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AUX YEUX DES VIVANTS


GENRE : Ecole sanguinaire

REALISATEUR : Alexandre Bustillo et Julien Maury

ANNEE : 2014

PAYS : France

BUDGET : 2 000 000 € (environ)

ACTEURS PRINCIPAUX : Anne Marivin, Francis Renaud, Théo Fernandez...


RESUME : Fuyant leur dernier jour d’école, Dan, Tom et Victor, trois adolescents inséparables, se perdent dans la campagne avant de s’engouffrer dans les méandres d’un studio de cinéma abandonné depuis des années. Un lieu décrépi devenu depuis le repère d’Isaac et Klarence Faucheur, un homme et son étrange fils, bien décidés à ne pas laisser le trio dévoiler leurs sombres secrets aux yeux des vivants.

MON HUMBLE AVIS

Troisième long-métrage du duo Alexandre Bustillo et Julien Maury après A l’intérieur et Livide, Aux yeux des vivants porte la marque des obsessions des deux auteurs. Des personnages tourmentés par leur passé et une violence latente dans un milieu clos, en l’occurrence ici un studio de cinéma à ciel ouvert à l’allure d’un parc d’attractions. Le film confirme aussi leur propension (comme c’était déjà le cas avec leurs deux premiers films) à rendre hommage à un tout pan du cinéma de genre qu’ils affectionnent particulièrement.

Des références que l’on retrouve dès la première séquence et l’arrivée de quatre enfants venant quémander des bonbons pour Halloween. Malheureusement pour eux, le couple qui les reçoit est peu enclin aux mièvreries sucrés. Les deux font la paire, entre une Béatrice Dalle enceinte jusqu’aux oreilles, retrouvant ici son personnage d’ogresse violente et hystérique d’A l’intérieur, et un Francis Renaud (excellent acteur vu notamment dans le très bon Mutant) alcoolo colérique, rivé sur son canapé devant la télévision. Une séquence d’ouverture choc annonçant un film dans la même veine que les précédents.

Pourtant, l’entame du film s’avère plutôt bucolique et aérée avec ce trio d’ados partis en villégiature pour échapper à l’école, dans une campagne (bulgare pour le coup) mise en valeur grâce à une caméra souple et porté par une musique très réussie de Raphael Gesqua, à la fois lyrique et sombre comme dans un film des années 80. Une référence évidente tout au long du métrage dans sa patine visuelle et dans cette volonté de rendre un hommage appuyé à un cinéma pour enfants, certes un peu déviants, puisqu’on navigue entre Les Goonies, Stand by me et La colline a des yeux. Un attelage qui, sur le papier, attise le désir, mais a quand même des difficultés à s’agencer correctement.

Après ces passages de présentation (les enfants restent peu crédibles avec leur vulgarité forcée et des dialogues souvent inaudibles), le récit démarre vraiment lorsque les gamins pénètrent dans les anciens studios de cinéma désaffectés "Blackwoods" où se terre un boogeyman masqué proche dans l’esprit du Leatherface de Massacre à la tronçonneuse. Là encore, on sent toute l’influence du cinéma américain des années 70 chez les deux réalisateurs qui cherchent avant tout à créer une ambiance poisseuse et horrifique, nimbée de l’atmosphère des productions de l’époque "Amblin", notamment dans la scène réussie des jouets dans la chambre. A ce titre, la violence est moins frontale qu’à l’accoutumée avec des meurtres hors-champ, hormis des saillies sanglantes et quelques plans gores lors des courses poursuites vers la fin du métrage.

Si le film n’ennuie jamais, il est perclus de scories l’empêchant de développer une histoire totalement crédible autour de la rencontre attendue entre les enfants et le boogeyman de service, Klarence (Fabien Jegoudez qui apporte ici son allure fantomatique et lunaire). Ne serait-ce que de savoir comment ce dernier retrouve les enfants ? De même, le film est plombé par quelques seconds rôles au jeu aléatoire et un scénario faisant apparaître des ellipses (on se demande quel rôle a la femme ligotée à l’arrière de la voiture) plus on s’approche de la fin (certaines scènes ont-elles été éludées faute de moyens ?). Un peu à l’image du climax qui vire au slasher pur et dur dans un rythme saccadé et pas toujours compréhensible.

