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4e Jour

Une très belle 4e journée avec de réelles surprises en commençant par une curiosité allemande autour d'une créature étrange (Der Nachtmahr), un post-apo minimaliste nord-irlandais (The survivalist) et une séance interdite avec le très fendard film néo-zélandais Deathgasm pour métalleux de tous les pays

 

DER NACHTMAHR – E.T. – Allemagne – 2015 – Akiz


En compétition


Pitch : Une jeune adolescente fêtarde voit sa vie changer du jour au lendemain suite à l'apparition d'une créature à laquelle elle est physiquement liée.


Akiz est un artiste allemand à la fois sculpteur et peintre qui réalise ici son 1er film. La genèse de son métrage provient de la créature qu'il a sculpté et a désiré faire vivre à l'écran. Une idée qui peut sembler saugrenue mais le rendu s’avère néanmoins abouti.

Le film commence de manière très classique en suivant la virée nocturne d'un groupe d'adolescents dans une soirée techno où la musique et les effets stroboscopiques se mélangent à l'alcool et aux drogues. Même le spectateur subit la violence des images et un son volontairement trop fort pour l'immerger totalement dans le quotidien de ces jeunes. Un parti pris qu'on retrouve également dans sa façon de filmer, caméra à l'épaule, au plus près des acteurs.

C'est dans cette ambiance que Tina (excellente Carolyn Genzkow) est renversée par une voiture. Alors qu'on la pensait morte, elle se relève et rentre chez elle. Un choc frontal dont il est impossible de se remettre mais qui semble n'être qu'un rêve, transformé en malaise. Pourtant, sa réalité ne sera plus la même. En effet, Tina commence à voir une petite créature, d'abord boulotter devant le frigo puis dans sa propre chambre. Prise de peur, elle essaie d'en parler à ses parents qui ne la croient pas.

Der Nachtmahr s'inscrit dans la tradition des films où des ados se rebellent contre leurs parents. Cette petite créature ressemblant à un fœtus avec un visage de vieillard peut être vu comme une extrapolation du sentiment de mal-être de Tina, concrétisant de manière organique le difficile passage à l'âge adulte. Plus prosaïquement, le film est une version alternative allemande et un peu trash d'ETde Spielberg. Débarquant de nulle part et sans aucune violence, la créature s'immisce dans le quotidien de Tina comme un petit animal de compagnie passant son temps à chercher de la nourriture.

Pourtant, tout bascule quand les parents de Tina découvrent ce petit être inoffensif et le confie aux autorités. On retrouve les mêmes scènes et le même sentiment d'abandon que dans ET, d'autant plus que les deux sont reliés physiquement. Chaque coup que reçoit la créature, Tina les ressent. Considérée comme une folle par ses parents, multipliant les rendez-vous chez le psy, et par ses amis qui la rejettent, Tina se replie sur elle-même et sombre progressivement dans un cauchemar éveillé.

Alors que le film pourrait tendre au ridicule, Der Nachtmahr fonctionne parfaitement du fait de la proximité avec les personnages, de la qualité du scénario et de l'approche très originale du propos. On ne saura vraiment jamais si c'est une réalité déformée ou un rêve post-mortem suite à l'accident de Tina. En effet, certains indices montrent que l'adolescente fantasme sa réalité à l'image de la fin du film remettant tout en cause. Pas si mal pour un film sur la jeunesse au travers des yeux globuleux d'une créature.


Note : 4 / 6

 

THE SURVIVALIST – Post-apo boisé – UK – 2015 – Stephen Fingleton


En compétition et en présence du réalisateur


Pitch : Dans un monde post-apocalyptique, un homme s'est établi dans une cabane en pleine forêt. Mais l'arrivée de deux femmes en quête de nourriture va bousculer sa discipline de vie.


Le post-apo est un genre ultra-rabâché dont il n'est pas facile de s'extraire pour proposer des œuvres originales. The survivalist en est une. Sur un ton minimaliste, Stephen Fingleton parvient à instiller une ambiance oppressante au milieu d'une forêt accueillante où le danger semble partout présent.

