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Soirée Perles rares vampiriques à la Cinémathèque
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11 et 12 Avril 2015

 

Rapide tour à Bruxelles au BIFFF pour partager l’enthousiasme et la folie de nos amis belges, adeptes des chansons des réalisateurs invités, de cris dans le noir et de réflexions philosophiques pendant les séances. WELCOOOOME ! Au programme, de la SF australienne, du fantastique paranoïaque mexicain, du drame argentin, de la comédie vampirique australo-suisse et du thriller hard-boiled coréen. Des films multicolores qu’on ne verra pas de sitôt sur les écrans.

 

 

INFINI – Science-fiction – Australie – 2014 – Shane Abbess


Premier film du jour, un thriller de SF se déroulant à l’intérieur d’une station spatiale sur une planète abandonnée. Le film n’est pas très facile à résumer malgré les dialogues du début (ou alors, je n’ai pas assez potassé mon petit Bogdanov illustré) pour nous expliquer l’envoi d’une troupe de soldats sur une planète de forage (parce qu’apparemment la Terre va mal et qu’il faut trouver des solutions). Leur but est de ramener Will Carmichael, téléporté dans la station suite à une explosion ayant détruit toute son unité, et de désamorcer une charge explosive. Mon résumé scientifique est digne d’un élève de 6e mais, même si on ne comprend pas trop pourquoi ils s’y rendent (faut dire que les sous-titres rapides et la tête chevelue de mon voisin d’en face n’aident pas) le film se laisse regarder malgré la complexité des enjeux du départ.

Doté d’une très belle photographie, de costumes efficaces (les armures des soldats) et de décors soignés, notamment la station, Infini est un petit film de SF qui lorgne fortement sur la série des Alien. En effet, la station est à l’abandon et leurs occupants ont tous été assassinés. Très vite, Infini se transforme en film de couloirs où la troupe inspecte chaque pièce à la recherche d’indices. En fait, tous les morts ont été contaminés par une espèce de gloumoute visqueuse les mutant en tueurs sanguinaires. C’est ce qui va arriver à nos soldats qui, progressivement, vont s’entretuer (du sang sur la peau suffit à les contaminer) en devenant cinglés, les yeux rougis par la folie et les cris primals en plus (un peu comme dans The Crazies de Romero).

Visuellement, le film fonctionne (on aurait quand même espérer plus de plans extérieurs) mais à trop vouloir embrasser plusieurs genres comme le thriller horrifique et se donner une contenance philosophique, il en oublie quelque peu son histoire. En effet, au bout d’un moment, on sent bien que Shane Abbess a épuisé son quota de rebondissements et le film tourne un peu en rond (ou dans les couloirs). La dernière partie du film met en lumière les effets hallucinatoires de la mutation tandis que les derniers rescapés s’affrontent et s’enferrent dans une sorte d’explication métaphysique un peu difficile à appréhender d’autant plus que le dernier twist très 2001 (juste dans l’esprit hein…) brouille encore plus les pistes entrouvertes tout au long du film.

Au final, Infini n’est jamais désagréable et les acteurs font le job lors des transformations les amenant sur les terrains de la folie, mais le manque de budget et les ouvertures trop nombreuses nuisent sur la durée du métrage, comme si le réalisateur avait été trop gourmand sur la volonté foisonnante de donner un sens à son film. Pas si mal néanmoins pour ce film australien dans la veine de la production suisse Cargo (c’est pas en France qu’on verrait l’once du début d’un film de ce genre…).


THE INCIDENT – Fantastique – Mexique – 2014 – Isaac Ezban


Je n’ai pas de chance aujourd’hui avec les résumés, parce que celui-ci vaut le détour en terme de pitch. Découpé en deux lieux distincts, le film commence par une course-poursuite entre un policier et deux frères dans les escaliers d’un immeuble et se poursuit par le voyage d’un couple et de deux enfants sur une route sans fin. Difficile d’en dire plus sauf que ces deux histoires sont liées.

