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HUIS CLOS


GENRE : L’enfer, c’est les autres

REALISATEUR : Jacqueline Audry

ANNEE : 1954

PAYS : France

BUDGET : ?

ACTEURS PRINCIPAUX : Arletty,Gaby Sylvia, Franck Villard...


RESUME : Un groupe de damnés arrive aux portes de l'Enfer : un hôtel désuet. Trois d'entre eux sont enfermés dans un même salon. Chacun évoque sa vie, mais de brèves apparitions de leur existence, démentent leurs propos.


MON HUMBLE AVIS

Huis clos est la transposition au cinéma de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Paul Sartre. Ce dernier ayant participé à l’adaptation et aux dialogues avec Pierre Laroche qui n’est autre que le mari de la réalisatrice Jacqueline Audry. Une des rares femmes cinéastes de cette époque à qui l’on doit entre Les malheurs de Sophie ou Le secret du chevalier d’Eon.

Comme son nom l’indique, Huis clos de déroule quasi exclusivement dans une seule pièce, même si la première scène montre l’arrivée des nouveaux "élus" en enfer par une réception d’hôtel faisant office d’antichambre de l’au-delà, avec groom à l’entrée et garçons d’étage. Comme si les vacanciers prenaient possession de leur chambre, les damnés sont répartis dans une pièce. Alors que les personnages s’attendent à trouver des objets de torture et les flammes de l’enfer, les voilà au milieu d’une chambre plutôt cossue avec comme seuls mobiliers trois canapés. Si le postulat de départ est fantastique, les seuls effets visuels du film se limiteront à des miroirs qui ne réfléchissent plus les images et à une fenêtre se transformant régulièrement en écran de cinéma. De petits films illustrant l’après mort des trois personnages et les conséquences sur les vivants et permettant surtout à la réalisatrice des respirations salvatrices pour sortir de l’ornière du théâtre filmé où apparaissent les juvéniles Nicole Courcel et Danielle Delorme.

En tête d’affiche de Huis clos, on reconnaît Arletty, éternelle Garance des enfants du paradis, dans le rôle d’Inès en employée des Postes qui ne cache pas son attirance pour les femmes, et notamment pour Estelle (Gaby Sylvia, vue dans Nous irons tous au paradis). Une mondaine au manteau de fourrure clinquant qui cherche quant à elle à se rapprocher de Garcin révolutionnaire fusillé (Franck Villard, apparaissant dans de nombreux seconds rôles tels que Le cave se rebiffe). Un trio qui a bien du mal à cohabiter du fait d’extractions sociales différentes et de caractères opposés. Comme la pièce de théâtre, le film se résume alors à des joutes verbales tentant d’analyser la situation et de s’échapper. Huis clos vaut ainsi surtout pour ses dialogues bien troussés où la voix gouailleuse et parigote d’Arletty (elle se permettra même de pousser la chansonnette), en lesbienne assumée, vient fissurer les certitudes des deux autres convives.

Autre élément sympathique, les entrées intempestives du majordome débonnaire (Yves Deniaud, qui donna la réplique à Louis Jouvet dans Knock) à la langue bien pendue, comme tout droit sorti d’un film d’Audiard. Entrecoupées de séquences extérieures, le film ne sombre pas pour autant dans la redite et constitue une alternative acceptable à la pièce de théâtre (même si la puissance théâtrale doit exacerber le texte de Sartre). Sans atteindre les sommets du cinématographe, Huis clos est assez représentatif d’un cinéma fantastique à la française de cette moitié de XXe siècle, à la fois social et poétique. Une histoire où Sartre nous explique qu’il n’y a pas besoin du feu de l’enfer pour damner ses personnages. Les rassembler dans une pièce pour l’éternité suffit pour engendrer une torture mentale commune. Quand la promiscuité et le regard de l’autre devient un enfer. Si c’est ça l’enfer, vaut mieux encore aller au paradis...


NOTE : 3+/6

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Commentaires: 6
  • #1

    Rigs Mordo (mercredi, 07 octobre 2015 20:34)

    Belle chro, qui me fais bien comprendre que c'est pas pour moi. "Social et poétique", je suis déjà dehors quand je lis ça ! :)

  • #2

    Roggy (mercredi, 07 octobre 2015 20:36)

    C'est pour ton éducation l'ami ! Allez reviens ! :)

  • #3

    princécranoir (jeudi, 08 octobre 2015 21:39)

    Je ne connaissais pas cette adaptation de Sartre. Arletty devait être trop contente qu'on lui file du boulot, même en enfer, car plus trop bankable depuis qu'elle avait décrété son cul "international".

  • #4

    Roggy (vendredi, 09 octobre 2015 13:34)

    En effet, son jeu anachronique donne une touche particulière et décalée à cette adaptation assez peu connue de la pièce de Sartre.

  • #5

    ChonchonAelezig (mercredi, 21 octobre 2015 11:06)

    Je note. Je suis toujours curieuse de découvrir de vieux films.

  • #6

    Roggy (mercredi, 21 octobre 2015 11:49)

    Je te le conseille car c'est une vraie curiosité.