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Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
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6e Jour

Ultime journée au PIFFF avec deux films et celui de la cérémonie de clôture. La journée commence avec un bon film à sketchs horrifiques ricain (Southbound), suivi d'un classique de Philip Ridley (L'enfant miroir) et pour clôturer le festival, le polar ultra-violent de Jeremy Saulnier Green Room.

 

SOUTHBOUND – Anthologie horrifique – USA – 2015 – Roxanne Benjamin, David Bruckner, Patrick Horvath et Radio Silence


Hors compétition


Pitch : Le sud des États-Unis, une route poussiéreuse, cinq histoires cauchemardesques aux liens secrets.


Les films à sketchs horrifiques sont de nouveaux à la mode depuis quelques années à l'image de The Theatre Bizarre ou la série des VHS, où ont notamment participé comme réalisateur David Bruckner et Radio Silence ou producteur en la personne de Roxanne Benjamin. Patrick Horvath ayant réalisé The Devil's pact. C'est dire si les réalisateurs de Southbound sont rodés à l'exercice. Et cela se voit à l'écran.

La bonne idée du film est de situer les quatre segments dans un même lieu, en l'occurrence le sud désertique des Etats-Unis, et de les relier entre eux par un personnage ou un événement comme un passage de témoin. Ce qui a pour conséquence de fluidifier le récit.

Le 1er segment introductif voit la fuite de deux hommes ensanglantés et poursuivis par des espèces de créatures ressemblant à de grandes faucheuses dans une ambiance à la Quatrième dimension où les boucles temporelles empêchent nos héros de s'enfuir. Quelques minutes d'angoisse saignantes dans la tradition de la série de notre enfance. Le suivant est certainement le morceau le plus faible. Il voit un groupe de filles passer la nuit chez une famille à l'allure très bizarre, tout droit sorti des années 50 et adepte de sciences occultes. Un film qui n'apporte pas grand chose au final.

En revanche, L'accident est le meilleur moment de Southbound. Réalisé par David Bruckner, il raconte le calvaire d'un homme ayant renversé une fille. Conduit aux Urgences par une opératrice de la police, il se retrouve dans un hôpital désaffecté. Rythmé, bien écrit, le film est un petit bijou d'horreur et de scènes gores très réussies, notamment une séquence d'opération à poumon ouvert particulièrement impressionnante. Le film fleure bon le fantastique et s'avère comme la réussite de l'anthologie.

Le suivant est aussi en dessous du reste du film. Il voit un homme débarquer dans un bar pour retrouver sa sœur disparue. Avec l'aide du barman, il parviendra à la retrouver au prix d'une descente aux enfers et d'un voyage dans le désert mouvementé. Si les effets visuels sanglants sont de qualité, cet opus ne laissera pas un souvenir impérissable.

Ce qui n'est pas le cas du dernier Jailbreakers qui s'apparente à un home invasion où trois personnes revêtus d'un masque tentent de pénétrer la maison d'un couple et de leur fille. Évidemment, l'assaut tourne mal et vire même à l'horreur avec une apparition inopportune pour les agresseurs. Au-delà de sa qualité, ce dernier segment fait le lien avec le tout premier et remet en place les pièces du puzzle.

Au final, Southbound est une anthologie horrifique qui mérite une petite vision notamment pour les deux segments cités grâce à son ambiance à la Twilight zone. Sans compter des séquences horrifiques violentes qui lui donnent un aspect de fantastique à l'ancienne (la musique est à l'unisson), rehaussé par des effets gores du plus bel effet.


Note : 4+/ 6

 

L'ENFANT MIROIR (THE REFLECTING SKIN) – Poésie macabre – UK – 1990 – Philip Ridley


Séance culte en présence du réalisateur


Pitch : Dans l'Amérique rurale des années 50, un enfant rêveur et farceur, élevé par un père violent et une mère abusive, échafaude des hypothèses farfelues à propos des villageois qui l'entourent. Il est ainsi convaincu que la vieille dame qui vit seule sur le bord de la route est un vampire...


Philip Ridley a été peu prolixe au cinéma. Malgré tout, ses trois réalisations sont mémorables à l'image de The darkly noon en 1996 et Heartless en 2009. L'enfant miroir est son 1er film réalisé en 1990 et recèle toutes les obsessions de son auteur. Amour, mystère et mort se côtoient dans un ballet onirique et tragique pour le plus grand bonheur du spectateur.