Ce qu’il faut savoir c’est que tous les personnages vont se retrouver coincés (dans les escaliers et sur la route en plein désert) comme s’ils étaient prisonniers d’une boucle temporelle. La 1ère partie du film fait ainsi penser à un épisode de la Quatrième dimension. Avec très peu de moyens, le réalisateur parvient à donner le sentiment d’enfermement à ses protagonistes tournant en rond comme des souris dans un laboratoire. Mais, la plus grande influence du film reste la série Lost dont Isaac Ezban est un fan absolu (il a participé sur le net à des discussions interminables sur le sujet). Et cela se ressent à chaque instant par la musique qu’on reconnaît jusqu’aux noms utilisés (Daniel, la cabane de Jacob). Alors que le film devient un peu redondant, il prend un caractère particulier dans sa 2e partie puisqu’on retrouve nos héros 35 ans plus tard toujours enfermés dans leur prison temporelle. Par le biais de trouvailles visuelles et scénaristiques (la nourriture se reconstitue à l’infini), cette situation paraît tout à fait plausible et redonne un souffle presque comique au film (surtout la partie dans l’escalier).

Dommage que la fin soit si compliquée à comprendre (un peu comme tout le scénario de Lost). Le réalisateur se lance alors dans un final essayant de relier les deux histoires entre voyage dans le temps et destinée humaine, mais brouille le spectateur avec ces 20 minutes un peu trop longues et tordues. Pourtant, force est de reconnaître la qualité globale de l’objet, à la fois bien shooté et intriguant jusque dans sa résolution. Un purgatoire temporel original et couillu de la part d’un réalisateur qui a enflammé la salle avec sa reprise d’Highway to hell. Prémonitoire.


THE RETURNED – Drame – Argentine – 2014 - Ivan Noel


Ce film était projeté dans le cadre du focus sur l’Argentine. Une toute petite production indépendante (la moitié du budget vient du crowfunding) fabriquée de A à Z par un argentin (qui parle très bien français car il a vécu en Belgique) dans un petit village reculé avec quelques acteurs professionnels mais dont la plupart sont les habitants du coin. Trois enfants disparus pendant 24 heures réapparaissent dans le village. Ils sont nus et semblent avoir subi des mutilations. Surtout, ils sont mutiques depuis leur retour et semblent enclins à se venger.

Ivan Noel (à la base un musicien) arrive à créer une ambiance et une patine très singulière à son film. Si certaines scènes sont peut-être un peu lentes, la tension monte progressivement autour de l’enquête d’un inspecteur dépêché sur place pour tenter de comprendre qui a commis ces exactions sur les enfants. Pour ce faire, le réalisateur utilise notamment un hôpital désaffecté ayant été tenu par des allemands pendant la guerre (même Hitler l’avait adoubé !). Ce lieu donne un climat malsain au milieu des enfants qui s’y amusent innocemment où l’ombre du nazisme et des expériences médicales rôdent en permanence. Le film monte crescendo lorsque les autres enfants paraissant contaminés par ces "revenants" semblent provoquer des morts suspectes dans la population (On pense forcément aux Révoltés de l’an 2000 Narciso Ubanez Serrador). Même la population perd les pédales et commence à tomber dans la violence.

Si le film est quelque peu contemplatif et lent (la musique est très présente), il tient parfaitement la route parce qu’il embrasse des thématiques violentes et réalistes autour de la mutilation sur les enfants (le réalisateur ne nous épargne pas grand-chose) et des secrets de familles, dans une atmosphère vénéneuse de la campagne argentine. On comprend aussi pourquoi ce sujet politiquement incorrect a du mal à émerger dans le circuit traditionnel.


THERAPY FOR A VAMPIRE – Comédie – Autriche/Suisse – 2014 - David Ruhem


Changement de registre avec cette comédie venu de l’Est où un émule de Dracula consulte un psychanalyste parce qu’il ne supporte plus sa femme (les trop longues années passées auprès d’elle). Alors que la bande-annonce laissait présager un spectacle médiocre, Therapy for a vampire a enchanté les spectateurs venus en nombre pour rire ensemble devant cette petite comédie sans prétention à l’humour intelligent et jamais graveleux.

