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LES AFFAMES

 

GENRE : Sur le pouce

REALISATEUR : Robin Aubert

ANNEE : 2017

PAYS : Canada

BUDGET : 3 700 000 $ CA

ACTEURS PRINCIPAUX : Marc-André Grondin, Monia Chokri, Brigitte Poupart...

 

RESUME : Dans un village, les choses ont changé. Certains habitants ne sont plus ce qu’ils étaient. Ils se mettent à attaquer leurs familles, leurs amis, leurs voisins… Une poignée de survivants s’enfonce dans la forêt pour leur échapper.

 

MON HUMBLE AVIS

Auréolé de son prix du jury au festival de Gerardmer en début d’année, Les affamés de Robin Aubert (À l'origine d'un cri) sort finalement sur la plateforme Nextflix. Une certaine reconnaissance pour ce film de zombies canadiens (québécois pour être précis) qui aurait sans doute eu du mal à trouver sa place dans les multiplex au regard de sa forme et d’un sujet maintes fois éprouvé sur le grand écran. Au final, Les affamés s’en sort avec les honneurs surtout dans sa dernière partie plus viscérale et tendue, pas si mal au pays de Céline Dion et de Garou. Que ceux qui croyaient que la culture au Québec se résumait à ces hordes de chanteurs affamés d'oseille peuvent s’enfiler un caribou jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Le cinéma d’horreur de nos cousins d’outre-atlantique est bien vivant avec des réalisateurs s’exportant chez les Ricains (Jean-Marc Vallée, Denis Villeneuve) et des œuvres sans concession comme l’adaptation des romans de Patrick Sénécal Les sept jours du Talion (Daniel Grou, 2010) ou le très bon 51-50, rue des Ormes (Eric Tessier, 2009). Avec Les affamés, Robin Aubert dresse le portrait d’une humanité en perdition après la transformation d’une partie de la population en créatures zombifiées rapides et particulièrement énervées. La bonne idée du film est de transporter cette déliquescence dans les tréfonds de la campagne québécoise où quelques villages et fermes font office de foyers de vie. Dans cette nature forestière et bucolique, le réalisateur prend le temps d’installer ses protagonistes qui deviennent les proies d’infectés surgissant de n’importe où au moindre bruit.

Le scénario suit en même temps plusieurs personnages dans leur fuite dont une working girl (Brigitte Poupart) à la machette facile ou Bonin (Marc-André Grondin, C.R.A.Z.Y.), avant que ce reliquat de survivants ne se regroupe pour échapper à une menace prégnante. Dans sa première partie, le film reste assez lent, Robin Aubert exploite au maximum la nature et multiplie les rencontres fortuites entre les vivants et des habitants devenus de véritables bêtes sur pattes assoiffées de sang. Si on ne connaîtra jamais les origines de ce changement brutal de comportement, le film distille quelques indices et, à l’instar des héros, le spectateur comprend que nos infectés réagissent au quart de tour, à la moindre branche coupée au milieu d’un environnement silencieux.

Jamais ennuyeuse, cette première heure privilégie l’aspect psychologique, développe les relations entre les personnages confrontés à des créatures violentes tandis qu’ils découvrent des lieux abandonnés et dangereux. Forcément, on pense à la série The walking dead mais également à l’excellent The battery de Jeremy Gardner. Au milieu de ce chaos incontrôlable, le scénario propose même une pincée d’humour dans les dialogues et l’apparition récurrente d’un personnage décalé presque irréel. En revanche, il faudra s’accrocher aux branches pour comprendre les paroles et un accent québécois à couper à la serpe (les « fuck » sont ici remplacés par des « calisses » ou « tabernacle »), emploi de sous-titres indispensable. Soyons franc, Les affamés ne révolutionne pas le concept et n’est pas exempt de quelques scories notamment liées aux réactions des personnages, mais le film possède une atmosphère intéressante entre chronique campagnarde et séquences d’horreur pure, effets gores à l’appui.

Les plus patients seront récompensés par une dernière bobine convoquant une action plus soutenue et une ambiance aux accents oniriques. Les créatures semblent évoluer dans leur comportement, communiquer entre elles, se déplaçant en meute et se figeant sur place en l’absence de tout bruit. Mieux encore, nos zomblards construisent des sortes d’autel en amoncelant des objets, par exemple des chaises, comme s’ils vénéraient ces constructions éphémères proches d’une œuvre d’art contemporaine (le film nous renvoie à cet instant au récent et inégal Cell Phone de Tod Williams inspiré par les écrits de Stephen King). Et lorsque la brume s’en mêle, le long-métrage prend des allures fantasmagoriques où l’effroi le dispute à la perplexité dans une forêt devenue champ de bataille. Si le cahier des charges du zombie flick est rempli, Les affamés se distingue par son ambiance surréaliste et sa poésie finale, créant une identité propre rattachée au contexte local de la campagne québécoise.

 

4/6

 

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Commentaires: 6
  • #1

    Rigs Mordo (jeudi, 22 mars 2018 20:11)

    Vu trop de trucs du même genre ces dernières années pour me laisser tenter, mais j'aime bien l'idée des zombies qui créent des espèces d'autels avec du bordel, je trouve ça poétique par avance! Belle chro en tout cas, comme d'hab' !

  • #2

    Roggy (jeudi, 22 mars 2018 20:25)

    C'est effectivement une très belle idée qui passe bien à l'écran. Sinon merci mec.

  • #3

    Alice In Oliver (vendredi, 23 mars 2018 11:51)

    Décidément, toutes les contrées du monde sont explorées par nos morts vivants putrescents, même le Québec maintenant... Pas plus tenté que ça personnellement...

  • #4

    Roggy (vendredi, 23 mars 2018 12:15)

    Tu sais, les zombies sont présents partout, même à Cuba :)

  • #5

    Alice In Oliver (samedi, 24 mars 2018 13:29)

    Sauf que là on a l'accent en plus... J'ai un peu peur d'être désarçonné pour le coup

  • #6

    Roggy (samedi, 24 mars 2018 19:09)

    Ca peut déstabiliser mais au final on l'oublie.