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2e Jour

Vendredi 4 septembre


Déjà 4 films pour cette 2e journée éclectique avec un documentaire sur le cinéma turc, une dinguerie japonaise, un post-apo canadien sympathoche et un horror-movie indien.


REMAKE, REMIX, RIP-OFF – Documentaire – Allemagne/Turquie – 2014 – Cem Kaja

 

 

Le volubile et sympathique réalisateur Cem Kaja a présenté son documentaire avant le début de la séance pour apporter des éclairages très intéressants sur ce cinéma du Bosphore assez peu connu dans nos contrées.


Cem Kaja aura mis 12 ans pour réaliser son film (il a visionné plus de 1 500 films !) qui se construit autour de multiples interviews de réalisateurs, producteurs et d'acteurs ayant œuvré à cette époque. Dans les années 50 et 60, le cinéma turc était foisonnant, axé surtout sur les drames et les histoires d'amour. Parce que cette forme de cinéma commençait à péricliter, les producteurs ont eu l'idée de regarder ce qui se faisait ailleurs. Toute une série de remake, de rip-opp naîtront alors, notamment en provenance d'Hollywood pour engendrer un nouvel âge d'or où les films coulaient à flot. Des relectures faites avec peu de moyens mais avec détermination et débrouillardise.

Le documentaire montre comment, grâce à une loi turque ne protégeant pas les Copyright, les producteurs ont pu sans vergogne (mais avec aménité) refaire scène pour scène les plus succès du moment comme L'Exorciste, Rambo ou Star Wars. D'autres formes de cinéma ont éclos comme les parodies de super-héros (Superman porte son costume avec le symbole de Batman à la ceinture) ou des productions locales qui étaient le produit de l'agencement de plusieurs films, bénéficiant également des musiques les plus connus. A l'image de celle du Parrain ou d'Opération Dragon suivant le type de scènes à tourner, comme si elles avaient été libres de droit. Le documentaire est illustré par des extraits de films souvent très drôles aboutissant à des mélanges improbables de plusieurs genres et de scénarios. Sans moyen et avec seulement 3 scénaristes pour les centaines de films produits chaque année, les producteurs étaient dans l'obligation de recycler à l'infini les mêmes scènes, les mêmes dialogues (même les pellicules et les couleurs pouvaient être distinctes).

En remontant le temps, le documentaire s'attache à faire un bilan de ce cinéma. Son évolution fut entravée par les Gouvernements successifs. Censure et propagande furent le lot quotidien des acteurs de cet art populaire (le public était essentiellement rural) jusqu'à fermer et détruire d'anciens cinémas (il est amusant de voir la même situation conflictuelle qu'en France pour le cinéma pornographique). Aujourd'hui, le cinéma turc a été supplanté par la télévision qui, dans le même esprit, continue à produire des remake de séries occidentales du moment.

Au final, le documentaire est passionnant car il ressuscite une époque révolue de tout un pan de l'histoire du cinéma turc qui continue à vivre sous un format vidéo en Allemagne où la communauté turque devient le garant de cette mémoire.


Note : 4 / 6

 

TAG – Action débridée – Japon – 2015 – Sono Sion


Pitch : Unique rescapée d’une attaque surnaturelle qui a décimé tout son car scolaire, Mitsuko, lycéenne qui a la faculté de voir les morts prochaines, va tenter de sauver ses camarades d’école d’un assaut de fantômes maléfiques.


A l'instar de Takashi Miike, Sono Sion est un réalisateur prolixe et en plus il est fou. (il a tourné 6 films cette année et en a 2 autres en préparation...). Cette fois-ci, il adapte un manga lui permettant de mettre en exergue son univers violent et sa dérision permanente.

La première scène voyant le massacre de plusieurs lycéennes dans deux bus renvoie directement à l'ouverture de Suicide Club. Si Sono Sion a choisi ce manga c'est parce qu'il colle parfaitement à son cinéma contestataire et moqueur. Le monde dépeint est peuplé exclusivement de femmes, en l'occurrence de lycéennes accortes (et un peu connes ?) portant l'uniforme très court avec petite culotte blanche apparente. Si le film débute comme un épisode de la Quatrième dimension, il prend très vite les atours du manga. Entre des scènes de dialogues un peu niaises, de ballades dans les bois (merci les drones), le réalisateur instille sans retenu des séquences ultra-violentes, comme ces professeurs sortant de gros calibres pour défourailler les élèves.