Dès sa 1ère scène, magnifique de beauté où les paysages de champs de blé se confondent avec l'horizon, le réalisateur donne le ton d'un film qui oscillera en permanence entre les genres pour créer une atmosphère tout à fait particulière de l'Amérique des campagnes des années 50. Au milieu d'un paysage plat, quelques fermes trônent comme des châteaux hantés où se terreraient des monstres ou des vampires. C'est ce que croit le petit Seth (Jérémy Cooper) obsédé par les créatures de la nuit. Il fait de sa voisine Dolphin (Lindsay Duncan) un vampire à cause du livre qui lit son père, de sa peau diaphane et de ses petites lunettes pour se protéger du soleil.

Mais les rêveries de Seth sont un prétexte à développer des thématiques bien plus tragiques. Vu à hauteur d'enfant, la réalité est déformée par des explications fantastiques comme si Seth ne voulait pas voir l'indicible. Dans cette Amérique pudibonde et repliée sur elle-même, L'enfant miroir évoque la pédophilie au travers de cette voiture noire traversant les routes sableuses, telle un corbillard où s'engouffrent les enfants pour ne jamais revenir. Même le père de Seth est accusé de déviance et d'homosexualité par une population qui ne cherche que des boucs émissaires pour se venger. L'enfant miroir est un film sur le douloureux passage de l'enfance à l'âge adulte. Au fond, Seth s'invente des histoires parce qu'il ne veut pas grandir.

Dans cette folie ambiante, le retour du frère de Seth, Cameron (juvénile Viggo Aragorn Mortensen), pourrait être vu comme une bouffée d'oxygène. Or, son destin est aussi scellé par les bombes nucléaires qu'il a côtoyé de trop près. Avec subtilité, le réalisateur évoque les désastres de l'atome grâce aux yeux de Seth qui pense que son frère dépérit à cause de la femme vampire avec laquelle il commence une relation. Comme une tragédie Shakespearienne, il n'y a pas d'échappatoire à l'instar de ce lieu battu par les vents ressemblant à un enfer sur Terre.

L'enfant miroir est aussi une merveille visuelle. Chaque plan (à l'image de la fin du film) est un tableau où les couleurs ocres du blé s'insèrent à l'écran avec une précision et une beauté ciselée par son auteur véritable artiste de l'image. Philip Ridley dira qu'il s'est inspiré des Moissons du ciel de Terrence Malick pour la conception des paysages. Il évoquera aussi La nuit du chasseur et un David Lynch auquel il emprunte la façon déformée de parler de sujets graves.

Porté par une musique extraordinaire de Nick Bicât, L'enfant miroir est un grand film, une poésie macabre qu'il est impératif de découvrir ou de revoir pour apprécier la qualité du travail d'un Philip Ridley peu présent sur les écrans et qui manque au cinéma.


Note : 5 / 6


GREEN ROOM – Huis-clos violent – USA – 2015 – Jeremy Saulnier


Séance de clôture


Pitch : En concert dans une salle tenue par des suprémacistes blancs, un groupe de punk rock est témoin d'un meurtre et va devoir survivre face à une bande de skinheads sanguinaires décidés à liquider tous les témoins.


Jeremy Saulnier est le réalisateur américain qui monte. Remarqué avec son 1er film Murder Party en 2007, il passe un cap avec son très bon Blue Ruinen 2013. C'est donc avec impatience que tous les cinéphiles attendaient son nouvel opus présenté à Cannes en 2015. Parce qu'installer des punks et des skinheads dans un lieu clos, forcément cela fait des étincelles.

Si la mise en place du récit est satisfaisante pour nous présenter un groupe de rockers un peu loosers mais assez sympathiques, elle n'est que le prélude à un déferlement de violence lorsque ces derniers vont se retrouver dans l'antre de la bête. Parce qu'ils se sont au mauvais endroit au mauvais moment, Green Room se transforme rapidement en huis-clos. Enfermés dans les loges avec des skins ayant tué une des leurs, le groupe n'a pas d'autres solutions que de tenir le siège alors que la bande d'enragés au crane rasé menace à l'extérieur.

