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5e Jour

Deux longs-métrages au programme de cette avant-dernière journée avec le film franco-espagnol Don't grow up où cohabitent des adultes violents et des enfants victimes et Bridgend où les jeunes se suicident en se pendant à la pelle (et c'est pas si facile...).

 

DON'T GROW UP – Infection adulte – France/Espagne – 2015 – Thierry Poiraud


En compétition et en présence du réalisateur


Pitch : Laissée à l'abandon par leurs surveillants qui ont mystérieusement disparus, une petite bande de délinquants juvéniles fait les 400 coups dans son centre de redressement. Mais cette drôle de situation va très vite révéler une menace inattendue : frappés par un mystérieux virus, les adultes sont enragés et attaquent tous ceux âgés de moins de 18 ans…


Après un Goal of the dead remarqué, Thierry Poiraud, délaissé de son frère avec qui il avait réalisé le surprenant Atomik circus, revient au cinéma avec ce film fantastique flirtant avec plusieurs genres pour un résultat assez moyen.

Sans être mauvais, force est de constater que Don't grow up a bien du mal à se sortir de l'étau étriqué du film d'infectés dans lequel il s'est lui-même placé. Formellement, il n'y a pas grand chose à dire. La caméra de Thierry Poiraud est sobre et les séquences lisibles. Tout comme la photographie et les grands angles choisis pour rendre justice aux paysages à la fois désertiques ou maritimes des îles Canaries. Là où le bas blesse, c'est que le scénario ne propose pas énormément d'originalité dans son propos et sa réalisation. Le film renvoie en permanence à d'autres références cinématographiques sans apporter sa patte personnelle à l'univers présenté.

Dès le départ, les délinquants abandonnés par les surveillants dans leur centre font penser à la série Misfits ou à Wilderness de Michael J. Basset. Une entame chargée de caractériser les personnages qui tourne un peu en rond jusqu'à que ces ados rebelles, dont le héros principal (Fergus Riordan vu dans Fragile) est encore sous le coup d'un trauma enfantin, décident de faire une virée en ville. Bien mal leur en prend puisque la cité n'est plus qu'un lieu de désolation où les cadavres jonchent le sol dans un chaos apocalyptique.

La bonne idée du film est d'infecter les adultes tandis que les enfants sont épargnés. Si on ne saura jamais l'origine du mal commençant par des saignements d'oreilles, l'infection se traduit par une extrême violence irrépressible envers ceux qui ne sont pas touchés, les enfants. Une sorte de Révoltés de l'an 2000 mais inversé. Le film est plutôt une relecture de The Crazies de Romero avec en plus la distinction juvénile. Malheureusement, une fois que l'on a compris ce postulat, Don't grow up ne parvient pas à déployer des enjeux autres que la survie du groupe des six ados présentés au départ.

De la même manière, la 1ère partie n'a pas suffisamment créée d'empathie pour les enfants et de fait, leur sort nous importe peu, notamment la naissance de l'histoire d'amour qui ne provoque pas l'émotion attendue. En ville, le scénario se permet quelques embardées sanglantes et des séquences de violence tout à fait correctes, mais se perd peu à peu, à l'image des survivants errant dans le désert, à la recherche d'une porte de secours. La 2e moitié du film est à ce titre assez pauvre en rebondissements. Les seuls événements sont très prévisibles comme le fait que les enfants survivants pourchassent les adultes ou que certains éléments du groupe initial basculent vers l'âge adulte de façon impromptue.

Au final, Don't grow up se laisse regarder avec le sentiment que le cinéma français de genre a de réelles difficultés à exister. Certes, le résultat n'est pas infamant au regard du budget certainement anémique, mais le film manque d'ambitions pour trouver sa place dans un marché saturé par la kyrielle de productions du même style.


Note : 3 / 6

 

BRIDGEND – Ados suicidaires – Danemark – 2015 – Jeppe Rønde


En compétition et en présence du réalisateur


Pitch : Une jeune fille et son père officier de police emménagent dans le comté de Bridgend, au sud du Pays de Galles. Dans ce coin pluvieux et morose, les jeunes habitants sont frappés par une "malédiction du suicide" qui polarise toute l'attention des parents et des institutions.


Basé sur l'histoire vraie des suicides réguliers et inexpliqués de 79 enfants depuis 2007 dans la commune de Bridgend au Pays-de-Galles, le film fait froid dans le dos. Surtout quand on sait que le réalisateur, documentariste ayant aussi vécu sur place, a tourné à Bridgend avec certains jeunes ayant réchappé au suicide.

La très belle première scène qui suit un chien dans les bois découvrant un jeune pendu à un arbre donne le ton du film, âpre et sans rédemption aucune. Il règne une atmosphère chargée et sombre dans la ville où ces jeunes adultes à peine sortis de l'enfance basculent dans le néant en se donnant la mort sans aucune raison particulière. C'est que vont découvrir Sara (Hanna Murray, vue dans les séries Skins et Game of thrones) et son père (Steven Warrington, The Sweeney) revenus en ville après avoir fait un séjour à Bristol.

Lorsque Sara intègre un groupe de jeunes fêtards bruyants, elle pénètre surtout dans une sorte de sectes dont les membres se suicident les uns après les autres. Alors que l'omerta s'applique, Sara se rapproche de Jamie (Josh O'Connor, The Riot club) au grand dam de son père policier de son état. Sous la férule de leur leader Thomas, ils se réunissent dans les bois pour se saouler et finir par se jeter nus dans un lac comme pour se laver de leur pêchés. Leur attitude pour le moins étrange est accentuée par le fait qu'ils hurlent le nom des disparus devant les lieux de leurs actes macabres, comme une horde de loups-garous pleurerait leurs amis.

On a le sentiment que le sort de ces jeunes est sans issue, et même les parents semblent avoir accepté la fatalité comme s'ils étaient dépassés par les événements. Jeppe Rønde ne donne pas vraiment d'explications et ne prend pas partie sur les causes de ce mal-être. Seul un réseau social, où sont inscrits des épitaphes, est l'endroit où les membres du groupe s'expriment et appellent presque au suicide. Jusqu'au bout l'atmosphère reste pesante malgré les nuits d'alcool festives et rien ne parvient à changer le cours d'un destin tracé dans le morbide et la tragédie.

Au final, Bridgend est un drame social sur le suicide qui, sans misérabilisme, donne une vision glaçante de la jeunesse, perdue dans sa folie destructrice. On pourra reprocher une forme de voyeurisme et de complaisance de la part du réalisateur, mais son film est sans concession, à l'image de la très belle dernière séquence froide et onirique.


Note : 4 / 6


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Commentaires: 2
  • #1

    Rigs Mordo (dimanche, 22 novembre 2015 20:05)

    Le premier semble intéressant même si décevant, à te lire, on dirait une sorte de Cooties inversé en tout cas. Pourquoi pas s'il me passe devant les yeux un jour. Le Bridgend par contre... un drame social je pourrai vivre sans je pense! Beau CR, Rog!

  • #2

    Roggy (lundi, 23 novembre 2015 00:42)

    J'espère que tu pourras voir "Don't grow up" puisqu'il vient de gagner le prix du public...