Et Sono Sion, comme dans un Sushi Typhoon, n'y va pas avec le dos de la machette. Corps coupés en deux, têtes explosées se succèdent au milieu de gerbes de sang tandis que la pauvre Mitsuko se demande ce qu'elle fait là. Un peu comme le spectateur, perdu dans un scénario qui multiplie les points de vue et les situations abracadabrantesques. En bon punk, Sono Sion tape avec un burin serti de barbelé sur le bon goût et les institutions. En plus de flinguer de la donzelle hystérique, il balaie d'un revers de kalach la morale (la scène où toutes les femmes se dévêtissent dans l'église) ou la bien-pensance (gestes et dialogues vulgaires) pour explorer tous les champs du possible. La 2e partie du film vire ainsi au portnawak avec l'apparition de personnages improbables et de théories fumeuses sur les voyages dans l'espace-temps, jusqu'à une conclusion à la fois drôle et absurde.

Sono Sion est comme ça, dans l'explosion des codes et dans l'outrance visuelle. Quelquefois, c'est à la limite du ringard et par moments, c'est sublime.


Note : 4-/6

TURBO KID – Post apo – 2015 – Canada/Nlle-Zélande – François Simard, Anouk Whissell, Yoann-Karl Whisselle


Pitch : The Kid, un orphelin timoré qui tente de survivre dans les ruines d’un monde en déliquescence, va devoir affronter le terrible Zeus et sa horde de barbares, pour sauver la belle Apple.

 

 

Dès la 1ère séquence, on sait que le film est réussi. Une présentation rapide par une voix-off sur le monde post-apocalyptique et l'apparition du héros, The kid (Munro Chambers) donnent le ton du film. On est en 1997 et la musique du générique qui tourne dans un walkman rappelle cette époque-là (un peu la même sensation que pour Les gardiens de la galaxie). Alors que l'on pourrait tomber très vite dans le ridicule, le monde imaginée par les réalisateurs fonctionne parfaitement. On y croit de bout en bout. Pourtant, les personnages se déplacent en BMX et portent des tenus dignes d'un post-apo italien.

Malgré tout, le scénario est cohérent et les acteurs sont parfaits dans leur rôle, créant une réelle empathie, notamment le couple formé par le kid et Apple (Laurence Leboeuf). Sans oublier cette bonne vieille baderne de Michael Ironside dans le rôle de Zeus, le méchant de service. Turbo kid crée sa propre identité, son univers tout en rendant hommage au cinéma de genre. Les références sont pléthores à l'image du monde dévasté proche de celui de Mad Max (jusqu'au personnage de Skeletron) ou à celui de Cherry 2000. On notera même que la trame de fond est un remake de Conan le Barbare (Kid tombe dans un trou et trouve une arme qui lui servira à venger sa famille dont il retrouvera les assassins).

Tout en mettant en image un monde crédible, les réalisateurs n'en oublient pas pour autant l'auto-dérision. L'humour et les bons mots fusent sans jamais jouer la surenchère pour un résultat en adéquation avec un scénario simple mais efficace. Côté action, les combats sont à la fois drôle, hyper violents et très gores (on pourrait même penser au manga Ken le survivant), mais toujours dans un esprit festif et généreux. Le film pue l'amour du genre et la nostalgie (le kid s'identifie à un héros de Comics) d'un cinéma des années 80-90 aujourd’hui presque disparu, où les survivants se battent entre eux, affublés des derniers oripeaux de l'humanité.

Turbo kid est donc un film totalement réussi sur la forme (des poursuites à vélo quand même !), duquel il se dégage un charme contaminant, inhérent aux grands films. A voir absolument et à quand une suite ?


Note : 5 / 6

LUDO – Horreur – Inde – 2015 – Q, Nikon


Pitch : Quatre adolescents s’enfoncent dans la nuit pour une fête monumentale. Les deux couples vont s’introduire illégalement dans un centre commercial, ce qui aura pour effet de libérer deux entités surnaturelles.