Formellement, le film est réussi. La photographie et les effets visuels gores sont au diapason de personnages hauts en couleur où on reconnaît notamment Anton Yelchin (Burying the ex), Imogen Poots (A very englishman) et Patrick Stewart, en autre éternel Capitaine Picard de la série Star Trek, ici un peu sous-exploité. De la même manière, la caméra du réalisateur est agile se glisser dans chaque interstice et pour garder le rythme malgré l'enferment. En revanche, le film pâtit d'un scénario où les ellipses et les non-sens ne rendent pas très crédibles l'action et sortent le spectateur du film. Ainsi, la gestion de la situation par les skins est gonflée artificiellement. Pourquoi, alors qu'ils sont nombreux et surarmés, ne prennent-ils pas d'assaut la pièce ? Le personnage de Patrick Steward se retire rapidement et laisse ses acolytes rentrer un par un pour se faire buter dans le chaos alors que l'organisation d'extrême droite est très organisée.

La situation est à ce point confuse qu'on ne comprend pas pourquoi la police repart si vite ou qu'un des assaillants choisit de changer de camp trop rapidement en cours de film. Des scories qui plombent le métrage qui se veut pourtant un émule d'Assaut de Carpenter, mais qui a du mal à s'extraire de son carcan de film de huis-clos. Entre palabres des enfermés et discussions pour savoir qui envoyés chez les skins, Green Room perd son essence malgré le déferlement de violence, de têtes explosées, de gorges arrachés sous les crocs de pitbulls ou de ventre découpé au cutter. Un peu à l'image de la fin du film où de manière inconsidérée, les survivants pourchassent les skins comme s'ils étaient dans un parcours de paintball, alors qu'ils n'ont aucune compétence pour ça.

Au final, Green Room est loin d'être le grand film annoncé partout, du fait surtout de son scénario non tenu qui prend des chemins très originaux nuisant à la véracité de la situation. Dommage, car le postulat de départ était intéressant et promettait une petite série B bien énervée. Ce qu'elle est sur le plan formel et ravira les amateurs de polar hard-boiled.


Note : 3+/ 6

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Commentaires: 8
  • #1

    Rigs Mordo (lundi, 23 novembre 2015 20:25)

    Green Room a un bon pitch, dommage que ça soit décevant à t'entendre. Mais c'est vrai que le projet a été très (trop ?) hypé... Les deux autres films ne m'attirent pas des masses, par contre...

  • #2

    Roggy (lundi, 23 novembre 2015 20:30)

    C'est vrai que "Green room" fait le buzz partout où il passe. Loin d'être mauvais, il y a quand même des choses qui m'ont dérangées. En revanche, comme tu aimes les films à sketchs, tu devrais apprécier "Southbound" !

  • #3

    titi70 (mardi, 24 novembre 2015)

    Entièrement d'accord avec toi concernant L'Enfant Miroir, un très bon film hélas trop méconnu. Si tu as l'occasion, je te conseille également Darkly Noon, si tu ne l'as jamais vu

  • #4

    Roggy (mardi, 24 novembre 2015 18:56)

    Je connais "Darkly Noon" et je l'apprécie comme toi. A l'image de son dernier "Heartless" que je te conseille à mon tour si tu ne le connais pas.

  • #5

    Nola Carveth (mercredi, 25 novembre 2015 17:16)

    Rarement emballée par les films à sketchs... mais pourquoi pas, justement pour le liant proposé par celui-ci.
    Pas encore découvert L'Enfant-Miroir, mais très hâte, d'autant que j'ai adoré Heartless.

  • #6

    Roggy (mercredi, 25 novembre 2015)

    Certaines séquences de "L'enfant-miroir" ont été retrouvées et remasterisées. Le film est vraiment très beau et n'a rien perdu de sa force.

  • #7

    princécranoir (lundi, 11 janvier 2016 21:57)

    En relisant ton très bon article sur "l'enfant miroir", reviennent à moi ces multiples touches évoquant cette cambrousse mortifère, teintée de maltraitance, de pédophilie rampante. La grand force de Ridley est de proposer ces sujets à travers la vision déformée d'un enfant, sous le vernis du reflecting skin de ces champ de blé au milieu desquels personne ne vous entend crier. Un film sans doute trop méconnu et qui mérite qu'on s'y arrête plus d'une fois.

  • #8

    Roggy (lundi, 11 janvier 2016 23:37)

    Totalement d'accord avec toi sur le film et sa puissance à la fois visuelle et sociale. Si "L'enfant miroir" mérite d'être reconnu, c'est toute sa filmographie qui vaut d'être vu. Merci pour ton passage.