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Vendredi 21 octobre 2016

Soirée Perles rares du giallo

Crime au cimetière étrusque – Italie – 1982 – Sergio Martino

 

Pitch : Ethnologue réputé et spécialiste de la civilisation étrusque, Arthur Blanc, explore des grottes en Italie et découvre un tombeau étrusque parfaitement conservé. A la suite de cette découverte et alors même que sa femme se met à entendre une voix, les morts s'enchainent avec toujours plus de sauvagerie...

 

Le film n'est pas vraiment un giallo à proprement parler. Certes, il y a des meurtres mais toute l'iconographie du genre est délayé dans une soupe de fantastique saupoudré de thriller paranormal. Un peu décalé comme les scénaristes Ernesto Gastaldi et Dardano Sacchetti qui signent une histoire à la base faite pour une série télévisée de 3 ou 4 épisodes (Murders in The Etruscan Cemetary). Ce qui se ressent fortement à l'écran pour faire tenir l'ensemble sur 97 minutes qui, soyons clair, en paraissent le double au final.

Car, ce Crime au cimetière étrusque ne restera pas dans les annales du cinéma alors que pourtant on retrouve à la réalisation Sergio Martino caché ici sous le pseudo Christian Plummer (à la vision du film on comprend pourquoi). Une scorie dans la carrière du metteur en scène italien parce qu'on a tous en nous quelque chose de Sergio Martino, des gialli L'Etrange vice de Madame Warthd à Torso, ou des bandes fantastiques comme La montagne du Dieu cannibale, Le continent des hommes-poissons, sans oublier Le grand alligator ou un fameux Atomic cyborg (vu en salle à 14 ans, expérience aujourd'hui certainement impossible...).

Après une scène presque historique dévoilant un rituel étrusque sacrificiel dans une quasi authentique grotte en carton pâte qui donne envie, le film a bien du mal à décoller de son intrigue mollassonne du fait de son aspect télévisuel étiré et visuel digne d'un téléfilm du dimanche après-midi. Il ne se passe pas grand chose entre les meurtres, dénué de tout effet sanglant (alors que les affiches nous en promettaient tant), se résumant à des têtes tournées à 180 degrés. Certes, le résultat est radical et efficace mais permet surtout aux responsables des effets spéciaux de se la jouer cool en demandant au chef costumier de mettre les costumes à l'envers. C'est toujours ça de gagner...

Malgré la musique de Fabio Frizzi, dont une ritournelle proche de celle de Frayeurs (on pourrait même le voir comme un cousin éloigné du film de Fulci lors des scènes avec les vers grouillants), le film souffre d'une réalisation télévisuelle sans envergure et de dialogues d'une insipidité rare, rehaussé par une VF en décalage complet et digne des méfaits de Nicolas Charlet et Bruno Lavaine. A tel point qu'on se demande si le métrage n'est pas une parodie ou une série comique italienne, jouée sérieusement. Ce qui en fait finalement son charme à défaut d'y trouver un intérêt cinématographique.

Si le script ressemble à une pseudo-enquête pour découvrir pourquoi les Etrusques sont tout retournés dans leur tombe, Crime au cimetière étrusque pâtit surtout de l'interprétation des acteurs. A commencer par l'héroïne qui s'avère être la descendante de la déesse du coin, ce qui lui procure des cauchemars et autres visions nocturnes. La française, coproduction oblige, Elvire Audrey (vue dans La guerre du fer ou Amazonia, l'esclave blonde) en fait des tonnes dans le rôle principal. Malgré sa moue boudeuse et son faux air de Sylvie Vartan, elle a bien du mal à sauver du naufrage l'entreprise lorsqu'elle rêve de son mari, l'inénarrable John Saxon (Ténèbres) disparu dans la grotte maudite et présent à peine cinq minutes à l'écran.

On retrouve aussi au casting la bouille si particulière de Franco Garofalo (Virus cannibale) ou encore Paolo Malco (La maison près du cimetière), Claudio cassinelli (Murder rock). Toute une pléiade d'acteurs ayant traîné dans le bis avec lesquels on notera la présence de quelques starlettes (jamais dévêtues...) venue montrer leur minois à l'instar de Marilu Tolo ou Wandisa Guida. Tout ce petit monde se démène tant bien que mal (et sans vraiment y croire) au milieu d'une histoire bien longuette et d'un montage au hachoir ne facilitant pas l'adhésion du spectateur.