Après une introduction à l'aide de deux courbes montrant que la vie a basculé dans le chaos et que la population a chuté en nombre, le film débute par une vingtaine de minutes sans parole en suivant au plus près la vie de ce survivant mutique dont chaque geste est mû par la peur notamment quand il travaille à son petit jardin. Chaque jour, son quotidien est rythmé par les mêmes gestes, la même attention de l'extérieur, des bruits. Le réalisateur a d'ailleurs tenu à un son mono pour que le spectateur se concentre sur l'écran et a réalisé la plupart des sons en post-production.

Ainsi, quand découvre une mère (Olwen Fouéré) et sa fille (Mia Goth), son quotidien est chamboulé. Pour cet homme reclus dans une cabane depuis 7 ans, difficile de ne pas avoir peur de l'étranger et des menaces liées à la faim. Après négociations et contre des relations sexuelles avec la fille, ce survivant (le convaincant Martin McCann vu dans 71) recrée le simili d'une famille perdue dont les souvenirs rejaillissent par instants. Une nouvelle vie faite de suspicions, de regards en coin où l'attention est multipliée par trois.

Sans effets de manche, le réalisateur crée une réelle empathie pour ses personnages. On a vraiment peur pour eux quand des intrus s'approchent ou les menacent physiquement. Certes, le rythme est assez lent, laissant une grande part au bruit de la nature pour faire ressortir l'isolement de ces humains et mettant en exergue toutes les anomalies possibles. Visuellement, le film est aussi très beau, proche du naturalisme et d'une esthétique rappelant l'adaptation de La Route de Cormac McCarthy.

Malgré le manque de moyens et le peu de personnages, Stephen Fingleton crée une ambiance réaliste et angoissante notamment lors de l'attaque de la cabane sans que l'on voit les assaillants comme dans un film de morts-vivants, ou encore dans cette scène très réussie où la caméra survole les champs. Si la fin du film tourne à l'affrontement armé assez classique dans le genre, The survivalist atteint son but malgré une économie de moyens à l'écran mais avec un esprit jusqu'au-boutiste bienvenu.


Note : 4 / 6

 

DEATHGASM – Comédie métallique – Nouvelle-Zélande – 2015 – Jason Lei Howden


Séance interdite


Pitch : Une bande de hardeux réveille un démon en jouant la partition de trop. À eux de gérer le chaos ambiant et d'inverser le maléfice.


Le métal et l'horreur vont de pair dans le cinéma. Jason Lei Howden, expert en effets spéciaux chez Weta notamment pour The Hobbit, n'y va pas avec le dos de la guitare électrique pour défoncer des humains transformés en démons avec la hargne d'un riff bruyant et l'amour d'une musique qu'il cherche à mettre en avant.

Deathgasm est avant tout un film de potes à la bonne humeur contagieuse qui suinte d'une déférence à l'horreur et au death metal. Le film est très drôle dès son entame quand on suit Brodie, qui a le métal dans la peau, dans sa nouvelle vie chez son oncle et dans son école. Entre brimades et séduction, il s'accoquine avec un vrai métalleux du coin Zakk. Un duo bientôt rejoint par les deux geeks pratiquant les jeux de rôles pendant les pauses. Ce n'est pas pour rien que ces deux cultures se rejoignent car elles proviennent du même imaginaire et font preuve du même rejet.

La qualité de Deathgasm est rendre un hommage appuyé à un univers, un art de vivre et une musique rarement mis en lumière, hormis pour se moquer. Grâce à des dialogues référentiels et des séquences hilarantes, le réalisateur parvient à créer une empathie pour ses personnages irrévérencieux mais au final attachants. La 1ère moitié installant les personnages est à ce titre très réussie en jouant sur les codes d'une culture souvent caricaturée et dénigrée à cause des valeurs défendues. Jason Lei Howden s'amuse de cette iconographie pour mieux la détourner et lui rendre un hommage appuyé au travers de morceaux de musique que les amateurs reconnaîtront sans doute.

