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5e Jour

Lundi 7 septembre 2015


Une 5e journée très moyenne avec une expérience germano-philippine (Ruined heart), une babysitter pas assez méchante (Emelie) et une comédie horrifique anglaise (Nina forever), où seul le houblon de fin d'après-midi pré-automnal aura fait office de bonne surprise.

 


RUINED HEART – Trip – Allemagne/Philippine – 2013 – Khavn

Pitch : Un patron de la pègre règne sur un quartier de Manille, et contrôle la population par la religion et la violence. Mais lorsqu’il confie à un de ses hommes de main la tâche de surveiller sa femme, les ennuis commencent...


Le résumé du film augure d'un polar classique dans les rues de Manille. Or, c'est un leurre. Khavn est un artiste polymorphe et prolixe (il aurait réalisé 100 courts-métrages et 45 films) qui entraîne le spectateur dans son délire visuel et expérimental.

Quasiment muet, hormis des poésies déclamées, Ruined heart est une expérience sensorielle et physique difficilement explicable comme si le scénario n'était que le prétexte a balancé des scènes où les acteurs sont libres de leur expression. Au milieu de cette jungle urbaine, les gangs, les prostitués et les enfants se croisent dans un maelstrom de bruit, de musique et de danse. On se croirait presque dans un film français anar des années 70 qui aurait frayé avec un Godard philippin.

A la fois déstabilisant au départ, irritant par son non-sens, illisible dans ses caméras portées, le film sait se faire fascinant sur la fin. Porté par une musique composée par le groupe Stereo Total et par la photographie de Christopher Doyle, Ruined heart s'apparente plus à une expérience d'art contemporain qu'à une proposition de cinéma quand il déstructure son matériau dans des poses arty où la musique devient une ritournelle obsessionnelle autour des amours impossibles et des cœurs brisés.

Abandonné par le film, le spectateur a envie de le laisser filer entre ses doigts contrits lorsque Ruined heart lui balance au visage quelques scènes d'errance magnifique de beauté où la musique devient enfin un élément à part entière du projet.

Au final, le film est une expérience indéfinissable engendrant toute une palette de sentiments du plus vil au plus beau. En résumé, j'ai détesté et j'ai aussi peut-être aimé.


Note : 3 / 6

 

 

EMELIE – Thriller – USA – 2015 – Michael Thelin

Pitch : Alors que les parents voulaient fêter tranquillement leur anniversaire de mariage en confiant les enfants à la babysitter habituelle, celle-ci se décommande à la dernière minute. Miraculeusement, Anna, sa remplaçante, vient à la rescousse. Tout de suite adoptée par les trois chérubins, la jeune fille n’est pourtant pas ce qu’elle prétend...


La figure de la baby-sitter tordue du ciboulot a déjà fait l'objet de quelques films. On se souvient de l'inquiétante Rébecca de Mornay dans La main sur le berceau de Curtis Hanson ou encore The Nurse de William Friedkin. Emelie aurait pu constituer une nouvelle déclinaison du genre, or le film s'avère bien plat pour un sujet au potentiel important.

Michael Thelin, dont c'est ici le premier long-métrage, prend le temps d'installer ses personnages, de nous présenter les trois enfants et le couple qui laissera en pâture la phratrie à la nounou pas comme les autres. Une babysitter qui prend les traits de la troublante Sarah Bolger (vue récemment dans The lazarus effect). L'unique point positif du film. Parce que pour le reste, Emelie enfile les poncifs comme les enfants les perles par une après-midi pluvieuse dans un centre aéré (enfin, avant l'ère électronique...). On sait très bien qu'elle est méchante, alors elle va le prouver en les laissant tout faire, en nourrissant le serpent avec un hamster vivant, en faisan pipi devant eux et leur montrant la sex-tape de papa dans maman (Et merde, du hors-champs...).

Le problème du film est qu'il reste très propre sur lui, balisé par un scénario qui rejoue la carte du home-invasion de l'intérieur, et dont les rebondissements sont si prévisibles qu'ils n'ont plus aucun intérêt. On a même droit au flashback de circonstance censé légitimer le trauma de la babysitter parce qu'au fond c'est pas sa faute à notre Lolita psychotique. Sans compter les incohérences (mais qu'est-ce qu'elle attend pour se barrer avec le gosse ?) pour étirer le film qui ne sera jamais transgressif ou effrayant. A peine un spin-off de Maman, j'ai raté l'avion quand l'aîné décidera de se rebeller (on préfèrera The Children et ses enfants bien plus coriaces).

