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CRIMSON PEAK


GENRE : A l’ancienne

REALISATEUR : Guillermo del Toro

ANNEE : 2015

PAYS : USA

BUDGET : 55 000 000 $

ACTEURS PRINCIPAUX : Mia Wasikowska,Tom Hiddleston, Jessica Chastaing..


RESUME : Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : "Prends garde à Crimson Peak".


MON HUMBLE AVIS

Après son déferlement de machines et de monstres géants dans Pacific Rim, Guillermo del Toro apaise quelque peu son propos en développant avec Crimson Peak une histoire à la fois gothique et romantique. Peut-être son film le plus personnel mais aussi celui qui cristallise tout un pan de la cinéphilie du réalisateur mexicain.

Dans sa 1ère partie située dans les milieux huppés du New-York au début du XXe siècle, Crimson Peak s’apparente à un film en costume très classique (académique ?) où se dessine le destin d’Edith Cushing (Mia Wasikowska, Stoker, Alice au pays des merveilles) entre la naissance d’une histoire d’amour contrariée avec Thomas Sharpe (Tom Hiddleston, le Loki de Thor), à l’allure vampirique avec ses petites lunettes de soleil, et le Dr McMichael (Charlie Hunnam qui officiait déjà dans Pacific Rim). Romantisme exacerbé, musique de circonstance jusque dans une valse où la caméra virtuose de Del Toro suit les danseurs et l’excellente Jessica Chastaing (Interstellar), qui se distingue au piano, dans le rôle de Lucille, la sœur de Thomas. Une galerie de portraits dans la tradition hollywoodienne voire Hitchkockienne qui ne sont que les prémisses à une suite bien plus horrifique.

Parce que le fantastique est prégnant et ce, dès l’amorce avec la séquence d’ouverture voyant le fantôme de la mère d’Edith la prévenir frontalement des malheurs à venir (le visuel des apparitions et leur côté numériques sont très décevantes à mon sens). Paradoxalement, cette vision ectoplasmique servira plus à introduire une réflexion sur les velléités d’écriture d’Edith (qui se compare elle-même à Mary Shelley) et sur la place des femmes dans l’art, qu’à développer un récit dont le cœur est bien plus prosaïque et humain que l’entame ne le laissait supposer. Le film bascule définitivement dans son écrin gothique avec l’arrivée dans la propriété d’Allerdale Hall en Angleterre. Trônant au milieu d’une région montagneuse et désertique, le château pointe déjà au loin son ombre Hammerienne tandis que les personnages le pénètrent avec une jubilation communicative. Battus par les vents (la toiture est transpercée et laisse les éléments s’engouffrer en son centre), le manoir des Sharpe devient un personnage à part entière et l’unique lieu du drame qui va se jouer.

Si le film est très agréable à suivre, force est de constater qu’il est avare en surprise et suit son scénario balisé sans jamais se départir de son sillon tracé dans le classicisme. Aux antipodes de cette constatation, la générosité visuelle de Del Toro est foisonnante. Comme expliqué précédemment, le château recèle multiple décors magnifiques où chaque pièce, chaque objet, respire l’authenticité (Del Toro a tout construit "en dur" comme l'ascenseur) comme la machine extrayant l’argile rouge du sol. La bonne idée du film puisque cette terre rouge sang et mouvante symbolise les méfaits sanglants qui ont émaillé l’histoire de ce lieu (elle s’étale partout et apparaît comme des tâches de sang sur le sol immaculé). Sans compter la foultitude de références cinématographiques avec lesquelles le réalisateur truffe son film. De Roger Corman à Edgar Allan Poe, en passant par Hitchcock et Kubrick, et des hommages au cinéma de Mario Bava ou Dario Argento (un meurtre particulièrement violent). Tout y passe dans un déluge de déférence assumée qui, si elles sont louables, montrent aussi les limites du film qui a du mal à s’émanciper et à créer sa propre mythologie.

De plus, le spectateur possède constamment de l’avance sur Edith et connaît déjà tout de la teneur du complot à mesure où elle découvre les secrets du château. Là encore, ce parti pris de scénario ne favorise pas les embardées d’un film très propre sur lui. La scène d’amour est pudique même excessivement prude à l’image de l’ensemble du film qui ne parvient pas à s’extirper de son corset beau mais étriqué. Dommage, car Crimson Peak possède de réelles qualités à l’image du trio d’acteurs, de la reconstitution historique et des décors splendides. Pourtant, il ne flamboie pas comme il pourrait malgré un climax assez réussi au milieu d’un décor neigeux à la poésie macabre.


NOTE : 4-/6

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Commentaires: 18
  • #1

    Dirty Max (lundi, 02 novembre 2015 19:37)

    Salut Roggy ! Pour ma part, ce "Crimson Peak" m'a totalement comblé. C'est vrai, l'histoire ne surprendra pas celui qui connaît ses classiques du genre. Pourtant, la passion insufflée par Del Toro à tous les aspects de son film, fait toute la différence. Ce type aime vraiment ce qu'il fait et ça se voit à l'écran. Au-delà de la claque visuelle, une véritable fougue emporte tout sur son passage. Et nous avec.