 

Il Gatto dagli occhi di giada – Italie – 1977 – Antonio Bido

 

Pitch : Une femme qui est témoin d'un meurtre à Rome devient la nouvelle cible d'un tueur mystérieux.

 

Premier film d'Antonio Bido, Il Gatto dagli occhi di giada (aussi connu sous les noms de Watch me when i kill ou The Cat's victims) arrive bien après toute la série des giallos bien connus ayant marqué le cinéma italien. Néanmoins, on retrouve les mêmes ingrédients lorsque Mara (Paola Tedesco, héroïne de L'évangile selon Saint-Matthieu de Pasolini) est témoin d'un meurtre dans une pharmacie où elle s'était arrêtée. Le début du cauchemar pour cette artiste de cabaret qui ne laisse pas insensible la gente masculine comme son ami Lukas (Corrado Pani) qui va l'aider à enquêter sur les agissement du tueur, laissant des meurtres inexpliqués autour de lui.

Admirateur des grands maîtres du giallo dont Dario Argento, Antonio Bido parsème son film de références à ses illustres prédécesseurs en choisissant des angles de caméra particulier, zoomant sur les visages ou les mains donnant la mort. A l'image de du travail des Goblin, le réalisateur fait confiance à un groupe inconnu Trans Europa Express distillant une musique de circonstance réussie et quelques notes reconnaissables, revenant régulièrement tout au long du métrage.

Si Il Gatto dagli occhi di giada est inédit en salles en France, force est de constater la maîtrise technique et narrative d'Antonio Bido dans ce premier film rendant un bel hommage à un genre à l'époque sur le déclin. Divisé en deux parties se passant à Rome et sur la fin à Padoue (dont la ville possède un charme qui sied parfaitement au film), le long-métrage tient sur la longueur et les meurtres plus ou moins violents agrémentent le scénario autour d'une sombre histoire oubliée. Le tueur emploie ainsi tous les moyens pour arriver à ses fins, visage d'une femme brûlée après un passage dans un four, gorge tranchée ou meurtre dans une baignoire au son d'une musique classique (certainement le meilleur passage du film).

Les motivations de l'assassin apparaissent finalement comme une vengeance lorsqu'on découvre que les victimes étaient reliées entre elle par le même homme, Ferrante (Franco Citti). Un repris de justice semblant être accusé de tous les meurtres mais dont la culpabilité n'est pas si évidente. A ce titre, le film dépasse son statut de giallo pour naviguer sur les chemins de la grande histoire. Celle de la seconde guerre mondiale dont les sons et les réminiscences sont présentes tout au long du film. Certes, l'intrigue et l'enquête ralentissent par instant mais sans jamais ennuyer jusqu'à un final très réussi.

A noter que le deuxième film d'Antonio Bido Solamente nero (connu aussi sous le titre Terreur sur la lagune), et lui aussi un giallo, est sorti récemment chez Le chat qui fume.

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Alice In Oliver (mercredi, 26 octobre 2016 11:04)

    Merci pour ce billet consacré aux giallos, un genre en désuétude. Je prends bonne note de Il Gatto dagli occhi di giada qui a l'air vraiment intéressant

  • #2

    Roggy (mercredi, 26 octobre 2016 21:13)

    Mais de rien et je pense que tu seras satisfait par "Il Gatto dagli occhi di giada".

  • #3

    princécranoir (jeudi, 27 octobre 2016 08:49)

    Pour ma soirée du 31, vous me servirez un Martino au hachoir et pas au shaker. J'adore ce photogramme avec une petite poupée du genre Big Jim dans la brume.
    Quant à ce giallo au poil hérissé (dans la pure tradition à ce que je vois), je l'ajoute à mes dossiers, en compagnie tous ces suspects du genre qu'il me reete encore à appréhender.
    Excellent rapport inspecteur Roggy ;-) .

  • #4

    Roggy (jeudi, 27 octobre 2016 14:04)

    C'est vrai que la photo est très parlante :) Avec plaisir Lieutenant Prince !