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ANNIHILATION

 

GENRE : Voyage au bout de l’enfer

REALISATEUR : Alex Garland

ANNEE : 2018

PAYS : USA

BUDGET : 40 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Natalie Portman, Jennifer Jason Leigh, Gina Rodriguez...

 

 

RESUME : Lena, biologiste et ancienne militaire, participe à une mission destinée à comprendre ce qui est arrivé à son mari dans une zone où un mystérieux et sinistre phénomène se propage le long des côtes américaines. Une fois sur place, les membres de l’expédition découvrent que paysages et créatures ont subi des mutations, et malgré la beauté des lieux, le danger règne et menace leur vie, mais aussi leur intégrité mentale.

 

MON HUMBLE AVIS

Alex Garland s’était fait connaître avec l’excellent huis-clos science-fictionnel sur l’intelligence artificielle Ex-Machina. Le réalisateur également scénariste (Sunshine) et écrivain (le bouquin à l’origine du film La plage) continue d’explorer les contrées abstraites de la psyché au travers du prisme fantastique en adaptant le roman de Jeff VanderMeer. Une histoire aux frontières de la SF et de la métaphysique qui semble décidément iriser le cinéma de Garland. Tout à la fois immersif visuellement que sec dans sa narration, Annihilation pourra en rebuter certains. Pour les autres, comme moi, le voyage en terre inconnue s’avère passionnant même s’il n’est pas exempt de tout reproche.

Sorti au cinéma par la Paramount uniquement en Amérique du Nord et en Chine, le film fut acheté par Netflix pour sa plateforme car Annihilation semblait trop compliqué à exploiter pour les pontes ricains du fait de son propos alambiqué. Et à la vision du film, on comprend que les partis pris d’Alex Gardland n’ont pas dû plaire pour un budget moyen (40 M $) mais avec une star mondiale. On aurait pu s’attendre à un long-métrage d’action primaire après qu’une météorite s’est écrasée sur la Terre générant une espèce de halo coloré à l’origine d’un mystère autour de cette zone qui progresse territorialement et occasionne apparemment des modifications génétiques à ceux qui y ont pénétré.

Un postulat de film des années 50 que Garland déstructure dans sa narration avec de récurrents retours en arrière alors que le soldat Kane (Oscar Isaac. Star wars : le réveil de la force) retrouve sa femme Lena (Natalie Portman, Black swann) après un séjour d’une année au milieu de ce phénomène étrange. Cette distorsion de l'espace et du temps est au centre du film où les protagonistes perdent la mémoire et leur sens de l’humanité. Kane est différent et semble affecté par son séjour comme un astronaute revenu d’une mission spatiale et ayant ramené avec lui quelque-chose d’étranger. A l'instar d’Ex-Machina, il règne une atmosphère étrange, éthéré entre faux semblants et rêve éveillé. Tout semble flotter alors que les autorités enlèvent Léna pour l’interroger au sujet de son mari et la conduisent dans une base à proximité du "miroitement" nommé ainsi, car il reflète la réalité pour en recréer une autre. Si personne ne connaît l'origine du phénomène, Léna se propose pour intégrer une équipe de spécialistes afin de pénétrer la zone contaminée après d’autres tentatives infructueuses et sans retours, hormis le fameux Kane.

Cinq femmes, pour la plupart scientifiques, s’immiscent dans ce lieu insolite baigné de lumière et de couleurs vives, curieusement sans protection pour respirer alors qu’elles savent qu’un séjour au sein de la zone modifie les comportements. Elles comprendront rapidement à leurs dépens que les modifications sont aussi génétiques lors de leurs rencontres avec un crocodile ou un ours. Perdues dans la distorsion, les héroïnes sont emmenées par la psychologue Dr Ventress (Jennifer Jason Leigh, eXistenZ) dans ce qui ressemble à un cauchemar à ciel ouvert au sein d’une nature imperceptiblement modifiée et hostile. Si la première partie du film est assez longue à se mettre en place, l'immersion dans la zone permet au film de prendre une autre ampleur à mesure où les personnages découvrent comment les ADN se mélangent pour ne former qu'une seule entité. Les hybridations entre les humains, les plantes et les animaux se font par bribes et se manifestent peut-être comme des illusions.