  • #2

    Roggy (lundi, 02 novembre 2015 19:41)

    Salut Max ! On ne pourra jamais nier la passion de Del Toro pour le cinéma et sa générosité à l'écran. Je ne suis pas forcément déçu du film qui tient vraiment bien la route, néanmoins je pensais qu'il y aurait pu avoir quelques saillies supplémentaires. Et pas que pour la scène d'amour :)

  • #3

    Rigs Mordo (lundi, 02 novembre 2015 20:16)

    Si je te résume, c'est beau et cool mais peu surprenant. Du Del Toro quoi! J'aime toujours ses films mais jamais ils ne me passionnent réellement, je pense que ça changera pas ici! Belle chro en tout cas Rog !

  • #4

    Roggy (lundi, 02 novembre 2015 20:26)

    Merci Rigs ! C'est succinct mais c'est bien résumé :)

  • #5

    Nola Carveth (mardi, 03 novembre 2015 11:58)

    Tu as parfaitement développé ma pensée sur ce film, Roggy ! En un peu plus gentil, car je trouve que les fantômes numériques ne passent absolument pas et que le scénario manque cruellement de souffle, timoré et corseté, en effet. La place des femmes dans l'art ? Vite fait, alors. Et j'adore Mia, mais je la trouve ici moyennement convaincante. Restent les décors et éclairages splendides. D'autant plus dommage, avec une telle ambiance, que l'on croise peu dans le cinéma actuel.

  • #6

    Roggy (mardi, 03 novembre 2015 13:50)

    Il me semble aussi que Del Toro s'est attaché à la forme en délaissant le fond (un peu comme dans "Pacific Rim" en y repensant). Moi aussi, je m'attendais à autre chose notamment sur ces fantômes numériques assez laids si on les compare au "Labyrinthe de Pan".

  • #7

    Alice In Oliver (mercredi, 04 novembre 2015 15:36)

    PAS encore vu mais les avis sont très mitigés sur la qualité de ce dernier cru de Del Toro. Pas une priorité de mon côté

  • #8

    Roggy (mercredi, 04 novembre 2015 20:24)

    Si tu n'es pas un fan de Del Toro, je pense effectivement que tu peux attendre de le voir en vidéo.

  • #9

    princécranoir (vendredi, 06 novembre 2015 17:56)

    Comme tu as pu le lire déjà, les louanges et les reproches faits à ce film ne sont pas si loin des miens même si mon ressenti est pour le coup plus proche de celui de Nola. Les ectoplasmes évanescents ne font plus flipper personne depuis "ghostbusters" et "scooby-doo" et rien ne vaut un pur monstre dégoulinant qui vient vous taper dans le dos (et Jessica est tout de même bien trop belle pour dégouliner de la sorte).

  • #10

    Roggy (vendredi, 06 novembre 2015 19:22)

    Je suis bien d'accord avec tous les deux sur ces fantômes numériques qui ne font pas peur et ne sont vraiment pas très beaux. Et Jessica, à l'image des autres acteurs, n'est peut-être pas assez mise en valeur.

  • #11

    Moskau (mercredi, 11 novembre 2015 15:55)

    Il n'est déjà plus à l'affiche par chez moi. Plus qu'à attendre la sortie DVD/BR...

  • #12

    Roggy (mercredi, 11 novembre 2015 18:19)

    J'espère que tu pourras le voir dans de bonnes conditions car, visuellement, "Crimson Peak" est très réussi.

  • #13

    Mr Vladdy (samedi, 14 novembre 2015 11:07)

    Je ne suis pas toujours objectif avec Guillermo Del Toro dont j'adore le travail. Ici, l'histoire est un peu classique mais j'ai adoré cette attraction de train fantôme. C'est visuellement très beau et je me suis laissé emporté :-)

  • #14

    Roggy (dimanche, 15 novembre 2015 20:26)

    Comme tout le monde je pense, on est d'accord sur la qualité visuelle de "Crimson Peak". Pour le reste, tu as lu les reproches que j'ai pu faire au film de Del Toro.

  • #15

    Avel (mercredi, 18 novembre 2015 16:01)

    Salut Roggy,
    Je n'ai pas encore vu ce film...il n'est pas encore passé dans mon cinéma et pour être honnête je doute qu'il passe. :( Je suis deg' parce que je veux vraiment le voir celui-là T_T

  • #16

    Roggy (jeudi, 19 novembre 2015 00:44)

    Salut Avel,
    Dommage pour toi car le film vaut vraiment le coup visuellement sur grand écran.

  • #17

    Plume / Dreampunk (mardi, 15 décembre 2015 21:36)

    Rattrapage de retard maintenant que j'ai un peu de temps pour moi, et effectivement absolument de ton avis en tout point. Et qui plus est, les fantômes écarlates CGI sont d'autant plus regrettables que la texture façon "cire fondu" avait de quoi les rendre véritablement original. La créativité était là, mais l'exécution pèche quand même pas mal.

    Content quand même de voir que le film se déroule globalement dans le même univers (en tout cas créatif) que le très beau L’Échine du Diable, au point d'en reprendre le même style de fantôme dans la conclusion.

  • #18

    Roggy (mercredi, 16 décembre 2015 19:49)

    On n'est bien d'accord sur la qualité du film malgré quelques problèmes que tu cites. Il existe toujours une patte Del Toro et ça, c'est remarquable.