : 2018

PAYS : Irlande/UK/France

BUDGET : ?

ACTEURS PRINCIPAUX : Ellen Page, Sam Keeley, Tom Vaughan-Lawlor...

 

RESUME : Des années après que l'Europe ait été ravagée par le virus Maze qui transforme les humains en monstres cannibales, un antidote est enfin trouvé. Sean Brown est hanté par ce qu'il a fait. Alors qu'il revient vivre chez sa belle-sœur devenue veuve, la peur et la suspicion risquent de plonger de nouveau le monde dans le chaos.

 

MON HUMBLE AVIS

Les invasions zombiesques sont aussi fréquentes que les retards de train en France. Alors quand se profile à l’horizon ce nouveau wagon d’infectés irlandais, le spectateur abreuvé de sandwichs triangulaires à la chair putréfiée se dit que le voyage risque d’être long. Que nenni ma bonne dame, The cured propose le point de vue de créatures revenues de l’autre côté du périph des cervelas atrophiés dans un long-métrage privilégiant la tension réflexive au shoot'em up décérébré. Et ça fonctionne plutôt bien, la micheline prend sans encombre les courbes d’un scénario tendu comme un caténaire un soir de départ en vacances.

Pour son premier long-métrage de fiction, David Freyne dresse le portrait de personnages infectés par un virus les métamorphosant en zombies affamés et sauvés grâce à un traitement. Or, cette caste de survivants ne plaît pas à tout le monde, surtout pas à une population saine qui trouve que le retour de ces anciennes créatures sanguinaires a le goût d’une soupe aux asticots. Pas évident pour ces rapatriés du monde des zomblards de réapprendre la vie et d’être considérés comme des parias parmi les leurs. Senan (Sam Keeley, Monsters: Dark Continent) a néanmoins de la chance d’être accueilli par sa belle-sœur Abbie, Ellen Juno Page, pas rancunière malgré la perte de son mari massacré par un infecté. Cornaqué par Conor (Tom Vaughan-Lawlor, Infiltrator), un autre "revenant", Senan tente de trouver sa place au milieu de ce foutoir, tandis que des cauchemars récurrents lui rappellent régulièrement sa condition antérieure.

Comme l’avait fait en son temps Bob Clark avec Le mort-vivant, et son vétéran du Vietnam revenu d’entre les morts, le réalisateur immerge son récit dans une Irlande contemporaine divisée entre communautés et entourée de militaires suspectant chaque personne d’appartenir aux rangs des infectés. Car si les trois-quarts des "guéris" paraissent en bonne santé, 25 % d’entre eux bavent toujours autant et ne cherchent qu’à bouffer de l’humain. Cette catégorie est enfermée à double tour et leur sort doit croiser l’abattoir malgré les discussions agitant le pays. En extrapolant, The cured possède une résonance politique toute particulière quant au destin de personnes extrêmement dangereuses et dont la société ne sait pas quoi faire, entretenu par la paranoïa de ces exclus vivant en centre d’accueil (la famille n’en veut généralement pas) et s’organisant pour obtenir des droits comme tout bon citoyen.

Un parallèle à double sens dans une Irlande percluse entre catholiques et protestants où le terrorisme cristallise une situation tendue et inextricable. En essayant de s’extraire de leur condition, Senan et Conor provoquent les autorités et mettent en péril le fragile équilibre d’un pays encore perturbé par le virus Maze (affiches sur les murs en évidence). La force de The cured est de parvenir à entremêler le caractère social de ce pays traumatisé par son passé et de développer un véritable film d’infectés à la fois violent et élégiaque. Des créatures présentées ici comme des malades susceptibles de revenir à la vie pour lesquelles on compatit grâce également à l’apport d’un casting sérieux et impliqué, notamment Tom Vaughan-Lawlor, rappelant la folie d'un Robert Carlyle. Dans son rôle d’ancien infecté et candidat politique, Conor manipule son entourage afin d’assouvir ses desseins et générer un chaos prenant corps dans la dernière bobine.

Sans tambour ni trompette, David Freyne (également ici scénariste) construit un film à la tension palpable dans une ville en guerre perpétuelle. Chaque coin de rue, chaque passant transporte avec lui un malaise prégnant qui donne au film une aura de post-apo social sombre et mélancolique. Certes, on sent bien les limites de l’exercice (et du budget), à vouloir tout embrasser, Freyne se perd peut-être un peu dans les méandres de sa parabole, mais génère néanmoins au final une empathie pour ses personnages, même les plus malsains. Cette absence de manichéisme est entretenue par un secret entourant Senan et dévoilée par de courts flashbacks intenses. Entre 28 jours plus tard et même Citadel (de Ciarán Foy autre réal irlandais), The cured trouve son chemin parmi les cadavres encore fumants et ceux ayant réussi à passer au-dessus. Encore une fois, la lumière a jailli de l’autre côté de la Manche dans ce petit film d’infectés intelligent proposant une réelle alternative à un genre déjà trop exploité.

 

4/6

 

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Commentaires: 4
  • #1

    alice in oliver (vendredi, 03 août 2018 20:15)

    Un genre usé jusqu'à la moelle en effet, mais on pourrait en dire autant du slasher, du torture porn et de l'exploitation à outrance du paranormal. Bien envie de découvrir ce curieux maelstrom entre 28 jours plus tard et Citadel, d'autant plus que les deux films sont antagonistes

  • #2

    Roggy (vendredi, 03 août 2018 20:31)

    Ce n'est pas forcément un reproche mais plutôt une constatation et souvent le niveau des films d'infectés n'est pas toujours au top, à mon sens.

  • #3

    MrVladdy (mercredi, 08 août 2018 21:43)

    Tiens, je n'avais jamais entendu parler de ce film. Son affiche et son synopsis m'intrigue pourtant. Pourquoi pas à l'occasion ;-)

  • #4

    Roggy (mercredi, 08 août 2018 23:38)

    Vas-y, jette-toi tu ne seras pas déçu ;)