Le film est divisé en trois parties distinctes en terme visuel et de ton. Dans son entame, le métrage est plutôt léger (voire comique) lorsque l'on suit ces quatre jeunes partis pour une soirée de nouba, de beuverie et de sexe dans une Inde repliée dans ses carcans sexuels (pas facile de trouver un hôtel quand on n'est pas mariés). Pourtant, en pénétrant dans un centre-commercial vide, Ludo se transforme en film de fantôme avec l'apparition d'un couple bien étrange, à l'imagerie zombiesque (Romero n'est pa si loin).

Le film bascule alors définitivement dans l'horreur viscérale quand les protagonistes jouent à un jeu de l'oie maléfique et cannibale. Une idée intéressante construite autour du jeu et du lancement de dés qui finira en bain de sang (je ne savais pas que les "Petits chevaux" pouvaient faire si mal...). Le problème du film vient de sa dernière partie. En effet, un très long flashback éprouvant viendra clore le film pour raconter comment les deux personnages rencontrés dans le centre commercial sont devenus des créatures maléfiques.

Accompagné par une musique assourdissante, de gros plans sanglants et de contorsions de corps perclus de douleur, cette ultime bobine fait mal aux personnages ayant subi cette malédiction, digne d'un Vlad l'empaleur. Mais aussi au spectateur qui subit ce déferlement frontal de violence et de scènes glauques jusqu'à plus soif. Au final, si le film possédait une patine intéressante au départ, hors des sentiers battus, Ludo se perd en circonvolutions horrifiques et en mélange de thématiques fantastiques comme le vampirisme ou le cannibalisme.


Note : 3-/6

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Commentaires: 10
  • #1

    Rigs Mordo (samedi, 05 septembre 2015 13:05)

    Belle pioche! Il y en a trois que je tiens à voir: Turbo Kid (que je voulais déjà voir, tu me confirmes la bonne impression), le docu sur le cinoche Turc (je suis obligé avec Madame Mordo...) et le Sono Sion, qui semble intéressant. Bon le Ludo, c'est autre-chose, ça m'attire pas des masses... Très bon compte-rendu en tout cas, Roggy buddy! :)

  • #2

    Roggy (samedi, 05 septembre 2015 13:10)

    Merci Rigs ! Effectivement, ces trois films sont faits pour toi, notamment "Turbo Kid" qui devrait te satisfaire au plus haut point :)

  • #3

    Alice In Oliver (samedi, 05 septembre 2015 14:45)

    Très envie de voir Turbo Kid que je ne connais pas. Je ne m'attendais pas à une critique aussi panégyrique, mais plutôt à un nanar sympathique.

  • #4

    Roggy (samedi, 05 septembre 2015 14:48)

    Je t'avoue que, comme toi, je m'attendais à un nanar et au final, j'ai adoré le film. Tu ne devrais pas être déçu.

  • #5

    princécranoir (samedi, 05 septembre 2015 22:22)

    Un Sono Sion complètement barge, un post apo qui semble sorti d'un autre âge : on entre dans le dur dès le deuxième jour. Et je crois que tu n'es pas au bout de tes surprises.

  • #6

    Alice In Oliver (samedi, 05 septembre 2015 23:17)

    Maintenant va falloir le trouver...

  • #7

    Roggy (dimanche, 06 septembre 2015 00:01)

    A Princécranoir,
    Tu n'as pas tort et la suite se présente bien :) Merci pour ton passage.

  • #8

    Roggy (dimanche, 06 septembre 2015)

    A Alice in Oliver,
    Vu la qualité, il y a de fortes chances qu'il sorte.

  • #9

    Dirty Max (lundi, 07 septembre 2015 09:19)

    Dans cette fournée, je choisis Turbo Kid ! Tu m'incites à reprendre une louche de post-apo, quelques mois après la tuerie Fury Road. J'imagine que ces cyclistes du futur n'auront pas le droit à une sortie dans les salles françaises (heureusement que le dvd résiste). D'où l'importance des festivals de ce type.

  • #10

    Roggy (lundi, 07 septembre 2015 09:24)

    Turbo Kid est une grande réussite à mon sens qui aura forcément une vie en DVD ou sous une autre forme. Un Fury road en mode "Tour de France" et à l'économie que je conseille vraiment.