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CREEPY

 

GENRE : Mon voisin pas très beau

REALISATEUR : Kiyoshi Kurosawa

ANNEE : 2016

PAYS : Japon

BUDGET : ?

ACTEURS PRINCIPAUX : Hidetoshi Nishijima, Yuko Takeuchi, Teruyuki Kagawa...

 

RESUME : Un ex-détective devenu professeur en criminologie s’installe avec son épouse dans un nouveau quartier, à la recherche d’une vie tranquille. Alors qu’on lui demande de participer à une enquête à propos de disparitions, sa femme fait la connaissance de leurs étranges voisins.

 

MON HUMBLE AVIS

Après une escapade en langue française avec Le secret de la chambre noire et avant la sortie de son nouvel opus de SF Avant que nous disparaissions, Kiyoshi Kurosawa se retrouve sur les écrans avec Creepy, thriller parano adapté d'un livre japonais de Yutaka Maekawa. Un film de commande en quelque sorte entre faux semblants et relations de voisinage difficile.

L'auteur de Kairo fraye toujours avec le genre mais délaisse pour un temps ses fantômes et l'approche fantastique de son cinéma. Il revient ainsi au thriller pur et dur autour d'une enquête non résolue comme c'était déjà le cas en 1999 avec le très bon Cure. Creepy s'apparente à la fois à une étude de mœurs menée en parallèle d'une enquête plus classique. Le film commence ainsi par une scène d'interrogatoire violente entraînant le traumatisme de Takakura (Hidetoshi Nishijima, qui a déjà joué pour Kurosawa dans License to live en 96) lui faisant quitter la police pour devenir universitaire. Takakura donne désormais des cours sur les serial-killers et explique déjà la suite du métrage en catégorisant chaque type de tueur et en l'occurrence une plus difficile à cerner et à repérer.

Le réalisateur nous donne déjà les clés de son film d'autant plus quand Takakura s'installe avec sa femme Yasuko (Yuko Takeuchi, vue dans Ring) dans un quartier résidentiel. Très vite, le couple comprend que les riverains sont un peu chelous à l'image de la dame fort peu sympathique qui n'accepte pas leur cadeau de bienvenue. Mais c'est surtout le voisin d'à côté Nishino (Teruyuki Kagawa, Shokuzai, la série des 20th Century Boys) qui semble le plus bizarre. Dès sa première apparition, son visage particulier et son allure nonchalante créent une forme d'effroi latent. Il a malheureusement pour lui une tête de psychopathe et ses attitudes gestuelles, son langage traduisent un malaise ambiant. Si on ajoute à cela les intuitions ataviques de l'ancien policier, tout est réuni pour en faire le coupable idéal retranché dans sa maison et ses secrets.

Comme à son habitude, l'entrée dans le cinéma de Kiyoshi Kurosawa est très lente à l'instar de la première moitié du film. L'installation de la famille et de la découverte du voisinage est montée en parallèle des cours dispensés par Takakura et de la réactivation d'une affaire jamais élucidée avec l'aide d'un jeune policier. Si les deux histoires semblent déconnectées à la base, le scénario tente des circonvolutions progressives et des interactions entre les deux chemins empruntés par les protagonistes. La mise en place de l'intrigue est de fait un peu longuette tandis que Yasuko, intriguée, se rapproche inexorablement de Nishino comme attirée par cet homme étrange. Contrairement à ses œuvres précédentes et notamment le magnifique Vers l'autre rive, Kurosawa n'use pas de ses plans et mouvements de caméra qui ont fait sa réputation. Sa mise en scène est très sobre presque clinique pour explorer cette face sombre de l'humanité.

Car dans ce quotidien monotone, rien ne semble vouloir se décanter. Il faudra une scène de repas, pilier du cinéma de Kurosawa et lieu de vérité, pour que Nishino intègre le cercle familial, comme l'aurait fait un vampire invité à entrer, et que le film bascule. A ce moment-là, Creepy se transforme en un thriller aux accents Verhoevenien récents et à une certaine ambiance propre aux polars coréens, flirtant également avec les franges du fantastique. Dans sa deuxième partie, le film se fait plus sombre, en pénétrant dans l'antre du tueur, et répond à des questions dont le spectateur avait déjà entrevu la lumière. Ce qui a peut-être comme résultat d'affadir les découvertes à venir, alors que les deux histoires en parallèle se rejoignent. Le titre du film prend alors tout son sens et le côté un peu bizarre, les non-dits de chaque personne s'extériorisent à plusieurs niveaux.

La dernière bobine se repaît définitivement dans le film de psychopathes à la folie ordinaire et austère où les cadavres sont oubliés dans les maisons tels des fantômes du passé. Devenus chair inerte, ils sont empaquetés comme de la simple viande de consommation, sans empathie, par des êtres tombés dans une sorte d'acceptation et manipulés par un personnage ambigu, relevant sans doute d'une forme d'autisme. Sans emphase mais avec froideur, le film se conclut avec un goût étrange, seulement déchiré par un cri final tellement humain qu'il en devient irréel et gênant comme si les personnages reprenaient conscience après le cauchemar vécu. Creepy n'est certainement pas le meilleur film de Kiyoshi Kurosawa du fait d'une première partie lente et d'un métrage étiré sur la fin (2h10), néanmoins l'ensemble tient la route (comme toujours, faut-il le préciser) et fait froid dans le dos face à cette violence ordinaire.

 

4/6

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Rigs Mordo (dimanche, 18 juin 2017 20:01)

    Bonne chro as usual, pour un film qui me tente. Ai du retard avec Kurosawa, vu que je m'étais arrêté à ce qu'il faisait vers 2008-2010... Celui-ci semble être une bonne porte de retour.

  • #2

    Roggy (dimanche, 18 juin 2017 20:07)

    Merci l'ami. Ce nouvel opus devrait te plaire même si ce n'est pas mon préféré de Kiyoshi Kurosawa.

  • #3

    princécranoir (dimanche, 25 juin 2017 22:08)

    Un joli ptit cru donc ?
    En ce qui me concerne y a pas, Kurosawa j'suis fan. Là encore, j'en ressors avec une furieuse envie de bouffer toute sa filmo, de m'enfiler ses titres manquants (Loft, Shokuzai, et qq autres), bref de me faire une cure au Sawa. (désolé, c'était trop tentant)

  • #4

    Roggy (lundi, 26 juin 2017 21:57)

    Pas de soucis, tu peux te lâcher sur Kurosawa ici :)