De facture classique, Emelie est un thriller domestique bien trop jalonné et léthargique pour apporter sa pierre à l'édifice de la gardienne de mioches maléfique.


Note : 3- / 6

 

 

NINA FOREVER – Comédie horrifique – Angleterre – 2015 – Ben et Chris Blaine

En présence des réalisateurs et de l'actrice Fiona O’Shaughnessy.


Pitch : Après la mort de Nina dans un accident de voiture, Rob a bien du mal à surmonter son chagrin. Mais alors qu’il entame une nouvelle relation avec Holly, la défunte prend un malin plaisir à venir hanter le jeune couple à chaque fois qu’ils font l’amour.


Nina forever est tout autant un film d'amour qu'une réflexion sur le deuil. Un sujet classique mais appréhendé sous l'angle de la comédie horrifique avec un postulat de départ qui aurait pu tourner à la gaudriole zombiesque. Or, ici on a les pieds bien ancrés dans un réalisme britannique où les parents de Nina ont bien du mal à remonter la pente, tout comme son fiancé Rob qui leur rend visite chaque dimanche.

Rien ne prédispose donc Nina (Fiona O’Shaughnessy qui a un rôle récurrent dans la série Utopia) a revenir d'entre les morts, surtout qu'elle choisit les ébats de Rob et Holly, sa nouvelle fiancée, pour apparaître du fin fond des entrailles du lit conjugal. Des apparitions très bien amenées laissant à chaque passage les draps maculés de son sang. Car Nina revient nue, blessée et ensanglantée par son accident. De cette situation pour le moins incongrue et macabre, naissent des scènes de comédie à l'humour pince sans rire à la mode anglaise où Nina se fait un malin plaisir à torturer psychologiquement les deux tourtereaux.

Les deux réalisateurs ne font pas dans la demi-mesure pour présenter des corps nus sans jamais chercher le voyeurisme. Nina forever parle d'amour et de l'impossibilité de se séparer de son passé, tatoué sur le dos de Rob comme une malédiction ancestrale. Si le film fonctionne bien dans sa première moitié, il a du mal à tenir la distance sur la durée règlementaire. Les apparitions récurrentes de Nina ne donnent pas un souffle nouveau au scénario qui semble, à l'image de Rob et Holly, perdu pour trouver une solution au problème. D'ailleurs, le film ne se termine pas vraiment, laissant le spectateur dans sa frustration.


Note : 3+ / 6

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Commentaires: 6
  • #1

    Rigs Mordo (mardi, 08 septembre 2015 13:21)

    La plupart ont des pitch intéressants mais visiblement ça peine à aller plus loin... Dommage, surtout pour le premier, s'il était pas arty, ça aurait pu me brancher...

  • #2

    Roggy (mardi, 08 septembre 2015 13:28)

    C'est clair qu’aujourd’hui tu peux rester couché et te matter des séries B en boucle :)

  • #3

    Nola Carveth (mercredi, 09 septembre 2015 01:27)

    Tu expliques très bien l'impression produite par Ruined Heart. La photographie est quand même magnifique, cela ne suffit pas, mais c'est quand même un plaisir à regarder. Je suis d'accord, pour Emelie, j'ai bien aimé le climat installé pendant une petite partie, mais on est d'accord que c'est globalement faible. Et d'accord aussi pour Nina Forever, ça tourne en rond, mais là c'est vraiment dommage ! Chouette compte-rendu, Roggy !

  • #4

    Roggy (mercredi, 09 septembre 2015 09:52)

    Merci Nola pour ton commentaire. Peut-être la journée la plus faible depuis le début du festival, avec quelques fulgurances artistiques. C'est déjà ça :)

  • #5

    Nola Carveth (mercredi, 09 septembre 2015 11:54)

    Personnellement cela ne me dérangerait pas de ne voir que d'excellents films^^ Mais comme dans tout festival, à prendre, à laisser !

  • #6

    Roggy (mercredi, 09 septembre 2015 17:18)

    Dans mon souci de complétude, ne voir que de bons films serait trop épuisant pour moi :)