La 2e partie se transforme alors en film gore où on déboîte du démon à coups de tronçonneuses ou de sex-toys. Comment ne pas penser à Bad Tasteet Brain dead de Peter Jackson, compatriote du réalisateur. Sans atteindre la folie gore de Jackson, Deathgasm se lâche sur la bidoche et le sang lors de scènes ultra gore où la violence visuelle est toujours compensé par un humour vachard et irrésistible. Les têtes et les membres volent avec bonheur sous les ores d'une musique de death metal avec une jubilation communicative. Malgré une baisse de rythme évidente en son milieu, Deathgasm balance du lourd en terme d'action débridée et nous renvoie au plus belles heures d'un cinéma de divertissement excessif et magnifique.

A l'image d'un Shaun of the dead, les dialogues et les allusions référentielles sont pléthores et, quand il peut, le réalisateur se charge de redonner ses lettres de noblesse à la musique qu'il défend à grand coup de tronçonneuse dans le fion avec cri de ralliement à la clé. Une attention particulièrement applaudie et appréciée par la salle toute acquise à la cause du réalisateur. Au final, Deathgasm est un vrai divertissement drôle et gore qui transpire bon les années 80-90 et l'atmosphère des salles enflammées, des cheveux longs et des pentagrammes, chères aux métalleux, surtout belges qui font voler leurs cheveux gras dans les cryptes toxiques.


A ce propos, je fais un lien vers le dossier réalisé par Rigs Mordo dans sa Toxic Crypt intitulé Terreur métallique! Dossier Metal et Horreur, où Deathgasm aurait forcément sa place.


Note : 4+/ 6

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Commentaires: 6
  • #1

    Rigs Mordo (samedi, 21 novembre 2015 16:45)

    Je n'ai pas les cheveux gras! Plus sérieusement, grand merci pour le lien et le clin d'oeil! Bon, ça ne va surprendre personne, c'est Deathgasm que j'attends avec une énorme impatience. Ca pue le film de l'année! The Survivalist peut être sympa aussi, à te lire!

  • #2

    Roggy (samedi, 21 novembre 2015 16:53)

    Deathgasm a été fait pour toi l'ami ! Pour les cheveux gras, je trouvais que ça faisait plus dark :)

  • #3

    Dirty Max (dimanche, 22 novembre 2015 19:28)

    Moi, j'ai perdu tout mes cheveux gras mais j'attends ce Deathgasm (très beau titre) avec impatience. Je viens tout juste de découvrir le trailer grâce à notre ami Rigs qui m'a fortement conseillé d'y jeter un œil. Du gore, du bis, du gros son : ça va headbanger dans les chaumières !

  • #4

    Roggy (lundi, 23 novembre 2015 00:41)

    Je connais ça la perte de cheveux :) et, malgré ce manque capillaire, tu devrais aimer "Deathgasm" !

  • #5

    Nola Carveth (mercredi, 25 novembre 2015 16:59)

    Der Nachtmahr m'intéresse bien, dans ce lien humain/créature, et la genèse est en effet intéressante. Et l'affiche est superbe !
    Curiosité pour ce post-apo, genre rebattu, qui trouve désormais souvent de beaux écrins dans les films plus "intimistes", j'ai l'impression.
    Et Deathgasm a l'air très sympa, plus que Kiss contre les Fantômes :)

  • #6

    Roggy (mercredi, 25 novembre 2015 19:18)

    Une des meilleures journées du festival avec ce très étrange "Der Nachtmahr" qui fonctionne bien sur la forme et le fond. "The survivalist" est un peu cheap mais s'avère intéressant dans son parti pris très simple (le huis-clos) et son minimalisme dans le traitement. Et, "Deathgasm" est le prototype du film de festival, drôle et gore à souhait. Et pas nanar comme "Kiss contre les fantômes" :)