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STONEHEARST ASYLUM (HYSTERIA)

 

GENRE : Vol au-dessus d’un nid de fous

REALISATEUR : Brad Anderson

ANNEE : 2015

PAYS : USA

BUDGET : ?

ACTEURS PRINCIPAUX : Jim Sturgess, Kate Beckinsale, Ben Kingsley...

 

RESUME : Lorsqu’il arrive à l’asile de Stonehearst le docteur Edward Newgate est accueilli par le Directeur de l’établissement, le Dr Lamb et une envoûtante jeune femme : Eliza Graves. Edward montre beaucoup d’intérêt pour les méthodes de traitement modernes de Lamb, jusqu’à ce que de mystérieuses disparitions attirent son attention... Suivez Edward dans une passionnante enquête aux frontières de l'étrange.

 

MON HUMBLE AVIS

Brad Anderson n’est pas le plus réputé des réalisateurs. On le connaît surtout pour son terrible The Machinist avec un Christian Bale épais comme une feuille à cigarettes. Son cinéma est composé de série B souvent intéressantes mais pas forcément abouties à l’image de L’empire des ombres avec Hayden Christensen ou The Call avec Halle Berry. Seul Transsibérien, polar neigeux et viril, sembla voleter au-dessus de la mêlée. Une œuvre qui s’enrichit ici avec Stonehearst Asylum, adaptation d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe se passant à l’intérieur d’un hôpital psychiatrique.

Dès le départ, on retrouve bien l’ambiance gothique et sombre d’un Poe dans ce film se déroulant juste avant le début du XIXe siècle. Surtout lorsque le Docteur Edward Newgate débarque devant les grille de l’asile de Stonehearst. Une bâtisse dont les formes crépusculaires se distinguent dans un brouillard dense et fantomatique comme un Hammer de la belle époque. Confronté à cette faune de dingos, le Docteur Newgate a bien du mal à distinguer le bien du mal et entame une enquête difficile dans les arcanes d’un château dévolu à une folle ambiance. Porté par une caméra alerte, on suit avec bonheur le jeune homme au milieu de cette cohorte particulière faisant penser à une émule de Freaks, où on prend les repas en commun (de l’écureuil rôti faute d’argent) dans un climat de fête libertaire.

Comme toujours chez Anderson, la photographie est soignée, les décors et les costumes sont au diapason pour rendre crédible cette histoire de fous où on retrouve avec bonheur de veilles connaissances. Pour la plupart des seconds rôles, mis à l’honneur comme Jim Sturgess (l’excellent Heartless) ou encore un Ben Kingsley, désormais adossé à tous les DTV, en directeur de cette usine d’aliénés. Sans compter la présence de Michael Caine, Brendan Gleeson ou de David Thewlis (Régression). La gent féminine (Eliza Graves) étant représentée par la belle Kate Beckinsale, enfin extirpée de son costume moulant d’Underworld, en femme soi-disant hystérique (d’où l’autre titre alternatif du film). On la retrouve ainsi dans la première scène, présentée comme un animal de foire, face à une assemblée d’étudiants en médecine, à l’instar d’un Elephant Man dont la condition d’être différent justifiait d’en faire un monstre.

Stonehearst Asylum s’avère donc ambitieux (Mel Gibson en producteur !) dans son traitement et dans un scénario jouant en permanence sur les faux semblants. Très vite, on se demande qui est qui dans ce château où les fous côtoient les surveillants grâce à des méthodes aux antipodes des pratiques normales de l’époque. Des pratiques thérapeutiques novatrices semblant favorables aux patients. Comme livrés à eux-mêmes les résidents constituent une cour des miracles où les trognes patibulaires frayent avec les excentriques de tout bord dans une atmosphère de fin de siècle. Si le film reste un thriller en costume, il est également une réflexion et une dénonciation des méthodes barbares et inhumaines pratiqués dans les hôpitaux psychiatriques. Sous prétexte de folie, les patients étaient torturés à l’aide de machines dignes d’un interrogatoire pour terroristes, comme ultime soin palliatif à une norme qui n’est pas celle de la société.

Le scénario joue ainsi sur l’ambiguïté des personnages et crée une empathie généralisée dans les deux camps sans manichéisme. Chacun d’eux est suffisamment caractérisé pour révéler une psyché perturbée passant du clair à l’obscur comme Silas Lamp, interprété par Ben Kingsley, dont le visage si particulier et les yeux noirs évoquent à merveille les péripéties d’une âme tourmentée. Une ambivalence symbolisée aussi par Eliza Graves, déclarée folle à son insu et subissant les touchers masculins pour justifier sa folie. Elle fait ici figure de passerelle entre la rationalité et le désir d’émancipation des femmes, mais aussi des occupants de l’hôpital plus généralement.

Certes, le film n’est pas exempt de reproches notamment sur la tenue complète de son scénario très ambitieux générant quelques ralentissements de rythme et un manque évident de souffle pour faire gravir le film jusqu’au sommet du cinématographe. Néanmoins, l’ensemble tient la cordée et rivalise finalement avec le récent Crimson Peak avec lequel il entretient une esthétique commune même s’il est dénué d’éléments fantastiques. Le scénario est somme toute charpenté pour tenir la cadence sans jamais ennuyer en multipliant les rebondissements. On pourra ergoter sur le dernier twist opportuniste et peut-être un peu too much, mais matérialisant bien la nature profonde des personnages entre chiens et loups.

 

4+/6

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Rigs Mordo (mercredi, 27 avril 2016 20:29)

    Tu m'apprends que The Call (au demeurant sympa) était de ce mec! Sinon ce film semble correct, bon casting, je pense que je me laisserai tenter s'il me passe sous le nez :)

  • #2

    Roggy (mercredi, 27 avril 2016 20:38)

    L'ambiance et le sujet devraient te plaire, surtout avec ce casting de seconds couteaux plutôt sympathique.

  • #3

    princecranoir (jeudi, 19 mai 2016 06:51)

    Decidement, on croise souvent Ben Kingsley chez les dingues depuis "shutter island". Pas entendu parler de ce Poe qui sort de la brume. Crimson Peak empruntait tellement à la maison Usher qu'il était bien normal qu'on revienne à la source, qui m'a lair d'être très buvable ma foi. Comme Rigs, j'y passerai à l'occasion.

  • #4

    Roggy (jeudi, 19 mai 2016 19:04)

    La porte de l'hôpital psychiatrique est ouverte :)