Dommage pour Bustillo et Maury qui réalisent peut-être là leur meilleur film d’un point de vue formel. On ne pourra jamais nier leur amour du genre et leur générosité visible à l’écran. Mais, Aux yeux des vivants démontre aussi qu’il est probablement temps de passer la vitesse supérieure en terme d’écriture, et de s’émanciper de toutes ses références cinématographiques pour créer sa propre mythologie.


NOTE : 3/ 6

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Commentaires: 8
  • #1

    Rigs Mordo (jeudi, 13 août 2015 20:33)

    Pas encore vu, ça m'intéresse car je pense que Maury/Bustillo sont les plus intéressants de la vague française (le reste oscille entre le chiant ou l'anecdotique). J'ai aimé A L'Intérieur et Livide, même si dans les deux cas je trouve le final un peu loupé. Ton avis me conforte un peu dans l'idée que je me fais du film, sympa mais pas top on va dire. Reste que les retrouver sur un Massacre à la Tronço... Je veux pas vendre la peau de Leatherface avant de l'avoir tué, mais je doute que cette saga puisse encore offrir quoique ce soit, alors ça semble la fausse bonne idée...

  • #2

    Roggy (jeudi, 13 août 2015 20:59)

    Le film se laisse regarder malgré de réelles imperfections. Pour la suite de leur carrière, il ne vaut mieux pas qu'ils se plantent s'ils veulent continuer à Hollywood et suivre les pas d'Alexandre Aja.

  • #3

    Dirty Max (samedi, 15 août 2015 20:01)

    Je ne l'ai pas encore vu (lors de sa sortie, le film a été très mal distribué dans l'hexagone) mais tes réserves semblent être partagées avec beaucoup d'autres... À l'époque, j'avais été impressionné par À l'intérieur (une belle générosité gore et une énergie quasi électrique) mais ,comme tu le soulignes , pour avancer et mûrir il faut savoir prendre ses distances avec ses références cinématographiques (pas évident quand on est aussi sincères et passionnés que Maury et Bustillo...).

  • #4

    Roggy (dimanche, 16 août 2015 08:45)

    Difficile aujourd'hui pour les auteurs de se démarquer et de trouver leur propre style surtout dans le cinéma de genre. J'aimerai bien les voir à la tête d'un scénario solide et avec un budget un peu plus conséquent.

  • #5

    Nola Carveth (mardi, 18 août 2015 10:06)

    Pas vu non plus, mais À l'Intérieur m'avait marquée aussi, et la sincérité du duo est indéniable. Reste qu'ils ont cédé aux sirènes américaines. D'ailleurs, si tu permets, Roggy, je joins une interview que j'avais faite à la sortie de À l'Intérieur, où effectivement ils évoquent pas mal leurs références (Deborah Kerr dans Les Innocents pour Béatrice Dalle !) mais où à la fin ils s'attardent surtout sur la situation du film de genre en France et parlent des Etats-Unis comme d'un dernier recours... où ils sont désormais arrivés. Je me demande bien comment ils le vivent. Un talent qui émigre, c'est un constat assez triste pour la France, mais peut-être qu'ils en reviendront.
    http://www.critikat.com/actualite-cine/entretien/julien-maury-et-alexandre-bustillo.html

  • #6

    Roggy (mardi, 18 août 2015 11:23)

    Merci pour le lien, je vais aller la lire de ce pas :)

  • #7

    ChonchonAelezig (mardi, 25 août 2015 11:06)

    Tout à fait d'accord. C'est regardable mais que de maladresses !!!
    Je l'ai chroniqué récemment, je te donne le lien : http://chonchoncinema.canalblog.com/archives/2015/08/03/32438760.html

  • #8

    Roggy (mardi, 25 août 2015 19:27)

    Merci pour ton passage, je vais aller voir ça :)