VIKINGS

Saison 3 : 10 épisodes

Durée : 42 min/épisode

Date de création : 2015

Créateurs : Michael Hirst

Vikings en mode Tho(u)riste

Comme dans la saison précédente, le 1^er objectif sera de retourner dans le Wessex en Northumbrie (la future Angleterre). Mais, cette fois-ci, suite aux accords avec le Roi Ecbert, il revient pour prendre possession de terres et installer une partie de ses compatriotes (ce rôle sera dévolu à son ancienne épouse Lagertha) pour qu’ils deviennent fermiers. De son côté, Ragnar, manipulé par le Roi Ecbert, participera à une guerre pour détrôner le Roi voisin et favoriser ce dernier. Même si ces événements restent annexes à l’histoire principale, ils sont le théâtre des premiers combats sanglants de cette saison 3 et permettent de défouler nos vikings toujours prêts à en découdre avec n’importe qui. Mais, ceci n’est qu’un hors-d’œuvre en comparaison de la campagne qui va occuper la fin de la saison.

A l’assaut de Paris

Grâce aux propos rapportés par Athelstan, devenu en quelque sorte son conseiller personnel, Ragnar décide de conquérir Paris. Présentée comme une ville fabuleuse et pleine de trésors, la ville qui n’est pas encore lumière, attise le désir brûlant de Ragnar comme s’il voulait prendre une femme. Branle-bas de combat, et ce malgré les réticences de certains (Flocki est nommé général en chef), les drakkars remontent l’embouchure de la Seine jusqu’aux portes d’une ville encore fortifiée. Si l’épisode intitulé sobrement "Paris" sert de mise en place des troupes et de la découverte des résidents de la Capitale, le suivant sera consacré entièrement à l’assaut de la ville. Un épisode guerrier où les bateaux déverseront un flot de vikings et de machines de guerre rappelant certaines scènes du Seigneur des anneaux. Malgré leur bonne volonté, les assaillants sont repoussés par les troupes locales, de plus échaudés par de l’huile bouillante. Des affrontements épiques au corps à corps sur les remparts et une déroute démentielle au final pour des vikings moins à l’aise que sur un terrain à découvert.

De la petite à la grande Histoire

Si la teneur réelle des combats n’est pas avérée, notamment dans la séquence réussie de la tentative de prise du pont d’entrée par les vikings, où des armes de guerre très inventives sont utilisées avec succès par les défenseurs, Vikings relate néanmoins des événements historiques. En effet, dans la réalité, les vikings avaient commencé leurs incursions dans la future Normandie au début des années 840. C’est en 845 que Ragnar Lodbrok poussera jusque dans l’embouchure de la Seine avec une centaine de navires et plus de 5 000 hommes. Après s’être emparés de Rouen, les vikings progresseront vers Paris, ville fortifiée de la Francie Occidentale, en ravageant et pillant tout sur leur passage. Pour mettre fin au siège, le Roi Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, accepte de verser un énorme tribut pour que les vikings rentrent chez eux. Les raids vikings contre Paris reprendront en 856, 861 et 885. Ce dernier durant plus d’une année.

Choc des cultures

Cette saison 3 est aussi intéressante parce qu’elle montre la difficulté pour deux civilisations aux antipodes de s’accorder culturellement. Difficile pour les chrétiens d’accepter la présence de païens parmi eux. Une culture différente et polythéiste adepte du sacrifice comme dans cette scène où une chèvre est tuée lors d’un rituel un peu grand-guignolesque et macabre pour satisfaire le Dieu de la fertilité. Peinturlurés et revêtus de vêtements de cérémonie, les vikings, sous l’égide de Lagertha, déversent le sang de la bête sur la terre au grand dam des habitants du Wessex qui se signent frénétiquement devant le spectacle, comme s’ils étaient en présence du diable. De même, l’atmosphère fantastique est encore plus prégnante dans le show, notamment dans l’épisode 4 intitulé "Dans la douleur" et le personnage ambigu du vagabond Harbard (l’imposant Kevin Durand The Strain). Hormis l’agriculture qui les rapprochent, la cohabitation entre les deux cultures est semée d’embûches, surtout sur la question religieuse qui demeure un véritable problème, cristallisée par le personnage de Ragnar.

Acculturation

Paradoxalement, Ragnar est plus en retrait dans cette saison. On le sent moins présent même s’il prend part aux batailles et conduit la politique de son peuple. Depuis sa rencontre avec le moine devenu soldat Athelstan, il est tiraillé sur sa foi et son désir d’apprendre de son nouveau compagnon. Rongé par les doutes, il apparaît bien seul surtout quand il revêt la croix de son ami, symbole de l’abandon de sa religion au profit du Christ. Ragnar devient pensif et mutique. Son personnage fait alors penser à un mélange de Conan et du Colonel Kurtz d’Apocalypse Now, magnifié par Marlon Brando. Parce qu’au fond de lui Ragnar est en train de changer et, sous l’impulsion de son ami, se rapproche de cette religion étrange et monothéisme. A force de côtoyer des êtres différents, il fait preuve d’acculturation, c’est-à-dire qu’il s’imprègne de la foi d’Athelstan et commence à vivre avec ses deux entités. Ce dilemme religieux est au centre de cette saison 3 et marque un tournant dans les relations avec ses compagnons, notamment son frère Rollo et Flocki, qui ne comprennent pas ses nouvelles accointances.