Il est vrai que les comédies vampires sont pléthores et rarement réussies. On peut dire que ce film se rapproche du mètre étalon en la matière, Le Bal des vampires de Polanski. Le film est réussi parce qu’il prend au sérieux l’aspect fantastique. Les effets visuels sont de bonnes qualités et le comique vient des relations entre les personnages et non pas de situations et de jeux de mots artificiels comme on le voit trop souvent. Le film ne se cantonne pas aux vampires, il met aussi en lumière un peintre et sa dulcinée (Lucy) dont va s’éprendre le vampire la prenant pour un amour ancestral. Un jeu de séduction à trois perturbé par la femme du vampire et par leur valet très drôle tout du long.

Il est rare de tomber sur une comédie qui ne s’essouffle pas et fonctionne jusqu’au bout. Il faut dire que Therapy for a vampire n’est jamais prétentieux et exploite au mieux son sujet malgré son budget sans doute restreint. Jouant sur les côtés récurrents du vampirisme (les miroirs, l’attrait du sang), le film fait preuve d’originalité dans le propos et propose des moments très drôles notamment avec le psychanalyste ou en jouant sur l’obsession du vampire à compter tout ce qu’il peut un autiste. Un bon moment au final dans un film où la mayonnaise comique prend dès le départ et dont l’intensité ne faiblit pas avec le temps.


NO TEARS FOR THE DEAD – Thriller – Corée-du-Sud – 2014 – Jeong beom Lee

 

 

Chaque festival a son polar coréen. Et le BIFFF ne trahit pas à la tradition avec ce film de l’auteur de The man from nowhere. Un thriller dur et émouvant dans la pure tradition des policiers qu’on a pu voir ces dernières années. Gon est un tueur à gage qui, lors de son dernier contrat tue par erreur une petite fille. Terrassé par cette mort, alors qu’il veut tout arrêter, il doit accomplir un ultime travail. Trouver un fichier important pour les triades et éliminer la mère de la petite fille qu’il a tuée.

Un pitch classique qui commence par une scène très violente tandis que la suite se fait plus calme, le réalisateur s’attachant à développer les relations entre Gon et la mère dont il s’éprend progressivement notamment à cause de la douleur de cette dernière. Si le film prend son temps, il est perclus de bouffées de violence qui font particulièrement mal notamment dans la 2e partie du métrage. Une tuerie ultra gore se dessine dans un appartement. Un moment de bravoure merveilleusement mis en scène où les balles volent et les coups pleuvent qui aurait pu constituer un climax sans problème.

Alors qu’on croyait le film terminé, le réalisateur recharge sa caméra comme les personnages les flingues pour relancer l’action vers un final dans une tour, comme un hommage à Piège de cristal. Un final dantesque et sanglant qui ressemble à A Bittersweet life dans sa violence stylisée comme toujours un peu irréaliste. On comprend mal comment les protagonistes arrivent encore à se battre au vu des mandales et des balles qu’ils encaissent.

A l’instar de tous les polars coréens, le film est trop long et n’en finit pas de finir mais, malgré cette scorie atavique et un manque d’originalité dans la figure du tueur (un homme jeune, casquette vissée sur la tête et expert en technique de combat) No tears for the dead tape fort sur les articulations et prend le spectateur à la gorge pour ne plus le lâcher.

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Rigs Mordo (lundi, 13 avril 2015 16:20)

    Bon et bien on dirait que j'ai loupé quelques jolis morceaux, sans surprise c'est No Tears of the Dead qui m'attire le plus du lot mais je dois dire que Therapy for a Vampire éveille ma curiosité à la lecture de ton papier (c'est pas la cover qui donne envie en tout cas, ça fait comédie B lambda), tout comme The Returned qui a un sujet particulier et intrigant. Très beau report en tout cas Roggy, et encore désolé pour le faux bond... On rattrapera ça!

  • #2

    laseancearoggy (lundi, 13 avril 2015 19:03)

    Je pense que tous ces films pourraient vraiment te plaire, même s'ils sont différents et pas forcément tournés vers le Bis. De toute façon, hormis le film coréen, je ne suis pas certain que tu aies la possibilité de les voir. Pas de soucis pour le rendez-vous manqué. Il y aura d'autres festivals :)