Avec un casting de qualité, Alex Garland construit son film avec une douceur vaporeuse, à base de longs travellings et fait la part belle aux relations entre des personnages ambigus, entrecoupé de scènes violentes nous renvoyant pour quelques plans aussi bien à Premier contact qu’à Planète interdite. Par sa tonalité maîtrisée et froide, il fait également penser à 2001, l’odyssée de l’espace notamment dans sa dernière bobine où le film se fait plus abstrait, aux limites de l’incompréhension. Cette deuxième partie est ainsi plus intéressante, elle met en regard des événements tragiques, des créatures en mutation, des corps mutilés, plans gores à l’appui, mais elle confronte aussi les scientifiques à leur propre peur les entraînant aux frontières de la folie.

Visuellement, le film est magnifique, y compris les effets spéciaux caractérisant les modifications du paysage, les couleurs de l’arc-en-ciel dominent au centre d'une nature luxuriante qui a pris possession de cette zone marécageuse. Les protagonistes sont perdus dans un écosystème irréel et différent où les esprits vagabondent au rythme des changements des corps. C'est tout le charme du film car le spectateur se perd avec Léna dans cet univers où les êtres se mélangent, les cellules fusionnent pour aboutir à une hybridation fantastique voire terrifiante à la The Thing. La grande réussite du film est de ne pas chercher à tout expliquer et à laisser le flou s'installer en privilégiant une expérience sensorielle et métaphysique. A l’image des créatures du film, Annihilation réussit le syncrétisme entre la réflexion et le suspens même si certains enchaînements auraient pu être plus fluides. Il fait preuve d'une telle originalité dans un paysage cinématographique déjà trop aseptisé, qu'on lui pardonne ses scories. Surtout ces dernières séquences oniriques dont on se souvient bien après la projection.

 

4,5/6

 

Commentaires: 9
  • #9

    Roggy (dimanche, 13 mai 2018 11:25)

    C'est aussi pour cela que j'ai aimé le film, la fin laisser imaginer pas mal de perspectives.

  • #8

    Moskau (samedi, 12 mai 2018 17:48)

    Belle proposition de SF, notamment dans son visuel assez unique. A chacun son interprétation des événements !

  • #7

    tinalakiller (lundi, 07 mai 2018 18:13)

    J'ai un peu plus apprécié Ex Machina mais il est certain que je ne suis pas non plus une grande fan, des choses me dérangent. Mais le fait de l'avoir vu et d'avoir en tête ses autres films en tant que scénariste m'a permis de comprendre un peu plus pourquoi je n'avais pas du tout aimé Annhilation. :D

  • #6

    Roggy (mardi, 01 mai 2018 08:10)

    A l'image de "Ex Machina", ce film d'Alex Garland peut générer une sorte de rejet du fait de son rythme et de son climax.

  • #5

    tinalakiller (mardi, 01 mai 2018 00:21)

    Je crois que je suis une des seules à avoir autant détesté ce film (trop d'incohérences et de choses grossières à mon goût) même si sa sortie directe sur Netflix me semble illogique.

  • #4

    Roggy (samedi, 28 avril 2018 11:51)

    C'est tout à fait ce que j'ai ressenti à la vision du film. Dommage, en effet qu'il n'ait pas eu la chance d'avoir une sortie ciné en France.

  • #3

    flood24@yahoo.com (samedi, 28 avril 2018 08:10)

    Complètement de ton avis. Ce film est une perle qui aurait largement mérité d'être contemplé sur très grand écran et dans un environnent sonore adéquat. Garland continue de cultiver son penchant métaphysique en mariant Lovecraft à Tarkovski. C'est superbe, magnifiquement interprété, et fascinant jusqu'au bout.

  • #2

    Roggy (jeudi, 26 avril 2018 18:42)

    Si le film n'est parfait, il est franchement original. Après, j'ai aussi conscience qu'il reste très clivant.

  • #1

    Alice In Oliver (jeudi, 26 avril 2018 10:08)

    Toujours pas vu, mais le film a à la fois ses adulateurs et ses contempteurs. Ton avis est dithyrambique et donne envie de découvrir ce film d'Alex Garland